Les retraites

Les Echos - Retraites : les plans du gouvernement pour retarder les départs dès 2020

Avril 2019, par Info santé sécu social

Le chef de l’Etat veut allonger la durée de cotisation des Français pour financer les baisses d’impôts. Le gouvernement planche sur un système de décote-surcote additionnel autour d’un âge pivot qui pourrait être de 64 ans. Autre scénario, l’accélération du passage de 41,5 à 43 ans de cotisation pour bénéficier d’un taux plein.

Le gouvernement planche sur un mécanisme de type bonus-malus autour d’un âge pivot mais aussi à une accélération de la réforme Touraine.

En confirmant qu’il ne touchera pas à l’âge légal de la retraite, les fameux 62 ans , Emmanuel Macron a mis fin à la cacophonie qui régnait depuis plusieurs semaines dans les rangs du gouvernement et de la majorité. En optant pour un allongement de la durée de cotisation - parce que les Français doivent « travailler davantage » pour financer les baisses d’impôts -, le chef de l’Etat est allé plus loin : il a annoncé des mesures pour retarder les départs à la retraite dès 2020, soit cinq ans avant la mise en place du régime universel par points .

Premier axe : l’instauration d’un mécanisme de décote-surcote additionnel d’ici à 2025, même si seul le mot décote a été évoqué durant la conférence de presse, jeudi dernier. Un tel mécanisme existe aujourd’hui dans le régime de base. Pour toucher une retraite à taux plein il faut avoir atteint 62 ans et cotisé au moins 41,5 années (43 ans à terme). En deçà, la pension est minorée de 5 % à vie. Au-delà, elle est majorée du même montant. Les personnes concernées ne sont pas très nombreuses et les départs à la retraite sont massifs vers les 63 ans, une fois le taux plein atteint.

En plus de cela, le gouvernement réfléchit à l’instauration, dès 2020 et par étapes jusqu’en 2025, d’un âge de référence ou « pivot », qui pourrait être de 64 ans, chiffre cité par Emmanuel Macron. A la clef, un deuxième mécanisme de décote-surcote pour inciter à partir plus tard, et des milliards d’économies assez rapidement.

Ce mécanisme pourrait tourner autour d’un coefficient de 4 % par an, selon de savants calculs basés sur l’espérance de vie. A moins, autre scénario sur la table, que ce coefficient ne s’accentue vers l’âge pivot pour diminuer quand on s’en éloigne. Autre point important : contrairement à ce qui a été fait pour les régimes complémentaires Agirc-Arrco, décote et surcote seraient viagères et non pas temporaires. Pas plus qu’elles ne seraient liées au taux plein, une notion là encore qui n’a plus de sens avec un système à points.

Accélération de la réforme Touraine
Tout cela pourrait aller de pair avec une accélération de la réforme Touraine, qui prévoit le passage de 41,5 à 43 années de cotisation d’ici à 2035. Au lieu d’un trimestre supplémentaire tous les trois ans, on pourrait passer à un trimestre tous les ans à compter de 2021. Les 43 ans seraient donc atteints en… 2025 ! Au-delà de cette date et donc de l’entrée en vigueur du régime par points, le gouvernement n’écarte pas la possibilité de conserver la notion de durée de cotisation. Tous les leviers pour retarder l’âge de départ seront en tout cas en place et opérationnels.

Le chef de l’Etat a donné deux mois au gouvernement pour affiner et chiffrer chaque scénario, avant la présentation du projet de loi retraite, en juin a priori.

Alain Ruello