Maternités et Hopitaux publics

Lequotidiendumedecin.fr : Suicide à l’HEGP : le mouvement de défense de l’hôpital public dénonce le « pouvoir sans partage des directeurs »

Février 2016

Suicide à l’HEGP : le mouvement de défense de l’hôpital public dénonce le « pouvoir sans partage des directeurs »

Anne Bayle-Iniguez

| 21.01.2016
Une trentaine de praticiens hospitaliers réunis sous la bannière du mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) appelle à la mise en place de règles de fonctionnement collectif « transparentes » et « plus démocratiques » dans les établissements publics.
Réagissant au suicide du Pr Jean-Louis Megnien à l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), les signataires* du communiqué de presse commun prennent surtout le contre-pied des premières conclusions de l’enquête administrative, qui n’a pas reconnu la responsabilité directe de la direction de l’établissement dans le décès du cardiologue.
Les médecins rappellent au contraire « les nombreux cas rapportés de souffrance au travail pour harcèlement et très concrètement pour humiliations en public répétées, mises au placard, sanctions arbitraires apprises par mail sans entretien préalable, espionnage du courrier, non-réponse aux lettres et aux demandes de rendez-vous, réduction des personnes à leur production de tarification à l’activité (T2A), etc. ».
Pallier les abus de pouvoir
Ce constat posé et afin de remédier aux abus de pouvoir, le mouvement de défense de l’hôpital public réclame une commission des conflits « composée de personnes indépendantes dont des personnes qualifiées indépendantes de l’institution ».

Alors que les enquêteurs ont mis en lumière des dysfonctionnements en termes de nomination et succession des chefferies à l’HEGP, le mouvement rappelle que la gestion d’une équipe médicale nécessite outre des compétences médicales et managériales des « capacités d’animation, d’organisation et [des] qualités humaines […], dont la première est le respect des personnes, collaborateurs médicaux et non médicaux, étudiants et patients ».
Enfin, donnant un tour très politique à l’actualité, le collectif rappelle que l’hôpital tel qu’on le connaît est le résultat des principes inscrits dans la loi Bachelot (HPST), « qui a voulu donner le pouvoir sans partage aux directeurs, seuls maîtres à bord ».
Afin de revenir à un « pouvoir équilibré entre le pouvoir soignant et le pouvoir administratif », les médecins réclament que les chefs de service, d’unité fonctionnelle ou de département (structures de soins) soient nommés par le président de la commission médicale d’établissement (CME), après avis des médecins des structures concernées, avis du chef de pôle et du directeur, et après audition et vote de la CME.
Lorsque pôle de gestion et département médical sont confondus, le chef du pôle-département doit être nommé conjointement par le directeur et par le président de la CME, après audition et vote de la CME, plaident les signataires.
Limiter les mandats des chefs
Pour éviter que les conflits s’installent et ne dégénèrent, le mouvement estime également que le nombre de mandats des chefs de pôle et de département devrait être limité à deux. Le renouvellement quinquennal des chefs de service ou de département devrait être l’occasion « d’une réelle évaluation ».

* Dont les Prs Bernard Granger, André Grimaldi, Nicolas Thiounn, Emmanuel Masméjean, Philippe Halimi, Guy Moulin et les Drs Jacques Trévidic, Nicole Smolski, Max-André Doppia.