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Lequotidiendumedecin.fr : Secteur II : quand la concurrence médicale locale s’intensifie, les dépassements baissent

Janvier 2020, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : Secteur II : quand la concurrence médicale locale s’intensifie, les dépassements baissent

Par Anne Bayle-Iniguez -

Publié le 07/01/2020

Une étude de la DREES (ministère de la Santé) publiée ce mardi 7 janvier s’intéresse aux effets de la concurrence médicale locale entre praticiens de secteur II dans trois spécialités : gynécologie, ophtalmologie et pédiatrie.

En moyenne, un spécialiste en secteur II comptait (en 2014) 45 confrères exerçant dans le même secteur conventionnel que lui à proximité, c’est-à-dire à moins de 45 minutes de son cabinet. Or « l’environnement professionnel local, c’est-à-dire le nombre de médecins exerçant la même spécialité installés dans un voisinage proche, peut avoir un impact sur les tarifs et le volume d’activité pratiqués », affirme la DREES. En clair, l’intensification de la concurrence locale entraîne une baisse du prix moyen de l’acte et une hausse du volume de soins.

Même revenu mais davantage d’actes

Plus précisément, en tenant compte de la commune d’exercice et des effets de la demande locale, l’étude estime que le prix du médecin « diminuerait ainsi de 0,71 % dans le cas d’une augmentation de 1 % de la densité de médecins de secteur II installés à proximité, ce qui suggère l’existence de mécanismes de concurrence ». Autrement dit, « un médecin spécialiste de secteur II qui voit s’installer dans sa commune un confrère exerçant lui aussi en secteur II serait amené, à population donnée, à baisser son prix de 3,5 % en moyenne ».

À l’inverse, le volume de soins fourni par un médecin à honoraires libres augmente « de 3 % » en cas d’arrivée d’un nouveau confrère dans sa commune. Cette activité accrue permet de compenser en partie la baisse moyenne des tarifs pratiqués. Au total, « l’évolution de la densité médicale locale ne semble pas avoir d’incidence sur les honoraires perçus par le médecin, comme si les deux effets précédents s’annulaient, note la DREES : le médecin augmente suffisamment son offre de travail pour maintenir le niveau d’honoraires, et donc de revenu libéral, qu’il s’est fixé ».

Médecine plus chère en cas de population locale plus riche

Une analyse encore plus fine de l’activité montre que les spécialistes ne sont pas égaux quand il s’agit de déployer des stratagèmes pour faire face à la concurrence.

En transférant une partie de leur activité vers des actes techniques, « dont le nombre augmente significativement en cas de hausse de la densité de médecins concurrents », ophtalmologues et gynécologues-obstétriciens font « plus que compenser la baisse du nombre des consultations ». En revanche, pédiatres et gynécologues médicaux (spécialités cliniques) ne peuvent avoir recours à cette stratégie – les actes techniques ne représentant en moyenne que 10 % de leur activité, contre 50 % pour les deux spécialités techniques précédemment citées.

Enfin, l’étude confirme que « la propension de la population (locale) à accepter de payer plus cher pour un rendez-vous » influe sur le montant des dépassements d’honoraires des spécialistes. « Les médecins pratiquent ainsi des tarifs plus élevés dans les zones les plus riches et un accroissement de cette richesse concourt à une hausse des prix. »

Entre 2011 et 2014 (période d’analyse de cette étude), 85 % des gynécologues et des ophtalmologues ainsi que 53 % des pédiatres nouvellement installés ont choisi d’exercer en secteur II. Plus globalement (anciens et nouveaux installés), un gynécologue et un ophtalmo sur deux et un pédiatre sur trois exercent à honoraires libres.