L’hôpital

Lequotidiendumedecin.fr : Les urgences moins sollicitées inutilement qu’on ne le pense, révèle une étude

Novembre 2019, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : Les urgences moins sollicitées inutilement qu’on ne le pense, révèle une étude

Publié le 04/11/2019

Et si le recours aux urgences de plus de 20 millions de patients par an n’était pas aussi injustifié que cela ? Alors qu’une partie des passages inutiles aux urgences sont couramment accusés d’être responsables de l’engorgement de ces services, une étude française tend à remettre en cause cette idée.

L’étude est parue le 30 octobre dans la revue « British medical journal quality & safety ». Elle a porté sur un échantillon de 29 407 patients adultes en France.

Culpabilité du patient

D’après ses résultats, le recours « inapproprié » aux urgences est souvent associé à des critères de vulnérabilité sociale. Cette étude interroge aussi « la notion de passage inapproprié aux urgences, dans la mesure où elle ne tient pas compte de l’urgence ressentie par le patient et de l’éventuelle absence d’alternative ». « On passe notre temps à culpabiliser les patients. L’étude met en cause le concept de visites inappropriées qui est couramment avancé pour expliquer la surcharge des urgences, alors que l’on a affaire souvent à des patients vulnérables sur le plan socio-économique et qui n’ont pas d’autre choix », a précisé le Dr Yordanov, urgentiste à Saint-Antoine (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) et coordonnateur des travaux avec l’aide de la Société française de médecine d’urgence (SFMU), de l’INSERM et de la faculté de médecine Sorbonne Université.

Selon la littérature internationale, les passages « inappropriés » aux urgences représenteraient dans tous les pays entre 20 % et 40 % de l’ensemble des consultations, selon la manière dont est défini ce qualificatif.

Dans la nouvelle étude, trois mesures ont été utilisées et comparées pour tenter de définir le caractère approprié de la visite aux urgences. Deux mesures subjectives où on demandait à l’urgentiste, premièrement d’apprécier le degré d’adéquation du recours (sur une échelle allant de 0 à 10) puis de dire si la demande de soins aurait pu être prise en charge par un médecin généraliste le jour même ou le lendemain.

Le troisième critère portait sur l’utilisation des ressources du service au cours du passage aux urgences : par exemple un patient vu par un médecin, avec une prise de sang et/ou un examen radiologique et un traitement correspond a priori à un passage justifié.

Un patient sur dix aux urgences faute de médecin en ville

Sur l’échantillon des 29 407 adultes, les passages inappropriés aux urgences représentaient « de 13,5 % à 27,4 % des visites aux urgences en fonction de la définition retenue » et « seulement 6 % des passages » quand on prenait en compte les trois critères.

Au niveau individuel, la probabilité de visite inadéquate diminue avec l’âge des patients et avec un domicile loin des urgences. Elle était en revanche plus importante en l’absence de Sécurité sociale et d’assurance ou mutuelle complémentaire.

Près de 10 % des patients déclaraient être venus aux urgences faute de médecin généraliste disponible en ville.

L’étude ne met pas en évidence de lien avec la densité médicale départementale. Mais l’hétérogénéité des densités médicales au sein d’un même département pourrait expliquer l’absence de lien trouvé.

(Avec l’AFP)