Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Déconfinement : ce qu’il faut retenir de l’intervention d’Edouard Philippe à l’Assemblée

Avril 2020, par Info santé sécu social

Par LIBERATION — 28 avril 2020 à 17:21

On le savait, Edouard Philippe l’a confirmé : le processus de déconfinement, qui débutera le lundi 11 mai, sera progressif, a expliqué le Premier ministre ce mardi après-midi à l’Assemblée nationale. Et encore ne commencera-t-il que si un certain nombre d’« indicateurs » l’autorisent, a-t-il averti : « Si les indicateurs n’étaient pas au rendez-vous, nous ne déconfinerions pas le 11 mai, ou nous renforcerions le confinement. »

Parmi ces indicateurs, l’un doit permettre de mesurer la circulation du virus selon les départements, afin d’adapter les mesures selon les territoires. Certains seront placés en catégorie rouge (circulation élevée), d’autres en catégorie verte selon qu’ils sont plus ou moins touchés. « A compter de jeudi, une carte sera présentée tous les soirs avec l’évolution de la situation dans chaque département. »

La période qui s’ouvrira le 11 mai doit durer jusqu’au 2 juin, avec trois principes pour contrôler l’épidémie : « Protéger, tester, isoler. »

Un objectif de 700 000 tests par semaine
« Nous nous sommes fixé pour objectif de réaliser 700 000 tests virologiques par semaine en mai », a annoncé Edouard Philippe, ce nombre étant censé permettre de couvrir « les chaînes de contamination » (donc le dépistage des personnes avec qui une personne contaminée a été en contact) et des campagnes de dépistage.

Afin de briser les chaînes de contamination, « tous les cas contacts seront testés et invités à s’isoler, compte tenu des incertitudes sur la durée d’incubation ». Les personnes testées positives auront le choix entre s’isoler chez elles, « ce qui impliquera le confinement de l’ensemble du foyer pendant quatorze jours », ou dans des hôtels réquisitionnés.

L’isolement des malades ou leurs proches ne sera pas contraint, a assuré le Premier ministre : « Notre politique repose sur la responsabilité individuelle. » Il n’a toutefois pas exclu « des dispositifs de contrôle s’ils doivent être nécessaires ».

Les tests seront pris en charge à 100% par l’Assurance maladie et le gouvernement a « fait sauter les verrous qui empêchaient la participation des laboratoires de recherche et les labos vétérinaires à cet effort collectif », a déclaré Edouard Philippe.

Un vote au Parlement sur l’application StopCovid
Edouard Philippe a tranché le débat sur l’application StopCovid en annonçant qu’elle ferait finalement l’objet d’un vote au Parlement avant sa mise en œuvre : « Les questions sur la protection de la vie privée doivent être débattues. » Son utilité « ne peut être que complémentaire » par rapport à la politique générale du gouvernement, a-t-il dit, soulignant ses limites comme « l’impossibilité parfois, dans les centres urbains, de reconstituer les chaînes de transmission » (par exemple, dans une ligne de métro à l’heure de pointe).

Masques : des règles variables selon les circonstances

« Il y aura assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai », a assuré Edouard Philippe. Une « plateforme de e-commerce », assurée par la Poste, doit être lancée le 30 avril.

Le Premier ministre a confirmé que le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun. Au travail, « le port du masque devra être mis en œuvre dès lors que les règles de distanciations physiques ne peuvent pas être mises en œuvre dans l’organisation », a-t-il dit, invitant « toutes les entreprises à veiller à équiper leurs salariés ». Il a promis que « l’Etat et les régions mettront en place un appui aux TPE » pour les aider à équiper leurs salariés.

Dans les écoles et collèges, « tous les enseignants et encadrants recevront des masques », a garanti le Premier ministre. S’agissant des enfants, le port du masque sera prohibé en école maternelle. Il « n’est pas recommandé » en école primaire, mais des masques pédiatriques seront mis à disposition si la situation l’exige. Quant aux collégiens, ils auront l’obligation de porter des masques, qui seront fournis par l’Etat, a assuré le Premier ministre.

