Les retraites

Les économistes attérés - Retraites : le bel avenir est à portée de main. Contre les visions catastrophistes du COR

Juillet 2017, par Info santé sécu social
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Par Christophe Ramaux et Henri Sterdyniak

La France a l’un des systèmes de retraites les plus performants. Grâce à lui, le niveau de vie des retraités est similaire à celui du reste de la population. Grâce à lui, notre pays peut s’enorgueillir d’avoir l’un des taux de pauvreté chez les retraités les plus faible au monde. Le cœur de notre système est simple : nous avons fait le choix social de prélever chaque mois, sous formes de cotisations, une fraction de la valeur ajoutée afin de payer les pensions. C’est le choix politique de la répartition : une part de la richesse produite est prélevée pour être répartie afin de financer les retraites (mais aussi les prestations santé, chômage, famille…). Nulle accumulation financière ici. Et c’est heureux. Les fonds de pension sont nocifs : ils alimentent la financiarisation de l’économie, enrichissent inutilement les intermédiaires financiers et soumettent les pensions aux aléas de la spéculation. Un peu partout dans le monde, des fonds de pension sont au bord de la faillite. C’est notamment le cas de ceux des collectivités locales aux Etats-Unis. Un système de retraite par capitalisation prélève aussi sur la valeur ajoutée, mais sans garantie sociale et de manière très inégalitaire via la possession de titres financiers.

Notre système mérite bien entendu d’être amélioré. Il y aurait lieu notamment de revaloriser les petites retraites ou bien encore de faire converger dans une « maison commune » les différents régimes qui subsistent (même si la convergence a déjà été largement opérée ces dernières décennies). Mais une chose est de remédier à ces failles afin d’améliorer notre système, autre chose est d’en prendre prétexte pour détricoter celui-ci, afin d’encourager la capitalisation, ce que les réformes libérales de ces trente dernières années n’ont eu de cesse de rechercher.

Les retraites, ce sont au total 312 milliards d’euros. Ces sommes alimentent massivement le revenu des ménages (23%, près d’un quart donc) et partant leur consommation. Bref, elles sont un support essentiel de débouchés – qui plus est relativement stable – pour les entreprises privées.

En 1970, on comptait 3 retraités pour 10 emplois. Pour des raisons essentiellement démographiques, ce ratio a augmenté : on est passé à 4 en 2000 et 6 aujourd’hui. Malgré cela, le niveau de vie des retraités n’a pas baissé, il a même sensiblement augmenté par rapport à 1970 (en pouvoir d’achat bien sûr mais aussi relativement au reste de la population). Le COR prévoit que la France comptera 7 retraités pour 10 emplois en 2040 et près de 8 (7,7 précisément) en 2070. Remarquons d’emblée que le « choc démographique » à venir, sempiternellement agité par les libéraux, est bien moindre que celui passé. Pourquoi ne pourrions-nous pas assumer une augmentation de 30% du ratio de dépendance (de 6/10 à 7,7/10) dans les 50 prochaines années… alors que nous avons su gérer une augmentation de 100% (de 3/10 à 6/10) au cours des 50 dernières ?

Le choix de la socialisation par la répartition a bien fonctionné jusqu’alors. Pour faire vivre plus de retraités, la société a décidé de leur consacrer une plus grande part de la richesse : les pensions sont ainsi passées de 7,3% du PIB en 1970 à 14% aujourd’hui. Dans les faits, ce sont les salariés qui ont fait un « effort » : sur la masse salariale, ils ont accepté qu’une plus grande part soit prélevée sous forme de cotisation afin de financer les retraites. Leur pouvoir d’achat a augmenté depuis 1970, mais il a augmenté moins vite, car la solidarité intergénérationnelle a joué, il a fallu payer des pensions, et cette solidarité leur bénéficie finalement au moment où ils partent à la retraite. Ce que les libéraux refusent, c’est de voir à l’avenir se prolonger ce choix de la socialisation, de la part socialisée, ou socialiste, de nos économies.

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