Les retraites

Libération - Retraites : le gouvernement, la droite et le patronat veulent une réforme au plus vite

Septembre 2022, par Info santé sécu social

AFP, Léna Coulon -

Douche froide pour celles et ceux qui espéraient que le gouvernement allait mettre sous le tapis, au moins temporairement, l’allongement de l’âge de départ à la retraite. Occupé au lancement de son Conseil national de la refondation, et par la réforme de l’assurance chômage, il n’en a pourtant pas oublié cette proposition controversée du candidat Macron lors de la présidentielle. A croire que la majorité ne craint pas d’accumuler les sujets inflammables.

« Bien sûr », la réforme des retraites est une priorité, a martelé sur France Info ce matin Olivier Dussopt, avançant une reprise des négociations avec le patronat et les syndicats à partir du 15 septembre, à l’occasion de la remise d’un rapport financier et de « projections » du Conseil d’orientation des retraites. Le ministre du Travail l’affirme : « Il n’y a pas 36 solutions. Soit on augmente les impôts, les taxes, [ce que] personne ne souhaite », a-t-il affirmé, « soit on laisse filer la dette [et] ça n’est plus possible ». Soit, enfin, « on travaille plus ». Pas d’alternative, donc, au report de l’âge légal de départ à la retraite, à 64 ou 65 ans, pour Olivier Dussopt.

Dramatisation
A son tour, François Bayrou, Haut-commissaire au Plan et chef d’orchestre du CNR, a enfoncé le clou sur LCI : « [dans] quelques années, on est menacés [de ne plus pouvoir] payer les pensions. C’est ça la vraie difficulté, la vraie menace, le vrai risque. Est-ce qu’on peut accepter une perspective comme ça ? » a-t-il assuré. Même tonalité dramatique pour le président Les Républicains du Sénat, Gérard Larcher : « il est temps de dire la vérité aux Français : soit on diminue les retraites, soit on augmente les cotisations, [ce qui est] impossible en ces temps d’inflation, soit on augmente le temps de cotisation », a-t-il martelé sur France Inter.

Une « vérité » partagée par la majorité et la droite. Et par le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui s’est empressé d’apporter tout son soutien à la réforme à venir. « Il faut la faire, il faut engager les concertations, a-t-il plaidé sur France 2. On est un pays qui a des protections sociales fortes, qui doit investir dans l’école, l’armée et la santé. Et tout ça, la seule manière de le financer, c’est le travail, c’est la quantité de travail. »

Face à cette rhétorique partagée par la majorité, la droite et le patronat, les syndicats fourbissent leurs armes. Si la défense par la CFDT de la réforme de la retraite à points, tentée puis abandonnée par Emmanuel Macron, laisse chez certains de ses camarades un goût amer, la journée de grève interprofessionnelle du 29 septembre devrait marquer l’union des organisations. D’autant que l’évocation par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, dès le lendemain du second tour de la présidentielle, d’un recours possible au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites planera lourdement au-dessus des négociations à venir.