Les retraites

Les Echos - Le plaidoyer du Medef pour la retraite à 64 ans

Avril 2019, par Info santé sécu social

Le président de l’organisation patronale, Geoffroy Roux de Bézieux, a présenté ce jeudi ses propositions pour la réforme à venir des régimes de retraite.

Décaler l’âge légal de départ de deux ans permettrait à terme de dégager 17 milliards nets pour financer la dépendance des personnes âgées et le système de santé, plaide-t-il.

« Il faut sortir du mensonge par omission de la retraite à 62 ans ». Ce jeudi, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a eu des mots durs contre le projet de réforme des retraites confié au haut-commissaire, Jean-Paul Delevoye , dont l’un des piliers est le maintien de l’actuel âge d’ouverture des droits. L’organisation patronale, qui compte participer à la concertation jusqu’au dernier round début mai, présentait ses contre-propositions. Sa mesure phare : repousser l’âge minimum de départ à 64 ans.

Le Medef plaidait déjà pour décaler de deux ans l’âge de la retraite en 2015, dans le cadre de la réforme des régimes complémentaires Agirc-Arrco. « Le problème n’est pas d’améliorer les pensions, mais d’assurer qu’elles seront payées », a dramatisé Geoffroy Roux de Bézieux, après avoir expliqué qu’il y aurait moins de cotisants pour payer les retraites à l’avenir.

Selon lui, la deuxième borne d’âge à 63-64 ans que propose le haut-commissariat ne parviendra pas à dissuader les assurés de partir à 62 ans, car « il faut mettre une très grosse décote pour que ça marche ». De toute façon, assure-t-il, « la décote/surcote est moins efficace que l’âge légal ».

Le Medef a calculé que le passage à 64 ans, au rythme d’un trimestre par an, dès l’année prochaine, permettrait d’économiser 17 milliards d’euros l’année de la fin de la montée en charge, en 2028. C’est la somme qui resterait après avoir équilibré le système de retraite, et financé les dépenses supplémentaires d’indemnités journalières ou d’invalidité qu’entraîne le vieillissement de la population active.

Geoffroy Roux de Bézieux suggère d’affecter ce surplus à la dépendance, qui va faire l’objet d’un projet de loi et qui aura besoin de 9,2 milliards d’euros par an en 2030, ainsi qu’à « l’adaptation de l’offre de soins au vieillissement ». Santé et dépendance sont justement deux fortes demandes exprimées par les Français lors du grand débat . Par la suite, l’âge légal continuerait à augmenter, puisqu’il serait indexé sur l’espérance de vie, qui est appelée à croître.

Pour le Medef, il faut aussi oeuvrer au maintien en emploi des seniors . Le taux d’ activité des 60-64 ans n’est que de 29 % contre 46 % en moyenne dans les pays développés. L’organisation patronale propose d’encourager le recours au cumul emploi-retraite, en majorant les droits à pension pour chaque année supplémentaire cotisée. Quant à la retraite progressive, il faut l’ouvrir aux cadres qui sont en forfait-jour et aux fonctionnaires, selon le Medef. Celui-ci estime en outre que les seniors au chômage devraient percevoir une aide de Pôle emploi s’ils acceptent un emploi moins bien rémunéré que le précédent.


Notre dossier sur la réforme des retraites

Une adhésion conditionnelle au régime universel par points
Le Medef veut bien d’un régime universel par points, à condition qu’il comporte deux étages : un socle commun financé par l’impôt, chargé de financer les 20 % de dépenses de solidarité dans le système actuel, puis un régime de retraite purement contributif (un euro cotisé vaut les mêmes droits pour tous, au sens strict). L’actuel minimum de pension qui permet aux travailleurs modestes de toucher 80 % du SMIC une fois à la retraite relèverait ainsi de l’impôt : à l’Etat de fixer un taux de remplacement et de le financer.

Par ailleurs, pour le Medef, les 42 régimes actuels devraient tous basculer dans un système à points préalablement à la mise en oeuvre de la réforme. Ensuite, on pourrait faire converger les âges, les droits familiaux, les taux de cotisation, etc. « La convergence doit être totale et au même rythme partout », selon son président, Geoffroy Roux de Bézieux, notamment entre salariés du privé et fonctionnaires. Or « ce n’est pas du tout ce qu’on entend chez le haut-commissaire », a-t-il pointé.
SolveigGodeluck