Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - En France, déjà 20 000 volontaires pour tester les vaccins contre le Covid

Octobre 2020, par Info santé sécu social

Par Olivier Monod — 10 octobre 2020

La campagne de recrutement de l’Inserm, lancée il y a une semaine, est un succès. Les premiers essais devraient être lancés au plus tôt fin 2020.

En une semaine, l’Inserm a recruté 20 000 personnes sur les 25 000 espérées pour lancer des essais cliniques en France sur les vaccins en cours de développement. Une belle réussite pour une campagne menée uniquement par voie de presse. Les essais déployés en Allemagne ou aux Pays-Bas ont rencontré le même succès rapide dans le recrutement de volontaires. Le vaccin contre le Covid-19 est donc très attendu.

Mais cette attente ne doit pas pousser à passer outre toutes les mesures de précaution dans le développement d’un tel produit. Ainsi, aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a publié des normes plus strictes pour l’obtention d’une autorisation d’utilisation d’urgence. Les industriels doivent avoir au moins deux mois de recul après l’injection de la dernière dose aux volontaires des essais cliniques de phase 3 – la dernière, chargée d’évaluer l’efficacité du vaccin – avant de soumettre une demande de commercialisation.

Cibler les publics les plus fragiles
Ce changement rend improbable une autorisation avant l’élection présidentielle du 3 novembre, au grand désespoir de Donald Trump. Le président, candidat à sa réélection, a d’ailleurs mis une telle pression sur les entreprises développant des vaccins que le PDG de Pfizer a regretté dans une lettre à ses employés la récupération politique de leur travail.

En Europe, pour accélérer la procédure d’autorisation, l’agence du médicament a commencé à étudier les données disponibles de deux projets : celui porté par AstraZeneca avec l’université d’Oxford et celui de Pfizer allié à BioNTech. Dans ce contexte, le but de l’essai français est bien de faire émerger plus de données sur les vaccins en cours d’évaluation. En effet, les 25 000 volontaires ne testeront pas tous le même produit. Le protocole est conçu pour mener jusqu’à cinq essais de phase 2 (choix de la dose et du calendrier des injections sur 50 à 500 personnes), et trois essais de phase 3, qui réclament plusieurs milliers de personnes pour évaluer si le vaccin est sûr et protège du Covid-19.

Essais en cours
L’un des objectifs est de cibler spécifiquement les publics les plus fragiles face au Covid : personnes âgées ou présentant des comorbidités (diabète, obésité, maladies pulmonaires, hypertension artérielle, insuffisance rénale). En effet, rien ne dit que le vaccin le plus efficace en population générale soit aussi le plus efficace sur ces populations spécifiques, parfois peu présentes dans les essais en cours. L’avantage de cet essai est aussi de pouvoir faire émerger des données comparables entre elles sur ces différents candidats vaccins.

On ne connaît pas encore les noms des produits testés mais les essais devraient commencer à la fin de l’année 2020, au plus tôt. Selon l’OMS, 42 projets sont en phase d’essai clinique sur l’humain dans le monde et 10 sont en phase 3. Un seul essai de phase 1 (première administration sur un nombre limité d’individus sains, de 10 à 100) est en cours en France, celui de l’Institut Pasteur. Les tests étaient préférentiellement lancés dans des pays où le virus circulait plus activement.

Olivier Monod