Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Billet Covid : à quand un variant français ?

Février 2021, par Info santé sécu social

En France, on n’est même pas capables d’avoir notre propre variant, et on est une passoire pour les autres...

par Sabrina Champenois
publié le 21 février 2021

Hé, bon anniversaire, tout le monde ! Un an de Covid, ça se fête, non ? Un an de lose internationale, un an dans un tunnel dont tout le monde s’accorde à dire qu’on n’est pas près d’en voir le bout. Allez, trinquons en avalant un Lexomil ou un Xanax. D’ailleurs, nous, Français, on a quelques billes à faire valoir, au rayon ratages : un maximum de polémiques, une bouillie d’avis scientifiques contradictoires, pas de masques, pas de tests, et maintenant pas de vaccin hexagonal et trop peu de vaccinés… Au moins, on a la Sécu, on peut tomber malade gratuitement. Quitte à ce que derrière, l’armée des blouses blanches et bleues rame toujours plus, désormais tous applaudissements remisés. Résignés on est, à force de se prendre coup de bambou sur coup de bambou.

Le dernier en date : les variants. On n’est même pas capables d’avoir le nôtre, et on est une passoire pour les autres. L’anglais, on comprend, vu la proximité géographique − merci pour le cadeau empoisonné post-Brexit. Mais le sud-africain, qui a dû parcourir plus de 13 000 kilomètres, sans perdre en route une once de létalité… Le japonais serait aussi au point. Et nous ? Rien. Alors quoi, RIP, la légendaire fierté française qui maintient le petit coq sur l’échiquier géopolitique ? Il est temps de réagir, avec les valeurs qui ont fait le rayonnement hexagonal : vivacité, élégance, humanisme. Exit les variants avariés, moches et méchants, place au légendaire chic français.

Le variant bleu-blanc-rouge pourrait, par exemple, incuber en trois jours maximum, ne pas priver du goût et jamais de la vie, et garantir une immunité illimitée au patient mais aussi à son entourage − une sorte de bonus. On pourrait aussi imaginer une version Belle au bois dormant, où notre variant aurait pour seul effet d’endormir tranquillement le malade pour la durée de l’épidémie. Il se réveillerait frais et dispos, dans un monde débarrassé du Covid. Du coup, chacun aurait (retrouvé) le choix de vivre normalement au risque de le contracter et de partir « en parenthèse », ou de se confiner et être certain de ne rien rater. Un autre scénario renverserait la situation actuelle : le variant français ne résisterait pas à la vaccination culturelle. Un passeport serait délivré dès lors qu’on lirait au moins deux livres ou BD par mois, ou qu’on verrait au moins deux films (ou séries), ou pièces de théâtre, ou concerts par mois… Rêver qu’un autre variant est possible, voilà à quoi on en est réduit.