L’hôpital

Lequotidiendumedecin.fr : Les Samu « pas dimensionnés » pour recevoir autant d’appels : reçus par Braun, les Drs Pelloux (Amuf) et Leveneur (URPS) se montrent critiques

Septembre 2022, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : Les Samu « pas dimensionnés » pour recevoir autant d’appels : reçus par Braun, les Drs Pelloux (Amuf) et Leveneur (URPS) se montrent critiques

PAR JULIEN MOSCHETTI - LOAN TRANTHIMY -

PUBLIÉ LE 02/09/2022

C’est un entretien « agréable » avec un ministre « intelligent », « à l’écoute », et qui « connaît bien les enjeux majeurs des urgences » qu’a eu, jeudi soir, le Dr Patrick Pelloux, avec le ministre de la Santé François Braun. Ce qui n’enlève rien à ses yeux à la gravité de la situation : pour le président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), la période estivale a été marquée par « un tournant dramatique pour la santé en France ». Alors que le ministre affirme que « la catastrophe annoncée ne s’est pas produite », le Dr Pelloux préfère parler de « catastrophe en cours car il s’agit d’un démantèlement du service public ».

Sur la question de la régulation des urgences via le 15, le président de l’Amuf a fait passer le message suivant : « J’ai dit à François Braun que l’on est allé trop vite. Il y a une inadaptation entre les besoins et les moyens qui ont été donnés, d’autant plus que c’est devenu très difficile de recruter des assistants de régulation médicale de qualité. »

Urgences noyées dans un flux

Comme le Dr Marc Noizet, nouveau président Samu-Urgences de France (SUdF), le Dr Pelloux considère que les ressources déployées dans les Centres 15 « n’étaient pas suffisantes » cet été. Les Centres 15 « perdent un peu de leur sens car l’urgence est noyée dans un flux considérable d’appels », alerte l’urgentiste. Et de s’interroger sur la gouvernance des services d’accès aux soins (SAS), si bien qu’ « il n’y en a pas un qui marche comme un autre ».

Le président de l’Amuf combat donc l’idée selon laquelle l’été s’est bien passé. Au contraire, pour le Dr Pelloux, les conditions de travail se sont détériorées. « Les revalorisations des gardes et astreintes ont permis d’acheter le silence des professionnels. Si c’est un silence de renoncement, ce serait très grave », avance le médecin.

Les régulateurs libéraux ont trinqué

Son de cloche un peu différent pour la Conférence nationale des URPS médecins libéraux dont le président, le Dr Antoine Leveneur (qui était membre de la mission Braun), est aussi revenu sur l’application des mesures estivales lors de son entretien. Moins sévère que son confrère urgentiste, le généraliste normand a reconnu que « les choses auraient pu se passer plus mal ». Il a salué « la mobilisation de toutes les unions régionales qui ont pu sensibiliser les généralistes pour les soins non programmés, et plus globalement pour la régulation, ainsi que l’effection ».

Mais lors de cet échange, le patron des URPS ML a lui aussi insisté sur le fait que « les médecins régulateurs libéraux ont particulièrement trinqué en raison de l’augmentation du nombre d’appels. Le Samu et le SAS n’étaient pas dimensionnés pour recevoir autant d’appels ».

Par ailleurs, selon le Dr Leveneur, « la majoration SNP de 15 euros pour les actes SNP a été assez peu utilisée par les généralistes ». Motif : pour facturer cette majoration, les actes SNP devaient être régulés par un Samu ou un Sas. Or, « les Samu Centres 15-SAS, dans la majorité des départements, se sont peu appropriés cette plateforme nationale SAS, où des généralistes avaient proposé des créneaux de consultations », a regretté le Dr Leveneur. Quoi qu’il en soit, il plaide en faveur d’une pérennisation de cette majoration de 15 euros au-delà du 30 septembre. Le ministre ne serait pas « opposé » à cette demande.

Source : lequotidiendumedecin.fr