Industrie pharmaceutique

Les Echos - Génériques : les fabricants s’opposent aux baisses de prix

Mars 2016, par Info santé sécu social

Le gouvernement veut imposer de nouvelles baisses de prix des génériques. Les laboratoires demandent des mesures pour accroître leur prescription.

Les fabricants de médicaments génériques se rebiffent. Regroupés au sein de l’association Gemme, ils ont quitté la réunion d’un comité de suivi piloté par le Comité économique des produits de santé (CEPS), qui devait statuer sur de nouvelles baisses de prix pour cette catégorie de médicament, suivis par les représentants du syndicat des laboratoires (LEEM) et des pharmacies d’officines. Les dix-neuf industriels composant l’association refusent toute baisse de prix additionnelle sans mise en œuvre de mesures générant un accroissement de leur chiffre d’affaires, expliquent-ils.

« Nous proposons que le CEPS réunisse l’ensemble des parties prenantes pour discuter d’une remise à plat du fonctionnement du marché des génériques », explique Erick Roche, président du Gemme. Le CEPS n’y serait pas opposé mais, dans l’intervalle, des négociations individuelles vont se dérouler avec chaque laboratoire, un processus qui va prendre plus de temps et qui risque de ne pas être à l’avantage des laboratoires.

Le levier de la prescription

Ce coup d’éclat intervient alors que l’Inspection générale des affaires sociales, chargée de faire le point sur le plan de promotion des médicaments génériques lancé il y a un an par le gouvernement, a conclu à « de multiples avancées », dans un rapport qui vient d’être rendu public. Une conclusion que réfute le Gemme par la voix de son président. « Les principaux verrous à l’essor des génériques, sont la défiance des médecins et celle du public. Une campagne d’information était prévue dans le plan du gouvernement mais nous l’attendons toujours », déplore Erick Roche.

En France, c’est au pharmacien d’officine que revient la faculté de substituer un générique au produit princeps. Or, le taux de substitution par les pharmaciens dépasse aujourd’hui 75 %. C’est un autre levier qu’il faudrait maintenant actionner, en incitant les médecins à prescrire davantage de produits pour lesquels il existe des génériques. Or, pour Erick Roche, c’est particulièrement d’actualité au moment où les syndicats de médecins négocient avec l’Assurance-maladie les rémunérations sur objectifs de santé publique (ROSP), sortes de primes à la bonne prescription. Les génériques permettent à l’Assurance-maladie d’économiser chaque année quelque 2 milliards d’euros. Si 60 % des prescriptions des médecins étaient substituables, au lieu de 43 % comme aujourd’hui, ce sont 1,5 million d’euros d’économies supplémentaires qui pourraient être générées. Et du chiffre d’affaires additionnel pour les fabricants de génériques.

Catherine Ducruet