Les retraites

Les Echos - Retraites : le calendrier de la réforme dérive peu à peu

Avril 2018, par Info santé sécu social

Mis à jour le 30/03

Ce vendredi à l’Elysée, le haut-commissaire à la Réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, devrait faire le point sur les consultations qu’il mène depuis décembre, devant le chef de l’Etat, le Premier ministre et les ministres en charge de la Sécurité sociale, Agnès Buzyn et Gérald Darmanin. Selon une source gouvernementale, il n’y aura « pas d’arbitrage particulier », il s’agit juste de « cadrer les futurs travaux ».

Le chantier est, il est vrai, de taille. La refonte des régimes de retraites , qu’a promis de mener Emmanuel Macron, est un champ de mines. Il va falloir revoir tous les dispositifs de solidarité, de la réversion aux majorations pour enfants, dire comment on partage les réserves financières des régimes qui en ont, décider qui pilote ces 320 milliards d’euros de prestations et selon quelles règles... Toutes les rentes de situation vont être remises en question. Bref, un vrai casse-tête technico-politique.

Le haut-commissaire ronge son frein

Cette réunion interministérielle est une manière de montrer que l’exécutif s’est bien saisi du dossier et aussi de faire patienter le haut-commissaire et son équipe d’experts. De retour d’un voyage d’étude en Suède, ils rongent leur frein en attendant l’ouverture officielle du chantier. La nature du nouveau système et les grands principes de la réforme n’ont toujours pas été annoncés, car Emmanuel Macron n’a pas tranché. « Il n’y a rien sur la table, raconte un syndicaliste. Ils ont compilé des tonnes de rapports depuis décembre, mené de nombreuses consultations et ils commencent à s’inquiéter. »

« Avec le haut-commissariat, on fait des hypothèses. Mais simuler une centrale nucléaire si on n’a pas dit comment fonctionne le coeur du réacteur ou le mécanisme de refroidissement, c’est un peu compliqué », a reconnu Pierre-Louis Bras, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), lors d’une rencontre organisée la semaine dernière par l’Association des journalistes d’information sociale.

Le pari de l’enlisement ?

Les partenaires sociaux, eux aussi, voient sans plaisir le calendrier de la réforme dériver. Le patronat, par la voix notamment du vice-président du Medef en charge du social, Claude Tendil, s’en émeut . Initialement, les débats devaient commencer fin 2017. Puis, il a été question d’une prise de parole du chef de l’Etat début mars. A présent, l’exécutif semble attendre que le mouvement des cheminots se tasse avant d’ouvrir un nouveau front. Un glissement en pente douce vers l’été - si la situation sociale ne s’envenime pas davantage -, alors qu’ Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi à l’été 2019 . Le risque est, qu’à force d’attendre, les syndicats demandent un report d’un an de la date butoir. Périlleux, puisqu’en 2020 auront lieu les élections municipales.

Certains pourraient faire le pari de l’enlisement. Si la CFDT réclame une réforme systémique depuis des années, les autres syndicats, qui n’ont rien demandé, sont sur leurs gardes. Les politiques ne sont pas non plus moteurs. Quelques sénateurs commencent à travailler sur la réforme, mais les députés patientent. Et les ministres se montrent très prudents sur le sujet.