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Libération - Pension minimale à 1 200 euros : Gabriel Attal réécrit la promesse de campagne de Macron pour faire croire à une avancée

Mars 2023, par Info santé sécu social

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Afin de mettre en lumière les supposées améliorations de la réforme des retraites, le ministre des Comptes publics affirme que la promesse de revalorisation des petites retraites a été élargie par rapport au programme de campagne d’Emmanuel Macron. C’est faux. Et c’est même plutôt le contraire.

par Cédric Mathiot
publié le 13 mars 2023

Nous vous avons entendus. Depuis quelques jours, la majorité déroule en boucle cet élément de langage : le contenu de la réforme a été largement amendé par rapport au projet initial qui était celui du candidat Macron. Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, déclarait ainsi sur France 2, dimanche soir : « Cette réforme, elle a été présentée par le président de la République lors de la campagne présidentielle. Souvenons-nous à l’époque [...], c’était : revalorisation des petites pensions que pour les futurs retraités. Maintenant, c’est aussi pour 1,8 million de retraités actuels. Il y a eu beaucoup d’évolutions, parce qu’on a écouté. »

Sauf qu’en évoquant la revalorisation des petites retraites, Attal présente comme une concession…. quelque chose qui avait déjà été concédé lors de la campagne. L’élargissement du bénéfice de la « retraite minimale » aux actuels retraités était en effet déjà annoncé avant l’élection d’Emmanuel Macron. Il suffit d’écouter ce que le président candidat déclarait, le 13 avril sur TF1, trois jours après le premier tour : « Je veux pouvoir passer la retraite minimale pour nos retraités qui ont une carrière complète. Cette retraite minimum, elle est aujourd’hui d’un peu plus de 980 euros par mois. Est-ce qu’on vit avec 980 euros par mois après une vie de labeur ? Non. Je veux passer cette retraite minimum à 1 100 euros par mois. Pour les nouveaux retraités, comme pour toutes celles et ceux qui nous écoutent et sont déjà à la retraite. »

En fait, il s’est même plutôt passé le contraire de ce que dit Gabriel Attal. Car quand Emmanuel Macron, mi-avril 2022 lors de la campagne, évoque sa promesse de porter à 1 100 euros la retraite minimale pour une carrière complète, il ne fait pas de distinction entre les nouveaux retraités et le « stock » de retraités actuels.

Le « stock » des retraités mis enretrait
Il n’en va pas de même dans le texte de la réforme. Car la promesse d’une revalorisation menant la pension totale brute à 85 % du smic net, pour les carrières complètes, porte désormais uniquement sur les nouveaux retraités (ceux qui liquideront leurs droits après le 1er septembre 2023). Elle ne concerne pas le « stock » des actuels retraités, c’est-à-dire ceux qui ont, ou auront, liquidé leurs droits avant le 31 août 2023. Certes, ces derniers sont également concernés par une revalorisation. Mais même en ayant une carrière complète, la réforme ne leur assure pas 85 % du smic.

En résumé : non seulement les actuels retraités ayant une carrière complète étaient déjà concernés par la promesse d’une revalorisation lors de la campagne, contrairement à ce que dit Attal… Mais en plus, il était question de porter leur pension au même niveau que le minimum de pension pour les nouveaux retraités. Ce qui n’est plus le cas. Et rend à double titre difficile de parler d’une grande « évolution ».