Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - La France vers un troisième confinement ?

Janvier 2021, par Info santé sécu social

Par Romain Boulho

Un collectif de médecins appelle à un nouveau confinement « strict et précoce ». Une mesure que l’exécutif n’envisage pas « à ce stade », a déclaré son porte-parole, Gabriel Attal.

La France va-t-elle se confiner une troisième fois ? Alors que le mois de décembre a vu une recrudescence du nombre de contaminations et que les fêtes de fin d’année laissaient craindre un nouveau rebond de l’épidémie, Santé publique France a comptabilisé 96 743 cas positifs la semaine du 28 décembre, un nombre « en nette augmentation ». Le 4 janvier, jour de la rentrée, 28 830 personnes testées se sont avérées positives, chiffre le plus haut depuis la mi-novembre selon les données consolidées de la plateforme Geodes.

A ces chiffres inquiétants s’ajoute la menace des deux nouveaux variants, britannique et sud-africain, plus contagieux. A Londres, les hôpitaux explosent face à l’afflux de nouveaux malades et le maire de la ville, Sadiq Khan, juge la situation « hors de contrôle ». Trois clusters potentiels du variant britannique ont déjà été recensés en France, à Bagneux, Rennes et Marseille. Où l’ex-maire et désormais première adjointe, Michèle Rubirola, pose la question : « Pourquoi pas un reconfinement pour protéger les Marseillaises et les Marseillais ? »

Pour autant, le gouvernement, qui a étendu dimanche le couvre-feu de 18 heures à huit nouveaux départements (soit 23 au total, et 25 dès mardi), n’envisage pas, « à ce stade » de nouveau confinement. C’est ce que le porte-parole de l’exécutif, Gabriel Attal, a affirmé ce lundi au micro d’Europe 1. « [Cela] n’est pas prévu mais évidemment nous suivons la situation avec beaucoup d’attention […], et évidemment on continuera à prendre les mesures nécessaires, notamment dans certaines villes, a expliqué Attal. On a montré depuis le début de cette crise qu’on avait un suivi au jour le jour et qu’on prenait toujours les mesures nécessaires à la protection des Français. »

L’ancien député des Hauts-de-Seine a toutefois concédé que le gouvernement « voit ce qui se passe autour, où beaucoup de pays ont dû reconfiner », mais affirme que « la circulation du virus y est deux à trois fois plus importante » qu’en France.

« La meilleure arme »
Sur France Info, Patrick Berche, membre de l’Académie de médecine et ancien directeur général de l’Institut Pasteur à Lille, estime que « la question [d’un reconfinement] se pose ». Face à la menace du variant anglais et la vague de froid en cours, qui favorise la circulation du virus, le professeur « [craint] malheureusement que l’on s’achemine dans beaucoup de régions vers un confinement plus important que celui qui existe actuellement, que les restrictions du couvre-feu ». Patrick Berche interpelle avec un collectif de plusieurs médecins le gouvernement dans une tribune publiée sur le Monde : « La pandémie a-t-elle toujours une vague d’avance ? » Le collectif avance qu’il est « à craindre que l’aggravation de l’actuelle vague impose mi-janvier un nouveau confinement, du fait, de nouveau, des graves pressions sur le système de santé. Le confinement strict et précoce est la meilleure arme contre la propagation virale ». Et ce « même s’il est de plus en plus mal vécu par la population ».

Ce lundi, le Premier ministre, Jean Castex, a réuni par visioconférence les chefs de groupes à l’Assemblée et au Sénat. A l’issue de la réunion, un participant a confié à l’AFP que le gouvernement se prépare « à toutes les hypothèses » mais veut « éviter jusqu’au bout un confinement des écoles ». Un Conseil de défense sanitaire est prévu mercredi, et Castex doit prendre la parole le lendemain lors d’une conférence de presse gouvernementale.

Romain Boulho