Les mobilisations sur les retraites

Les Echos - Grèves : le gouvernement veut éviter les foyers de radicalisation

Décembre 2019, par Info santé sécu social

Piquets de grèves où se rendent les élus de la France insoumise, blocage de raffineries, nouvelle journée d’actions samedi 28 décembre. .. La contestation de la réforme des retraite faiblit peu. Le gouvernement va devoir éviter la multiplication des foyers de contestation radicale.

Le 25 décembre à Paris, seules deux lignes de métro, la 1 et la 14, toutes deux automatisées, étaient ouvertes au public en raison d’une grève des agents RATP contre la réforme des retraites.

Par Guillaume de Calignon
Publié le 25 déc. 2019

Il n’y eu pas de trêve à Noël. Pas de train à Paris dans la matinée du 25 décembre et seulement deux lignes de métros sur seize ouvertes à Paris. Plusieurs raffineries sont bloquées , faisant resurgir le spectre d’une pénurie de carburants en cette période de départs en vacances. Des piquets de grèves ont été organisés, notamment à la gare de Lyon à Paris. Le patron de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s’y est même rendu mardi, arborant son écharpe bleu-blanc-rouge de député, pour soutenir le mouvement. L’opposant à gauche d’Emmanuel Macron a suggéré la création « d’une sorte de comité national d’action ». Lundi, une manifestation surprise avait déjà débarqué dans la gare de Lyon à Paris. Prochain temps fort pour les opposants : samedi 28 décembre avec une journée d’actions décentralisées dans toute la France. Comme le dit le très radical Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-cheminots, « on ne s’arrête pas quand on a perdu 20 ou 25 jours de salaire juste parce que c’est le Nouvel An ». Le mouvement risque encore de durer .

Les « jusqu’au-boutistes » donnent de la voix
Dans ce contexte, le gouvernement va donc devoir éviter la multiplication des foyers de contestation radicale de sa réforme des retraites dans un conflit qui s’enlise. La radicalité des « jusqu’au-boutistes » peut d’ailleurs cacher un certain désarroi. Au vingtième jour de grève, seuls 9,8 % des agents de la SNCF étaient en grève, sachant que près d’un conducteur sur deux avait arrêté le travail. La semaine dernière, Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-cheminots avait déclaré que « ce sera la guerre totale. La SNCF sera par terre mais l’appareil de la CGT sera debout. La guerre à outrance n’est pas pour me déplaire. La seule sortie possible, c’est la révolution », rapportait ainsi « Le Figaro ». Ambiance.

Tout se jouera début janvier

Sous le sapin des grévistes, plusieurs cagnottes ou chèques de solidarité ont été déposés. Le syndicat Info’Com-CGT a ainsi remis aux salariés de la RATP un chèque de 250.000 euros issu de sa caisse de grève. Mais l’exécutif, qui veut remplacer les 42 régimes de retraites existants par un « système universel » par points, se tient droit dans ses bottes. Le nouveau « M. Retraites », Laurent Pietraszewski, l’a redit cette semaine : pas question de revenir sur la « suppression des régimes spéciaux », même si dans les propositions du gouvernement, seuls les personnels roulants nés après 1985 seraient touchés par la réforme. Ce qui constitue déjà un pas vers les opposants. L’étape suivante, importante, ce sera le rendez-vous entre partenaires sociaux et l’exécutif, fixé au 7 janvier, début d’une série de rencontres thématiques. Le 9 janvier, ce sera une nouvelle journée d’action nationale avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres le 22 janvier.

Légère amélioration à la SNCF le week-end prochain
En attendant, pour les usagers, une légère accalmie dans le conflit est attendue en fin de semaine. Pour le week-end de chassé-croisé des vacances de Noël, du 27 au 29 décembre, la SNCF compte faire rouler 6 TGV sur 10. C’est un petit peu plus que le week-end précédent où seuls cinq trains sur 10 roulaient.

Dans une interview au « Monde » , le nouveau patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a estimé les pertes de la compagnie ferroviaire à 20 millions d’euros de recettes par jour. « Donc, au bout de vingt jours, on est à 400 millions d’euros de chiffre d’affaires qui n’aura pas été réalisé dans la période. C’est déjà une somme considérable », a-t-il ajout. « Les comptes 2019 seront fortement impactés par ce conflit, d’autant plus qu’on n’est pas encore au bout du décompte des conséquences économiques », a-t-il prévenu. Deux mois à peine après son arrivée à la SNCF, le nouvel homme fort de la maison est sous pression. Jeudi, cela fera 22 jours que le conflit aura commencé. Une durée équivalente au grand mouvement de décembre 1995.

Guillaume de Calignon