Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Libération - Une nouvelle souche met Londres sous cloche

Décembre 2020, par Info santé sécu social

Par Nina Guérineau de Lamérie — 20 décembre 2020 à 21:06

Plusieurs pays européens, dont la France, ont suspendu leurs liaisons avec le Royaume-Uni alors qu’une variante du virus a entraîné un confinement dur pour la capitale britannique et le sud-est de l’Angleterre.

Le vaccin n’a pas encore gagné. Deux semaines après le début de la campagne de vaccination au Royaume-Uni, le pays est depuis dimanche soir minuit coupé de l’Europe continentale et notamment de la France, en raison d’une nouvelle mutation du virus et de l’augmentation alarmante des infections. La plupart des Etats européens (Italie, Pays-Bas, Allemagne…) avaient dans la journée de dimanche déjà annoncé la suspension de leurs liaisons aériennes et ferroviaires avec le pays. Dimanche soir, à l’issue d’un Conseil de défense, Jean Castex a annoncé la suspension « pour une durée d’au moins quarante-huit heures de tous les déplacements de personnes, y compris liés au transport de marchandises, par voie routière, aérienne, maritime ou ferroviaire en provenance du Royaume-Uni ». Le fret non accompagné reste autorisé et l’entrée au Royaume-Uni n’est pas concernée. Ces quarante-huit heures devraient permettre « d’ouvrir un temps de coordination entre les Etats membres de l’Union européenne ».

Stocks
Le 8 décembre, la Britannique Margaret Keenan, 90 ans, devenait la première personne au monde à être vaccinée contre le Covid. Une petite piqûre qui donnait le coup d’envoi de la plus grande campagne de vaccination de l’histoire du pays. Samedi, 350 000 personnes avaient déjà reçu une injection du sérum Pfizer-BioNTech. Et dimanche, le ministre de la Santé, Matt Hancock, annonçait que ce chiffre augmenterait à 500 000 d’ici à la fin du week-end. Les premiers patients étant pour le moment le personnel hospitalier en première ligne, les personnes de 80 ans et plus, et les résidents des Ehpad.

Une autorisation du vaccin AstraZeneca, qui est toujours soumis à des essais à l’université d’Oxford, permettrait d’accélérer la campagne de vaccination. L’agence de réglementation des médicaments pourrait donner son feu vert autour du 28 décembre. Une décision qui déclencherait son déploiement immédiat. Car, bien qu’il ne soit pas aussi efficace que le Pfizer, ce vaccin est plus facile à transporter : il n’a pas besoin d’être stocké à -70 °C et peut être conservé dans un frigo classique. « Dans l’hypothèse où nous obtenons l’approbation du vaccin Oxford, nous pourrons le déployer à un rythme beaucoup plus rapide. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, tous les patients et personnels de maisons de retraite devraient être vaccinés », a estimé le président du Collège royal des médecins généralistes, Martin Marshall. Le but étant de rompre l’isolement forcé que vivent depuis mars les résidants des Ehpad.

Développer un « vaccin local » devient d’autant plus urgent que le pays fait face à d’autres problèmes : les stocks actuels du Pfizer seront épuisés fin janvier et la nouvelle mutation du Covid-19, qui se propage jusqu’à « 70 % plus rapidement » - selon Boris Johnson - dans les villes du sud-est de l’Angleterre, met les soignants sous pression alors que près de 90 % des lits d’hôpitaux sont occupés.

« Des mois »
Samedi en fin d’après-midi, le Premier ministre a annoncé la mise en place dès minuit d’un confinement à Londres et dans le sud-est de l’Angleterre pour bloquer la dangereuse remontée des cas. Dans la capitale, ils atteignaient les 360 pour 100 000 la semaine dernière - le taux le plus élevé du pays. Alors que Johnson promettait récemment aux Britanniques qu’ils pourraient déguster la dinde de Noël en famille, 16 millions d’Anglais se sont vus contraints d’annuler leurs plans dimanche, les voyages dans le pays ou à l’étranger étant désormais interdits.

A la suite de l’annonce de ce reconfinement qui pourrait durer « des mois », selon Westminster, mais dont les termes seront revus le 30 décembre, des milliers de Londoniens ont rallié samedi soir gares, aéroports et autoroutes pour tenter de fuir. Des comportements que regrette Hancock : « C’est totalement irresponsable. Je pense néanmoins que ce n’était qu’une infime partie des Londoniens, la grande majorité ayant suivi les règles, a commenté le ministre dimanche. Toutes les mesures que nous avons mises en place sont nécessaires pour contrôler la propagation du virus. Cela restera notre plus grand défi jusqu’à ce que le vaccin soit assez déployé pour protéger la population. C’est ce à quoi nous serons confrontés au cours des deux prochains mois. »