Amerique du Nord

Libération - Etats-Unis : les républicains s’attaquent au Planning familial

Janvier 2017, par Info santé sécu social

Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a confirmé jeudi l’intention de couper les crédits au « Planned Parenthood ». En cause : l’avortement, auquel s’oppose de nombreux conservateurs. Même si les fonds fédéraux reçus ne servent pas à financer l’IVG.

Il n’aura fallu que cinq secondes au président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, pour confirmer jeudi les craintes du Planned Parenthood, l’équivalent américain du Planning familial, de ne plus recevoir de fonds fédéraux. « La loi sur le Planning familial sera dans le texte budgétaire », qui entend démanteler l’obamacare, a déclaré furtivement le républicain, en réponse à une question sur l’arrêt du financement de l’organisation, lors de sa conférence de presse hebdomadaire.

Une petite phrase qui a provoqué l’ire du Planning et de sa responsable, Cecile Richards, qui a dénoncé le geste « dangereux » et « impopulaire » de Paul Ryan, tout comme celle des organisations féministes et de nombreux élus démocrates. Pour être adopté, le projet de loi n’aura besoin que d’une majorité simple des sénateurs, plutôt que d’une majorité qualifiée de 60 voix.

« Du très bon travail »

Cette déclaration fait suite à la publication, le 30 décembre, d’un rapport de 471 pages rédigé par un comité d’enquête républicain, qui recommandait de couper les crédits au Planned Parenthood. Ce comité avait été formé il y a un an pour enquêter sur les allégations de vente par les cliniques privées de tissus fœtaux issus d’avortements. Si la vente est, en effet, interdite, le don de tissus fœtaux, avec le consentement de la mère, est autorisé à des fins médicales. Le comité est aujourd’hui dissous. Et le Planning n’a jamais été reconnu coupable de quoi que ce soit.

Cette décision est loin d’être une surprise. Le Planning familial étant depuis longtemps dans le viseur des républicains. En 2015, des élus du Grand Old Party de la Chambre des représentants avaient menacé de bloquer le vote du budget fédéral pour protester contre le financement de cette organisation.

Ex-pro-choice devenu pro-life, Donald Trump s’oppose également au Planning familial car il pratique l’avortement. Lors d’un meeting en Floride le 1er mars, le candidat républicain avait reconnu que « le Planning familial a fait du très bon travail pour des millions de femmes », en référence notamment au dépistage du cancer du sein. Avant d’ajouter : « Nous n’allons pas [le] financer tant qu’il pratiquera l’avortement. » Un mois plus tard, il allait même jusqu’à déclarer dans une interview à la chaîne MSNBC vouloir « punir » les femmes qui se faisaient avorter, avant de faire machine arrière. Le président élu a par ailleurs nommé ministre de la Santé l’ex-chirurgien orthopédique Tom Price, un anti-avortement affiché, grand opposant à la prise en charge de la contraception par l’Etat et à l’obamacare.
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En réalité, le Congrès a interdit le financement fédéral de l’avortement depuis 1976, excepté en cas de viol, d’inceste ou si la vie de la mère est en danger. Selon le Washington Post, le planning avait reçu 553 millions de dollars d’aide publique en 2014. Or les fonds publics (fédéraux et locaux) qui représentaient 43% du budget de l’organisation en 2015, servent à financer les autres services proposés par le Planning tels que les dépistages, la délivrance de moyens de contraception ou des check-up.

Au lendemain de l’élection de Trump, le 9 novembre, le Planning avait reçu de nombreux dons. Les demandes pour la pose de moyens de contraception de longue durée, tels que le stérilet, avaient elles aussi fortement augmenté.
Estelle Pattée