L’hôpital

Libération.fr : La mission Flash vole au secours des urgences hospitalières

Juin 2022, par infosecusanté

Libération.fr : La mission Flash vole au secours des urgences hospitalières

Les propositions sur les urgences seront remises vendredi conjointement à la ministre de la Santé et à la Première ministre. Arbitrées en amont par l’exécutif, ses conclusions devraient être d’application immédiate. Objectif : éviter un crash cet été.

par Nathalie Raulin

publié le 28 juin 2022

La mission Flash sur les urgences hospitalières a bouclé sa copie. Pilote désigné fin mai par Emmanuel Macron pour la mener à bien, François Braun devrait remettre ce vendredi 1er juillet au gouvernement la liste des leviers à actionner pour éviter un crash des urgences cet été. Soit une quarantaine de « traitements à court terme », immédiatement mobilisables par les professionnels de santé ou leur tutelle administrative. L’ennui c’est que, si l’ordonnance est prête, la question cruciale de son portage politique est posée. « Remettre des conclusions à une ministre démissionnaire, ce n’est pas l’idéal, admet le président du Samu Urgences de France et coauteur du programme santé du candidat Macron. L’objectif, c’est que nos recommandations puissent être appliquées immédiatement. Sur le terrain, ça craque de partout. La dernière mauvaise nouvelle en date, ce sont les urgences de Créteil. Pour la première fois, ils n’arrivent pas à remplir les lignes de gardes… » Pour marquer l’importance qu’il accorde au travail de la mission de « damage control », l’exécutif a décidé d’aménager le protocole initial. Au final, c’est non seulement à la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, mais aussi à la Première ministre, Elisabeth Borne, que la mission remettra officiellement son rapport.

« On a détricoté l’ensemble des blocages »
Aux praticiens, la mission propose du concret. Et ce quelle que soit la nature du problème rencontré par les professionnels de santé sur le terrain : afflux non contrôlés de patients, insuffisante mobilisation des professionnels de santé sur la permanence de soin ou accumulation de patients en attente d’hospitalisation faute de lits disponibles dans les services spécialisés des étages. « On a détricoté l’ensemble des blocages à l’origine de la saturation des urgences et on agit dessus, explique François Braun. C’est le principe de la boîte à outils. Au bout du compte, soit on reprend des mesures adoptées dans le passé mais toujours pas appliquées, soit on réclame de nouveaux textes. »

Coté recyclage, la mission remet par exemple au goût du jour une disposition adoptée dans le cadre du Pacte de refondation des urgences, voté fin 2019, mais restée dans les limbes sur le terrain. Soit la création de « bed manager », ces gestionnaires de lits chargés de trouver des lits d’hospitalisation aux malades qui stagnent sur des brancards aux urgences. « Il faudrait que cela se fasse non pas à l’échelle d’un hôpital mais à l’échelle de tous les établissements de santé d’un territoire, qu’ils soient publics comme privés, sous la tutelle de l’agence régionale de santé », insiste Braun. Ainsi, les cliniques privées qui envoient leurs patients aux urgences de l’hôpital public en cas d’urgence seraient tenues de les reprendre si une hospitalisation s’impose. « Plus généralement, il s’agirait de contraindre les établissements de santé de conserver chaque jour un certain nombre de lits disponibles de sorte à fluidifier l’aval des urgences. Ce qu’on préconise, c’est un changement de paradigme : passer d’un système basé sur l’offre de soins, à un système qui répond aux besoins de santé. »

« Trouver les budgets, ce n’est pas notre boulot »
Autre champ de prospection de la mission : la régulation des passages aux urgences. En cas de risque de saturation des services, il s’agit selon elle de lancer des campagnes de communication pour inviter la population à appeler le 15 avant de se rendre à l’hôpital. « Il faut expliquer aux gens que le but est de les orienter au mieux en fonction de leur pathologie, et qu’il n’y a pas de perte de chance », insiste François Braun. Mais, selon lui, cette mesure en appelle une autre. Car si l’on détourne le public des urgences, encore faut-il pouvoir lui proposer des solutions de soins alternatives. D’où l’impératif de remobiliser en parallèle généralistes et hospitaliers sur la permanence des soins. Un objectif qui, pour Braun, passe notamment par une augmentation de la rémunération des astreintes, des gardes de nuit et de week-end. « Là-dessus, on ne cèdera pas, insiste l’urgentiste, qui sait la mesure en cours d’arbitrage à Bercy. C’est absolument indispensable si on ne veut pas que tout explose. Trouver les budgets, ce n’est pas notre boulot. C’est aux politiques de voir. Mais, s’ils ne se bougent pas, on court à la catastrophe. Le monde de la santé est dans un tel état de délabrement et de découragement qu’il faut très vite passer des messages clairs. » Après le chamboule-tout des législatives, cela devient une gageure.