La santé au travail. Les accidents de travail et maladies professionnelles

Lequotidiendumedecin.fr : Nouveau décès brutal d’un interne, l’ISNI veut « déclarer la guerre » à l’omerta

Mars 2020, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : Nouveau décès brutal d’un interne, l’ISNI veut « déclarer la guerre » à l’omerta

Par Sophie Martos -

Publié le 05/03/2020

L’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) a annoncé ce jeudi la mort d’un interne en premier semestre de biologie médicale à Nancy, portant à quatre le nombre d’internes en médecine « décédés brutalement depuis le début de l’année 2020 ». Ce nouveau drame se déroule quelques jours seulement après le suicide de Florian Rodaro, interne en anesthésie-réanimation à Reims.

Le syndicat junior dénonce une « omerta poussée à son paroxysme ». Il exhorte les pouvoirs publics à concrétiser le plan de lutte contre les risques psychosociaux promis en 2018 mais aussi les mesures réclamées de longue date pour faire appliquer la règlementation sur le temps de travail.

Brutalité administrative et brassard noir

« Ces décès sont malheureusement l’arbre qui cache la forêt, se désole le syndicat. La souffrance des soignants est systématiquement étouffée. Le manque de personnels, de moyens, un temps de travail qui dépasse les limites de sécurité pour les patients, des situations de harcèlement professionnel, la brutalité administrative, les carences d’accompagnement des étudiants et de bientraitance dans les programmes de formation sont les coupables de ces tragédies. »

Pour stopper ces drames, la structure jeune appelle ses pairs à briser le tabou de la souffrance des médecins en formation. « À Reims, une enquête est ouverte, une minute de silence est organisée vendredi à 13h dans l’ensemble du pays. Chaque personne qui peut apporter des éléments à l’enquête a le devoir de témoigner », rappelle l’ISNI. Les internes invitent tous les soignants à porter un brassard noir en signe de deuil du vendredi 6 au vendredi 13 mars.

Décompte horaire plutôt que « mesurettes »

Le syndicat juge à ce stade que les annonces ministérielles pour lutter contre le mal-être étudiant restent des « coquilles vides ». À titre d’exemple, le Centre national d’appui (CNA) « n’a été doté ni de statuts, ni de financements », soutient l’ISNI. Il « ne repose que sur l’engagement de professionnels bienveillants et de représentants syndicaux impliqués », ajoute l’ISNI. Le CNA a du moins lancé depuis septembre des formations à destination des professionnels de santé encadrant des internes afin de repérer les signes de souffrance et gérer des situations difficiles.

Le bureau du syndicat des internes rencontrera Olivier Véran, ministre de la Santé, le 23 mars pour tenter de mettre un terme aux « mesurettes ». L’ISNI réclame en particulier le décompte horaire du temps de travail pour objectiver les abus et dérives (au regard de la limite des 48h hebdomadaires). Cette requête a été refusée par Agnès Buzyn en décembre lors de la grève illimitée des jeunes. Les internes veulent aussi la création d’un observatoire de la souffrance des soignants et des moyens pour les cellules d’accompagnement dans les UFR.

En attendant, le syndicat accroît la pression en entamant « plusieurs recours juridiques » : saisine systématique du procureur et constitution partie civile en cas de décès d’un interne ou d’un docteur junior ; recours administratif contre le décret sur le temps de travail des internes ; recours européen auprès de la CJUE ; et procédure contre chaque direction hospitalière « qui ne respecterait pas les dispositions en cours sur le temps de travail, contre chaque harceleur, contre chaque commission ou institution qui n’assumerait pas sa responsabilité de prévention ».

Le syndicat invité les jeunes, victimes ou témoins d’une situation de harcèlement professionnel, à témoigner sur contact@isni.fr Une campagne visuelle relaie également la problématique du temps de travail.