Les retraites

Les Echos - Comment le déficit du système de retraite pourrait se résorber

Décembre 2020, par Info santé sécu social

Dans son avis annuel, publié ce lundi, le comité indépendant de suivi des retraites envisage plusieurs leviers pour redresser les comptes après 2021 : sous-indexer les pensions d’abord, repousser l’âge de départ ensuite. Il invite également à revoir les hypothèses de productivité très favorables sur lesquelles sont basées les projections financières.

Par
Solveig Godeluck
Publié le 21 déc. 2020

Il n’y aura probablement pas de réforme des retraites d’ici à la fin du quinquennat, en raison de la crise sanitaire. Mais Emmanuel Macron remettra peut-être sur la table son système « universel » de retraites lors de prochaine la campagne présidentielle.

Dans son avis annuel, publié ce lundi, le comité de suivi des retraites (CSR) prône, lui, en tout cas, une réforme d’harmonisation du pilotage du régime de retraite dans les prochaines années et pas seulement des efforts de redressement des comptes.
Les recommandations de cet organisme indépendant, chargé de veiller à ce que le pilotage du système demeure équitable et soutenable, sont arrivées trop tard pour une prise en compte dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021. La Covid a bousculé l’agenda. L e conseil d’orientation des retraites (COR) lui-même n’a livré son diagnostic financier qu’en novembre au lieu de juin.

Le comité de suivi invite le gouvernement à définir un « calendrier » et « une méthode de sortie » post-crise, pour après 2021. « Cet avis a plutôt cherché à baliser les principes qui pourraient guider la stratégie de retour à l’équilibre des prochaines années, dans une démarche qui intégrerait aussi la problématique de l’harmonisation des droits et des outils de pilotage entre régimes », écrit-il. « Ce n’est pas au CSR de dire s’il faut relancer le projet de réforme des retraites en l’état, de quelle manière et à quel moment, mais la convergence doit rester un objectif », a expliqué le président du CSR, Didier Blanchet, lors d’une conférence de presse.

A « moyen-long terme », c’est-à-dire dans les vingt-cinq prochaines années, et suite à la crise de 2020, le système de retraite accusera des déficits moyens plus élevés que dans les projections réalisées en 2019. Certes, ils dépendront de la façon dont l’Etat abondera son propre régime de retraite et les régimes spéciaux, mais quelle que soit la convention comptable retenue, le système sera sous-financé sur la période. D’ailleurs, pointe le CSR, les projections du COR sont optimistes. Il faudrait ajouter de nouvelles hypothèses de croissance de la productivité, moins favorables que la palette actuelle (1 % à 1,8 %), car « chaque nouvelle décennie marque un palier à la baisse », observe Didier Blanchet.

Une marge d’ajustement sur l’âge

Quant aux leviers pour redresser les comptes, le comité écarte l’augmentation du taux de cotisation, car il est déjà très proche de la limite légale de 28 % chez les salariés.
A court terme, il évoque la sous-indexation des pensions, sur laquelle le gouvernement Philippe avait dû reculer pendant la crise des « gilets jaunes ». Avec un niveau de vie des retraités supérieur à celui des actifs, cela pourrait se justifier, à condition d’étaler le gel sur plusieurs années et de protéger les petites pensions.
A moyen terme, il faudra actionner « en priorité » l’âge du départ à la retraite, car « une marge d’ajustement subsiste sans réduction de la durée espérée de la retraite », souligne le CSR. Si nous vivons plus longtemps, nous pourrons aussi travailler un peu plus. Attention cependant à ne pas inventer un mécanisme trop compliqué pour le taux plein.

En tout cas, avertit le CSR, il faudra pouvoir piloter de manière cohérente les taux de remplacement (c’est-à-dire le montant de la pension rapporté au dernier salaire). Avec la règle des vingt-cinq meilleures années applicable aux salariés, c’est la croissance qui décide du niveau des pensions - elles piquent du nez dans tous les scénarios. Pour les fonctionnaires, les pensions sont stabilisées par la règle des six derniers mois, mais il suffit d’accroître la part de primes pour piloter à la baisse les retraites. Ce système émietté a besoin de transparence et d’équité.

Solveig Godeluck