grandes pathologies, grandes épidémies

Libération - Guinée : le retour des fantômes d’Ebola

Février 2021, par Info santé sécu social

Cinq ans après la fin de l’épidémie, de nouveaux décès dus à cette fièvre hémorragique cinquante fois plus mortelle que le coronavirus ont été signalés par les autorités sanitaires.

par AFP
publié le 14 février 2021
Ces jours-ci, le souvenir de dizaines milliers de morts revient hanter la Guinée. La maladie Ebola a refait son apparition, cinq ans après la fin de l’épidémie meurtrière en Afrique de l’Ouest qui avait débuté dans ce même pays. Sept cas, dont trois mortels, ont été signalés ces derniers jours dans le sud-est du territoire, a déclaré le patron de l’agence sanitaire guinéenne, Sakoba Keïta. Lors de la précédente vague, le taux de létalité de cette fièvre hémorragique avait été de 55 %… contre « seulement » 1 % pour le Covid-19.

Ebola est cependant moins contagieuse que le coronavirus. Et, surtout, des leçons ont été tirées de l’épidémie de 2013. « A l’époque, on avait mis trois mois et demi pour le diagnostic, alors que cette fois-ci on a mis moins de deux semaines », a pointé Sakoba Keïta. Le patient zéro, cette fois-ci, pourrait être une infirmière de la ville de Gouécké, décédée entre le 27 et le 28 janvier et inhumée le 1er février. « Parmi ceux qui ont participé à l’enterrement, huit personnes ont présenté des signes : diarrhées, vomissements et saignements. Trois d’entre eux sont décédés et quatre autres sont hospitalisés à Nzérékoré », a-t-il expliqué.

« Un arsenal aujourd’hui plus étendu »

Aucun traitement curatif n’a été développé pour cette « maladie de pauvres gens dans des pays pauvres », comme le remarquait à l’époque la directrice adjointe de l’OMS dans Libération, mais deux vaccins expérimentaux existent aujourd’hui. « L’arsenal est aujourd’hui plus étendu et nous devons en tirer profit pour pouvoir circonscrire cette situation le plus rapidement possible, a déclaré le professeur Alfred George Ki-Zerbo, représentant de l’organisation onusienne à Conakry. L’OMS est alertée à tous les niveaux, au niveau du siège et en lien avec le fabriquant [de vaccins], pour que les doses nécessaires soient mises à disposition le plus rapidement possible pour aider à cette riposte. »

Le Liberia voisin (4 800 morts de la maladie en 2014) a immédiatement annoncé un renforcement de la surveillance épidémiologique et des « mesures préventives ». C’est en République démocratique du Congo, à 4 000 kilomètres de là, que la fièvre tueuse a connu le plus de résurgences depuis sa découverte, en 1976. La onzième épidémie s’est officiellement achevée le 18 novembre dernier. Mais Kinshasa a annoncé la semaine dernière la découverte de nouveaux cas : Ebola a déjà tué deux agricultrices dans la province du Nord-Kivu.