Dans les commerces, « le port du masque sera recommandé pour les personnels et les clients quand les règles de distanciation physique ne peuvent être appliquées ». Un commerçant pourra conditionner l’accès à son magasin au port du masque.

Réouverture progressive des crèches, écoles, collèges…
Le Premier ministre a confirmé la réouverture des crèches et écoles à partir du 11 mai. Les crèches « accueilleront dix enfants maximum, plus si les conditions sont réunies ». Edouard Philippe a appelé les responsables des établissements à prioriser l’accueil des enfants en fonction de la situation des parents (possibilité ou non de télétravailler, vulnérabilité sociale…)

Dans les écoles, il ne devra pas y avoir « plus de quinze élèves par classe ». Du gel hydroalcoolique y sera distribué.

Il pourra être envisagé de rouvrir les collèges à compter du 18 mai, « seulement dans les départements où la circulation du virus est très faible » et seulement pour les classes de 6e et 5e. « Nous déciderons fin mai si nous pouvons rouvrir les lycées, en commençant par les lycées professionnels, début juin », a précisé le Premier ministre.

Le télétravail reste la norme
Edouard Philippe a prévenu : « Il n’y a pas un avant ou un après le 11 mai. » Autrement dit, « le télétravail doit être maintenu au moins dans les trois prochaines semaines ». Le Premier ministre a appelé les entreprises à mettre en place des horaires décalés si les salariés ne peuvent pas télétravailler. Et « chaque commerce devra respecter un cahier des charges strict en limitant la présence des clients, en organisant les flux et en veillant à la protection des personnels ».

Le Premier ministre a également annoncé que le dispositif d’activité partielle mis en place depuis le début du confinement le demeurera « jusqu’au 1er juin, et pourra ensuite être adapté ».

Transports
S’agissant des transports urbains, Edouard Philippe souhaite « augmenter au maximum l’offre ». En région parisienne, 70% de celle de la RATP sera disponible le 11 mai. Mais il a aussi appelé les collectivités à prendre des mesures afin par exemple qu’aux heures de pointe, les transports soient « réservés à ceux qui se rendent au travail ». Même dans le métro, le respect des gestes barrières devra être assuré, a averti le Premier ministre. Par exemple en fermant un siège sur deux, en mettant un marquage au sol ou en limitant les flux à l’entrée.

S’agissant des déplacements interrégionaux ou interdépartementaux (trains, avions, cars…), la logique est inverse : il s’agit de les réduire « aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux ». Par exemple, « le jeudi de l’Ascension sera bien férié, mais ce n’est pas le moment de quitter son département pour partir en week-end ».

Une vie sociale toujours drastiquement réduite
Deux assouplissements ont été annoncés : d’abord, il sera à nouveau possible de circuler librement sans attestation, « sauf pour les déplacements à plus de 100 km du domicile » (lire ci-dessus). Le Premier ministre a appelé les personnes les plus âgées, les plus fragiles, à faire montre de « patience » en réduisant au maximum les rencontres avec leurs proches. Plus globalement, il a annoncé que « les rassemblements publics ou dans les lieux privés seront limités à dix personnes ».

Ensuite, « il sera possible de pratiquer une activité sportive en plein air en respectant les règles de distanciation physique ». Il ne sera en revanche pas possible de pratiquer des sports collectifs ou de contact, ni de pratiquer du sport en lieu couvert.

Les parcs et jardins « ne pourront rouvrir que dans les départements verts ». Les plages resteront fermées au moins jusqu’au 1er juin.

Les commerces rouvriront dans les conditions listées plus haut, mais « les centres commerciaux de plus de 40 000 m² resteront fermés ». Une décision sur les cafés-restaurants, qui resteront fermés pour le moment, sera prise fin mai.

S’agissant de la vie culturelle, « les médiathèques, bibliothèques et petits musées pourront rouvrir leurs portes dès le 11 mai ». Les grands musées, théâtres, cinémas, salles de concerts, salles des fêtes resteront pour leur part fermés.

Les événements (festivals, saisons sportives, salons…) réunissant plus de 5 000 personnes ne pourront se tenir avant septembre, a aussi annoncé Edouard Philippe.

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