Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Patients, soignants, jeunes, personnes en précarité... La pandémie a aussi un impact psychologique

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Par Olivier Monod, avec AFP — 21 novembre 2020 à 17:29

Effets directs du virus ou du confinement, le poids de la pandémie de Covid-19 sur la santé mentale des Français n’est pas à négliger.

Les conséquences psychologiques de la crise sanitaire inquiètent. Celles que subissent les malades du Covid pour commencer. « Au moins 20% d’entre eux portent des séquelles psychiques : trouble anxieux chronique, état de stress post-traumatique, pathologie dépressive. Les perturbations neuro-inflammatoires provoquées par le virus pourraient en être l’un des déterminants », écrit l’Académie de médecine dans un communiqué.

Les conséquences sur de la population générale qui subit son deuxième confinement, ensuite. « A Rennes, comparé à la même période en 2019, nous accueillons deux fois plus de jeunes patients aux urgences pédiatriques [pour les moins de 16 ans, ndlr] pour des crises suicidaires, trois fois plus pour les troubles anxieux avec somatisation [des douleurs physiques inexpliquées], et quatre fois plus pour les troubles anorexiques », explique la professeure en pédopsychiatrie Sylvie Tordjman à l’AFP.

Lors de son point hebdomadaire, jeudi, le ministre de la Santé avait insisté sur le sujet. « La santé mentale des Français s’est significativement dégradée […], avec une augmentation conséquente des états dépressifs observés sur tous les profils sociodémographiques », déclarait Olivier Véran.

D’après l’étude CoviPrev menée par Santé publique France, les troubles dépressifs dans l’ensemble de la population auraient en effet significativement augmenté lors de cette seconde vague, avec une prévalence doublée entre fin septembre (11%) et début novembre (21%). Les hausses les plus importantes ont été observées chez les jeunes (les 18-24 ans et les 25-34 ans), les « inactifs » et les « personnes déclarant une situation financière très difficile », indique les données de l’agence.

Si l’Académie de médecine appelle à faire la part des choses entre l’« inquiétude, la tristesse, voire le désarroi » et « la maladie dépressive », plusieurs populations semblent particulièrement fragiles. Ce sont notamment « les gens qui ont peur pour leur emploi, ceux qui ont des parents proches malades ou qui meurent, mais aussi les personnes ayant des facteurs de risque et qui ont peur de tomber malades », expliquait Anne Giersch, chercheuse à l’Inserm, à Libération.

Les soignants, en première ligne face à la pandémie, « sont reconnus à risque de présenter des troubles psychiques, en particulier des troubles anxio-dépressifs et un état de stress post-traumatique, ce qui souligne la nécessité de prendre en compte cette dimension qui pourrait à terme dissuader les vocations », explique l’Académie de médecine.

Dès la première vague, les services de psychologie s’étaient organisés pour venir au soutien de leurs collègues. « Les appels en post-traumatique, après un décès ou autre sont gérés en interne. Mais ce sont des personnes que nous verrons peut-être faire appel à nous dans deux ou trois mois », prédisait Eric Henry, président de l’association Soins aux professionnels de santé, en mars dernier.

Olivier Monod avec AFP