Les retraites

Les Echos - Retraite : les incitations à différer le départ rapporteraient plus que prévu

Août 2016, par Info santé sécu social

Solveig Godeluck

L’accord sur les retraites complémentaires Agirc-Arrco conclu en octobre 2015 permettrait d’améliorer le solde de l’ensemble des régimes de retraite. Le solde des régimes de retraite s’améliorerait de 6 milliards en 2020, grâce à la réforme Agirc-Arrco.

Véritable pomme de discorde entre partenaires sociaux, les « coefficients de solidarité » ont finalement été intégrés à l’accord Agirc-Arrco d’octobre 2015 . En cas de départ à la retraite avant l’âge du taux plein plus un an (généralement à 63 ans), les assurés du régime complémentaire des salariés du privé se verront appliquer une décote sur leur pension complémentaire de 10 % chaque année pendant trois ans.

Cette mesure a été conçue pour inciter les actifs à liquider leurs droits plus tard. Ce qui se traduit par des cotisations supplémentaires. Parallèlement, un bonus (« coefficient majorant ») de 10 % sur un an a été mis en place pour les bons élèves qui partiront à l’âge du taux plein plus deux ans, ou encore plus tard.

1,1 milliard attendu

Avec ces coefficients, les partenaires sociaux gestionnaires de l’Agirc-Arrco avaient pour objectif d’économiser 800 millions d’euros en 2030. Le gain devrait plutôt atteindre 1,1 milliard à cette date, estime la Direction générale du Trésor dans une étude publiée ce lundi. L’Agirc-Arrco a fait l’hypothèse que 95 % des assurés ne modifieraient pas le moment choisi pour leur départ à la retraite en dépit de la mise en place d’abattements temporaires.

En revanche, le Trésor parie qu’ils chercheront à conserver le niveau moyen de pension antérieur. De ce fait, à la fin de la montée en charge, en 2025, seuls 65 % des individus ne reporteraient pas leur date de liquidation. Et en moyenne, les départs se décaleraient de 1,2 mois. Résultat, 100.000 cotisants supplémentaires viendraient gonfler les rangs de la population active.

Différences d’appréciation

L’effet de la création des coefficients de solidarité serait donc double pour l’Agirc-Arrco : dans neuf ans, la baisse des dépenses avoisinerait 600 millions d’euros (0,03 % du PIB), plus une hausse à peu près équivalente des recettes. Toutefois, ces dernières se tasseront avec le temps, car un nombre croissant d’assurés n’obtiendra le taux plein qu’à 67 ans, âge à partir duquel il ne peut plus y avoir de coefficients de solidarité.

Outre cette mesure emblématique, l’accord d’octobre a prévu des économies sur les pensions et une hausse des cotisations. Le Trésor estime que l’augmentation de la valeur d’achat du point, qui fait baisser son rendement, rapportera 800 millions en 2030 au lieu de 1,1 milliard attendu, et que la sous-indexation des pensions 1 point en dessous de l’inflation plafonnera à 1,9 milliard au lieu de 2,6 milliards. Malgré ces différences d’appréciation, Bercy projette 6,5 milliards d’économies pour l’Agirc-Arrco en 2020, quand cette dernière n’en attendait que 6,1 milliards. Dix ans plus tard, c’est l’inverse : le Trésor envisage 8 milliards, les partenaires sociaux 8,6 milliards.

Tous les assurés devraient profiter de la discipline des salariés du privé, puisque la réforme Agirc-Arrco améliorera le solde de l’ensemble des régimes de retraite de 0,3 point de PIB dès 2020. Soit six milliards gagnés chaque année.