Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Mediapart : L’Allemagne se prépare à un dépistage encore plus massif

Avril 2020, par infosecusanté

Mediapart : L’Allemagne se prépare à un dépistage encore plus massif

1 avril 2020

Par Thomas Schnee

Beaucoup de personnes testées pour peu de décès. C’est le profil de l’Allemagne face à la pandémie du Covid-19. Ces résultats encourageants s’expliquent par une réaction rapide des acteurs médicaux, politiques et industriels.

À la fin du mois de mars, le ministère fédéral de la santé, qui s’appuie sur les chiffres de l’Institut Robert Koch, annonçait l’exécution d’un minimum de 300 000 tests par semaine. Le professeur Drosten évoquait pour sa part une capacité hebdomadaire de 500 000 tests. Entre les deux chiffres, l’Allemagne offre donc depuis un certain moment une capacité quotidienne de tests comprise entre 42 800 et 71 500 tests. À titre de comparaison, le ministre de la santé français Olivier Véran a annoncé samedi 28 mars que la capacité de tests classiques en France, passera de 12 000 à 30 000 par jour d’ici « une grosse semaine », avant d’être portée à 50 000 fin avril.

Le gouvernement d’Angela Merkel ne compte pas s’arrêter là : un document du ministère de l’intérieur, révélé ce week-end par plusieurs médias, prescrit une stratégie inspirée de la Corée du Sud, avec pas moins de 200 000 tests par jour. Seraient désormais testés tous ceux qui pensent être atteints du Covid-19, ainsi que toutes les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec un malade, stipule le document. Actuellement, les dépistages concernent les personnes à la fois malades et ayant été en contact avec une personne positive.

Le document évoque en outre la géolocalisation, outil utilisé par Séoul, « inévitable à long terme » pour permettre à la population de suivre les endroits où des personnes testées positives se trouvent. Déjà, l’opérateur historique Deutsche Telekom a été autorisé à fournir certaines données anonymisées des personnes contaminées afin que l’Institut Robert Koch puisse retracer les modes et lieux de contamination.

Évidemment, la mise au point d’un système de détection et de prévention sur une base de données beaucoup plus large, comme ont pu l’évoquer certains politiques, a conduit à l’ouverture d’un débat animé sur les limites démocratiques de la lutte contre la pandémie. « Une surveillance grâce aux données du portable, serait une grave attaque contre les droits de l’individu », rappelle ainsi la ministre sociale-démocrate de la justice Christine Lambrecht qui n’exclut cependant pas un tel projet sur une base volontaire et contrôlée.