Environnement et facteurs dégradant la santé

Lequotidiendumedecin.fr : Les consommations d’alcool, de tabac et de cannabis en chute libre chez les jeunes depuis 2014

Février 2018, par infosecusanté

Les consommations d’alcool, de tabac et de cannabis en chute libre chez les jeunes depuis 2014

Damien Coulomb

| 06.02.2018

Les consommations d’alcool, de tabac et de cannabis ont fortement marqué le pas entre 2014 et 2017, selon les résultats de l’enquête ESCAPAD (enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense) réalisée auprès de plus de 46 000 jeunes de 17 ans effectuant leur journée défense et citoyenneté, dont 30 000 ont répondu. Ces niveaux de consommation sont les plus bas jamais enregistrés depuis le début des années 2000.

Le résultat le plus marquant de l’enquête est peut-être à lire en creux : il s’agit du doublement de la part des jeunes n’ayant jamais expérimenté aucune des substances psychoactives de l’enquêté. C’est en tout cas ce que retient le premier auteur de l’enquête et chargé de recherche à l’OFDT, Stanislas Spilka.

Stanilslas_Spika

« Il faut se réjouir : nos adolescents ne vont pas mal et sont heureux de vivre », réagit le Pr Bruno Falissard, président du collège scientifique de l’OFDT. Le tabac reste le produit le plus consommé de façon quotidienne : 6 jeunes de 17 ans sur 10 (59 %) contre 7 sur 10 en 2017 (68,4 %) déclarent avoir consommé du tabac à un moment de leur vie. Cette baisse de 9 points se répercute dans le taux de consommateurs au cours du mois écoulé (34,1 % contre 43,8 %) et dans l’usage quotidien (25,1 contre 32,4 %).

Pour Julien Morel d’Arleux, directeur de l’OFDT, « un des principaux leviers de cette baisse est l’augmentation régulière du prix du tabac ». Ces données positives sont en partie contrebalancée par un passage plus rapide au tabagisme quotidien : 13 mois après la première cigarette contre 22 mois il y a 10 ans.

Les auteurs constatent enfin un tassement de l’expérimentation de la chicha et une stabilisation de l’expérimentation de la cigarette électronique. « La chicha et la cigarette électronique sont très liées au tabac, constate Stanislas Spilka. La part de jeunes qui ont expérimenté la chicha et/ou la cigarette électronique mais pas la cigarette est très marginale », affirme-t-il.

L’alcool en baisse mais toujours plébiscité

L’alcool reste la substance la plus largement expérimentée par les adolescents : 85,7 % des jeunes l’ont expérimenté en 2017 contre 89,3 % en 2014 et 92,6 % en 2008. Deux tiers des jeunes ont consommé une boisson alcoolisée dans le mois écoulé, tandis que le taux de consommateurs régulier (au moins 10 fois par mois) connaît une forte baisse : 8,4 % en 2017 contre 12,3 % en 2014. « La génération que nous venons d’interroger est la première à avoir toujours connu l’interdiction élargie de la vente d’alcool aux mineurs », analyse Julien Morel d’Arleux.

Les jeunes restent très concernés par les alcoolisations ponctuelles importantes (API, une notion différente du binge drinking), puisque 44 % en ont connu une dans le mois écoulé (48,8 % en 2014). Seule une frange d’entre eux (2,7 %) connaît toutefois au moins 10 API par mois.

En 2014, la 8e édition de l’étude ESCAPAD avait montré une progression importante et inattendue des taux d’expérimentation et de consommation de cannabis. L’édition 2017 dévoile une baisse toute aussi abrupte : l’expérimentation passe de 47,8 à 39,1 %, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. L’usage au cours du mois écoulé tombe quant à lui à 21 % et l’usage régulier s’établit à 7,2 % le niveau le plus faible depuis 2008. En se basant sur le questionnaire de repérage précoce CAST, les auteurs de l’OFDT ont estimé que 7,4 % des adolescents de 17 ans seraient susceptibles de présenter un risque élevé d’usage problématique de cannabis.

Un problème de représentation

C’est résultats sont à rapprocher de ceux de l’étude ARAMIS, publiée il y a 2 semaines. Cette dernière montre que, si l’image de l’alcool et surtout du tabac se dégrade aux yeux du jeune public, ce n’est pas encore le cas de celle du cannabis. Le Pr Bruno Falissard constate quotidiennement dans sa consultation à l’hôpital Robert-Debré (AP-HP) l’image de sympathique produit bio dont jouit le cannabis.