Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Covid-19 : la grande prise de test

Septembre 2020, par Info santé sécu social

Par Nathalie Raulin, 4 septembre 2020

Embouteillage dans les laboratoires d’analyses médicales : si la France est parvenue à augmenter nettement sa capacité de détection du Sars-CoV-2, les infrastructures ont du mal à suivre. Faut-il revoir la stratégie gouvernementale ?

Longtemps à la traîne dans ce domaine, la France a franchi ces derniers jours la barre symbolique du million de tests RT-PCR hebdomadaires pour recherche du Sars-CoV-2, responsable du Covid-19. Du 24 au 30 août, 1 004 759 diagnostics ont ainsi été pratiqués sur le territoire dans les labos publics et privés, contre 855 915 la semaine précédente. Soit une hausse de 17 % en une semaine seulement. Avec des résultats délivrés en moins de vingt-quatre heures dans 58 % des cas, et moins de trente-six heures pour 80 % des cas, selon le gouvernement. Le 27 août, lors d’un point presse, le ministre de la Santé, Olivier Véran, le reconnaissait cependant - tout en en parlant au passé : « Nous avons […] connu des difficultés dans l’accès aux tests. Dans certaines zones de France, notamment, des difficultés pour prendre un rendez-vous qui pouvaient s’expliquer par la période estivale, par la prise de congés de certains personnels en laboratoires. »

En quête d’un test à Paris : « C’est l’enfer pour y arriver… »
Pour les professionnels du secteur, la saturation est pourtant toujours d’actualité. « Ça bouchonne dans beaucoup de régions, avec parfois deux à trois jours d’attente pour un rendez-vous, et trois jours pour les résultats, rapporte Lionel Barrand, responsable du syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM). Nous nous retrouvons quasiment dans la situation de tension que nous avons connue en mars. »Sa collègue Morgane Moulis, qui officie en Occitanie, évoque même, dans sa région, des délais de « quatre à cinq jours avant d’obtenir les résultats, pour les publics non-prioritaires ».

« Priorisation »
En cause, de façon variable suivant les territoires : le manque de personnel pour les prélèvements, mais aussi des pénuries de matériel, comme les écouvillons, les réactifs, et tout un ensemble de petites pièces qui, pour la plupart, dépendent de l’étranger. Or, « la concurrence internationale reste forte, comme au début de la crise, rappelle Morgane Moulis. Et bien souvent, les Etats-Unis se servent avant tout le monde, et nous, nous devons attendre. » Manquent également, parfois, les machines elles-mêmes (les « automates »), dont les délais de livraison se comptent en mois.