Le financement de la Sécurité sociale

Les Echos.fr : Comment l’Assurance-maladie veut faire 2 milliards d’euros d’économies en 2020

Juin 2019, par infosecusanté

Comment l’Assurance-maladie veut faire 2 milliards d’euros d’économies en 2020

Dans son rapport annuel publié ce jeudi, l’Assurance-maladie apporte sa contribution à la construction du budget de la Sécurité sociale pour 2020. Pour la troisième année d’affilée, les économies envisagées avoisinent 2 milliards d’euros, sans compter les baisses de prix du médicament.
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L’Assurance-maladie propose d’intéresser financièrement les médecins à la diminution de certaines prescriptions, à hauteur de 30 % des économies générées.

Par Solveig GODELUCK
Publié le 27/06

Comme chaque année avant l’élaboration du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, l’Assurance-maladie propose des pistes d’économies sur les remboursements de soins. Le rapport « charges et produits », publié ce jeudi, cible 2,1 milliards d’euros d’économies en 2020, un peu plus qu’ en 2019 (2 milliards) et en 2018 (1,9 milliard) . Il ne s’agirait pas d’une baisse nette de la dépense de santé remboursée mais d’une moindre augmentation. Celle-ci vient de franchir la barre des 200 milliards d’euros et elle devrait encore progresser de 2,3 % l’an prochain.

Hôpital : l’Assurance-maladie veut relancer l’ambulatoire en médecine
Cette année, l’Assurance-maladie a choisi de mettre en valeur les économies qu’elle pourrait orchestrer sur les médicaments et les dispositifs médicaux (pansements, seringues, fauteuils roulants, etc.). Les produits de santé apparaissent d’un seul coup comme le premier poste de réduction de coûts, avec 887 millions d’euros à gagner. Et cela sans prendre en compte les baisses de prix et les remises conventionnelles exigées des laboratoires pharmaceutiques. Le gouvernement en attendait la bagatelle de 1,2 milliard d’euros en 2019.

Chasse au gaspillage
Une partie des économies proposées sur les produits de santé relèvent de la chasse au gaspillage. Par exemple, limiter à 7 jours les prescriptions de pansement en sortie d’hôpital. Souvent, les infirmiers libéraux qui doivent faire les bandages jugent les fournitures inadaptées. Or, elles ont été achetées en quantité astronomique. Cela rapporterait 75 millions d’euros.

Autre idée : réduire de 20 jours, à un mois seulement, la durée pendant laquelle les pharmaciens peuvent continuer à écouler au prix fort un médicament dont le tarif vient d’être abaissé. Objectif : 56 millions de dépenses en moins.
L’Assurance-maladie espère aussi qu’en mettant en place des dispositifs d’intéressement des prescripteurs libéraux, elle pourra faire baisser la consommation de certains médicaments comme l’oméprazole (ulcères). Le nombre de boîtes ne cesse de progresser pour un coût annuel de 440 millions d’euros, mais les posologies sont souvent dépassées, et l’interaction avec d’autres traitements n’est pas toujours heureuse. Une baisse de 10 % des prescriptions ferait gagner 40 millions, dont 12 millions seraient retournés aux médecins via la rémunération sur objectifs de santé publique.

Intéresser les prescripteurs
La mécanique de l’intéressement sera également mise en oeuvre pour inciter les prescripteurs à remplacer les médicaments biologiques par des génériques - appelés « biosimilaires ». A l’hôpital, cela passe par les contrats d’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins, financements à l’appui. Pour les soins de ville, le pourcentage reversé aux professionnels serait de 30 %, avec trois biosimilaires à mettre en avant : rhumatismes chroniques, maladies inflammatoires de l’appareil digestif, hormone de stimulation ovarienne.
Par ailleurs, l’Assurance-maladie propose, comme chaque année, 100 millions d’euros sur les indemnités journalières. Ces économies hors d’atteinte depuis des années pourraient enfin advenir avec la réforme des arrêts de travail que prépare le gouvernement. De même, les 160 millions d’euros attendus sur les transports sanitaires pourraient bénéficier de la signature d’une nouvelle convention avec les taxis, mais pâtiront de la mise en pause de la réforme des transports inter-établissements de 2018.