Industrie pharmaceutique

Lequotidiendumedecin.fr : Les médecins ne doivent plus être biberonnés par les labos », selon l’eurodéputée Michèle Rivasi

Mars 2017, par infosecusanté

Les médecins ne doivent plus être biberonnés par les labos », selon l’eurodéputée Michèle Rivasi

Henri de Saint Roman

08.03.2017

Poursuivant sa croisade contre les laboratoires pharmaceutiques dans le cadre de son « Opération mains propres sur la santé », Michèle Rivasi vient d’adresser un questionnaire à tous les candidats à l’élection présidentielle. La députée européenne (EELV) justifie cet envoi par l’urgence qu’il y a à « éradiquer le déficit chronique de la Sécurité sociale » par la révision de la politique du médicament et des vaccins. Selon elle, l’assurance-maladie pourrait réaliser environ 10 milliards d’euros d’économies par an, « sans dommage pour la santé publique ».

La formation continue des médecins et l’indépendance de son financement sont une priorité de l’élue. Dans un rapport de 2006, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) avait souligné que les pouvoirs publics y participent à hauteur de 75 millions d’euros annuels, alors que l’industrie la finance pour un montant annuel situé entre 300 et 600 millions d’euros, rappelle l’élue. « Que ferez-vous, demande Michèle Rivasi aux candidats, pour éviter que les futurs médecins soient biberonnés par l’industrie pharmaceutique ? »

Sur ce point précis, le Pr Philippe Even, qui accompagnait Michèle Rivasi dans sa présentation, n’a pas manqué de saisir la balle au bond. L’ancien doyen de médecine parisien estime qu’en France, « 150 professeurs d’université » sont en situation grave de conflits d’intérêts.

« Chacun d’entre eux a signé entre 40 et 85 contrats financiers personnels avec l’industrie, continue-t-il, d’une valeur comprise entre 10 000 et 500 000 euros. Certains multiplient ainsi par dix leur salaire universitaire ». Selon lui, ces professeurs travaillent le plus souvent pour « les services marketing » des labos avec lesquels ils ont des contrats, « et signent des articles préalablement rédigés par l’industrie ».

Des experts détachés pour évaluer les produits de santé

La question des conflits d’intérêts préoccupe grandement l’élue. Michèle Rivasi milite pour l’élaboration d’une nouvelle loi encadrant sévèrement, comme au Canada, l’activité de lobbying par les anciens ministres, membres de cabinets, hauts fonctionnaires, députés et sénateurs. La question posée aux candidats est simple : « quelles sont vos positions pour en finir avec la collusion public privé en matière de santé publique » ? Dans la même veine, Michèle Rivasi propose la création d’un corps d’État d’experts universitaires détachés pour 3 à 6 ans à l’évaluation des produits de santé.

L’élue écologiste appelle par ailleurs les candidats à s’engager sur des mesures « qui permettraient de réduire de plusieurs milliards d’euros notre facture de médicaments », et veut compléter l’arsenal législatif qui encadre les essais cliniques. Elle s’est également prononcée en faveur de la généralisation des génériques, la production de certains médicaments stratégiques ou très onéreux via la licence d’État, le contrôle de la publicité des laboratoires, ou encore la fin de l’obligation vaccinale.

Source : Lequotidiendumedecin.fr