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Lequotidiendumedecin.fr : Les hôpitaux de proximité, des « maisons de retraite + » ? Les propos du Dr Véran ulcèrent les directeurs

Février 2019, par infosecusanté

Les hôpitaux de proximité, des « maisons de retraite + » ? Les propos du Dr Véran ulcèrent les directeurs

Anne Bayle-Iniguez

| 14.02.2019

« Les hôpitaux de proximité existent déjà dans les territoires. C’est ce qu’on appelle des EHPAD, des soins de suite et de réadaptation [SSR], c’est-à-dire des hôpitaux dont la moyenne d’âge est de 84 ans. Il n’y a pas d’urgences, pas de lits de médecine. Ce sont des anciens hôpitaux qui ont été transformés petit à petit en "maison de retraite +". Ce n’est pas péjoratif, c’est ce que nous disent les gens dans les territoires. »

Cette analyse du Dr Olivier Véran, interrogé sur les hôpitaux de proximité ce mercredi par franceinfo, a fortement déplu à Dominique Colas. Le président de l’Association nationale des centres hospitaliers locaux et des hôpitaux de proximité (ANCHL) a adressé ce jeudi une lettre ouverte au député LREM de l’Isère pour protester contre ses « propos inacceptables et méprisants sur les hôpitaux de proximité actuels ».

Papys et mamys

Le directeur de l’hôpital de Lamballe (Côtes-d’Armor) rappelle quelques vérités au Dr Véran. « Pour avoir l’appellation officielle d’hôpital de proximité (243 établissements) délivrée par un arrêté ministériel […], il faut disposer d’un service de médecine, ne faire ni chirurgie ni d’obstétrique, avec ou sans service d’urgence. On est loin des seuls EHPAD.Y exercent des médecins libéraux ou salariés. Les centres hospitaliers qui ne font que du SSR pour la partie sanitaire n’ont pas cette dénomination d’hôpital de proximité. »

Le directeur d’hôpital rejette également les arguments optimistes du député Véran sur les 600 nouveaux hôpitaux de proximité labellisés d’ici à 2020. « Ces hôpitaux [ceux existants, NDLR], on va les développer, on va restaurer un petit plateau technique avec de la biologie et de l’imagerie, on va faire revenir des médecins, des infirmières et des kinés, avait lancé le neurologue. Ils seront capables de développer une activité de médecine de proximité pour éviter aux papys/mamys des territoires ruraux d’aller se taper 80 bornes pour faire la queue aux urgences ».

Déstabiliser

Cette logique ne convient pas à Dominique Colas. D’une part, elle va contribuer à réduire l’offre de proximité en supprimant les activités de chirurgie et d’obstétrique de « 250 à 300 hôpitaux » pour les faire rentrer dans les clous du label, hôpitaux à qui on adjoindra radiologie et biologie, « ce qu’ils ont déjà ». Pour les petits établissements qui ont déjà l’appellation hôpital de proximité, « ces plateaux techniques ne sont pas indispensables et contribueraient à déstabiliser parfois une offre privée locale ».

« Je vous invite, conclut le directeur d’hôpital, à découvrir dans mon établissement, ce que nous faisons pour toute la population et non seulement des "papys et des mamys" qui n’auraient droit qu’à une médecine de seconde zone. »