Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - L’Angleterre se reconfine pour un mois

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Par Sonia Delesalle-Stolper, correspondante à Londres — 31 octobre 2020

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé ce samedi l’instauration d’un nouveau confinement à compter de jeudi 5 novembre jusqu’au 2 décembre au moins, en maintenant cependant les écoles ouvertes.

Comme la plupart de ses voisins européens, l’Angleterre se confine donc à nouveau. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé ce samedi soir un nouveau confinement strict pour toute l’Angleterre, à compter de jeudi 5 novembre et jusqu’au 2 décembre au moins. Les députés de la Chambre des Communes seront invités à voter sur ces mesures au début de la semaine.

Depuis mi-septembre, Boris Johnson martelait son refus absolu de se résoudre à cette nouvelle extrémité. C’était avant la nouvelle explosion des infections au Covid-19. Ce samedi, le Royaume-Uni a passé la barre du million de contaminations. Quelque 326 décès ont été enregistrés en 24 heures et 21 915 cas positifs pour la même période. Le bilan de la pandémie au Royaume-Uni s’élève pour le moment à 46 555 décès.

« Il est maintenant temps d’agir, parce qu’il n’y a pas d’alternative », a plaidé Boris Johnson en annonçant ce nouveau confinement, sans jamais prononcer le mot, « lockdown », explicitement.

La principale différence avec le confinement du printemps consiste au maintien de l’ouverture des écoles, de la maternelle au lycée, et des universités. En revanche, tous les commerces non essentiels, y compris les salles de sport et les coiffeurs, seront fermés, de même que les bars, pubs et restaurants. Ces derniers pourront pourtant continuer à proposer des plats ou boissons à emporter. Le télétravail sera à nouveau recommandé, sauf lorsqu’il n’est pas possible. La poursuite des activités dans la construction et le secteur manufacturier est encouragée. Les visites au domicile des uns et des autres seront interdites, sauf dans le cas d’exceptions ou de gardes d’enfants. Les déplacements à l’étranger ou dans le Royaume-Uni sont aussi interdits sauf pour raisons professionnelles. En revanche, l’exercice et les sorties à l’extérieur dans les parcs, seront autorisés et même encouragés. Aucune attestation ne sera nécessaire pour se déplacer.

Fuites dans la presse

L’annonce qui aurait dû avoir lieu lundi a été anticipée à samedi, après des fuites multiples dans la presse vendredi soir. Le Premier ministre, furieux, a ordonné une enquête pour identifier la source de ces fuites.

Le nouveau confinement ne concerne que l’Angleterre. Le Pays-de-Galles et l’Irlande du Nord ont respectivement instauré des mesures très proches d’un confinement strict depuis une quinzaine de jours. Les deux régions ont annoncé qu’elles comptaient lever les mesures comme prévu, le 17 novembre pour le Pays-de-Galles et le 13 novembre pour l’Irlande du Nord. L’Ecosse a de son côté instauré un système de cinq niveaux d’alerte qui correspondent à un confinement plus ou moins strict. Les voyages à l’extérieur de l’Ecosse et notamment vers l’Angleterre sont déconseillés.

Le 21 septembre dernier, le groupe de scientifiques qui conseille le gouvernement avait recommandé un reconfinement immédiat d’au moins quinze jours. Le gouvernement avait écarté cette suggestion. Il y a quinze jours, le leader de l’opposition travailliste Keir Starmer avait réclamé un court confinement pour casser la courbe déjà ascendante des infections. Boris Johnson avait accusé Keir Starmer de vouloir tuer l’économie.

La décision de finalement imposer un confinement a été dictée par l’accélération alarmante des infections ces derniers jours et par une série de modélisations réalisées pour le gouvernement par les services de santé qui dressent des pronostics extrêmement négatifs. Selon ces documents, la courbe des infections, même avec le confinement, pourrait atteindre une moyenne de 2 000 décès quotidiens. Au printemps dernier, la moyenne des décès était d’environ 1 000 par jour. Sans confinement, les études jugent que le bilan pourrait s’élever à 4 000 par jour. Ces études montrent que « le pic médian des infections est projeté pour être de 50% à 150% plus élevé » que pendant la première vague, a expliqué au cours de la conférence de presse le conseiller médical en chef Chris Whitty.

L’air défait, Boris Johnson, qui avait retardé de près de trois heures sa conférence de presse, a répété à plusieurs reprises qu’il était « vraiment, vraiment, vraiment désolé » de devoir imposer ces nouvelles mesures de confinement. Il a également annoncé la prolongation du programme de soutien aux entreprises pour limiter les licenciements. Le Premier ministre s’est défendu de ne pas avoir écouté plus tôt les recommandations pressantes de ses conseillers scientifiques par le fait que la situation était « constamment mouvante » et a cité le fait que le reste de l’Europe est globalement sur la même trajectoire.

Sonia Delesalle-Stolper correspondante à Londres