Industrie pharmaceutique

Médiapart -Le vaccin de Pfizer, une machine à profits démesurés

Février 2022, par Info santé sécu social

Le prix du vaccin de Pfizer, disproportionné par rapport à son coût de production, est le reflet du pouvoir de l’industrie pharmaceutique, renforcé par la crise sanitaire. Le Paxlovid, médicament anti-Covid disponible à partir du 4 février, va encore gonfler les bénéfices de la firme américaine.

Rozenn Le Saint
2 février 2022

Déjà le plus vendu au monde, le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer est sur le point de voir son marché s’agrandir encore. Mardi 1er février, le laboratoire new-yorkais a demandé l’autorisation de commercialiser ses piqûres pour les enfants de 6 mois à 4 ans aux États-Unis : il ne restait plus qu’eux. Mais Pfizer est aussi dans le peloton de tête de la course aux traitements : le premier antiviral à prendre en comprimés sera disponible en pharmacie à partir du 4 février.

Les grands patrons de l’industrie pharmaceutique le savaient depuis le début de la pandémie : le premier arrivé dans la course effrénée aux vaccins bénéficierait d’une manne financière incroyable. Responsable du plaidoyer santé de l’ONG Oxfam, Sandra Lhote-Fernandes qualifie même l’opération de « casse du siècle ». Un « casse » avec des victimes collatérales : les populations des pays pauvres qui n’ont pas eu accès aux denrées tant convoitées.

Pénurie organisée, privatisation des bénéfices réalisés grâce à l’argent public… Mediapart décrypte point par point la machine à profits démesurés mise en place par l’industrie au fil de cette pandémie, loin de la juste rémunération du risque revendiquée par son lobby et de l’objectif de sauver un maximum de vies.

Produit pour 1 euro, vendu 17,20 euros la dose aux États-Unis
À l’été 2020, la Maison-Blanche a signé un premier chèque à l’ordre de Pfizer de 1,95 milliard de dollars (soit 1,7 milliard d’euros) pour s’assurer d’obtenir 100 millions de doses, selon le New York Times. Outre-Atlantique, le prix de la dose a été fixé à 19,50 dollars, soit 17,20 euros. Pourtant, le coût de production du vaccin de Pfizer-BioNTech a été estimé à moins de 1 euro par des chercheurs de l’Imperial College de Londres.

De fait, la recette n’est pas si compliquée et comporte des ingrédients bon marché. « L’ARN messager est simple à produire. Cela se fait en trois étapes, alors qu’il en faut dix par exemple pour fabriquer celui en préparation par Sanofi qui repose sur la technologie traditionnelle de la protéine recombinante, compare Fabien Mallet, coordinateur adjoint CGT chez Sanofi et technicien qualité. Il suffit de fabriquer l’ARN en biochimie puis de le mélanger avec de l’eau et du gras. »

Pour cette raison, au nom de la CGT, Fabien Mallet pousse à la création d’un pôle public du médicament qui ferait « contre-poids face aux Big Pharma, en fabriquant ce qui ne l’est pas en quantité suffisante ou à un prix vertigineux. Sans alternative, nous sommes cantonnés à nous plier au diktat des multinationales. Il faut revenir à ce pour quoi nous travaillons à la base dans le domaine : soigner les gens et pas les actionnaires ». Une proposition rejetée par la majorité présidentielle au printemps 2020.

Interrogé par Mediapart sur l’écart stratosphérique entre le coût de production et le prix établi dans la plupart des pays, Pfizer répond : « Pour rappel, la fixation du prix du vaccin intègre l’ensemble des coûts et pas uniquement ceux liés à la production : coûts de la recherche et du développement, études cliniques, investissement massif dans l’outil de production, transports, logistique, conservation et stockage, sécurité et qualité, activités de support (formation, commercial, administratif…). »

Pour justifier sa politique tarifaire, la firme new-yorkaise détaille : « Nous déployons une structure de prix différente selon que le pays appartient aux États à revenu élevé, moyen ou faible. Les pays à revenu élevé et moyen achètent le vaccin à un prix supérieur aux pays à faible revenu. Les pays à faible revenu achètent le vaccin au prix coûtant. » Elle estime ce « prix coûtant » à près de 6 euros. Quoi qu’il en soit, « c’est déjà trop cher pour un vaccin et pour que les pays africains puissent massivement s’en procurer », réagit Jaume Vidal, conseiller politique à Health Action International, ONG qui milite pour un accès équitable aux produits de santé.

Par ailleurs, plus les pays paient cher, plus vite ils sont servis, et vice versa. Israël et les États-Unis sont ainsi les premiers à être livrés. Alors que 60 % de la population mondiale a reçu une dose de vaccin, le ratio est seulement de 10 % pour les pays pauvres, selon Our world in data. Et encore, la majorité y a accès grâce à des dons, et non des achats directs. Les pays à bas revenu sont les derniers clients de la file d’attente des fabricants de vaccins à ARN messager.

Avec ces marges disproportionnées, le vaccin Covid-19 a rapporté à Pfizer près de 36 milliards de dollars de chiffre d’affaires en un an (près de 32 milliards d’euros). Le laboratoire n’espérait pas tant début 2021 : il estimait pouvoir empocher 15 milliards de dollars (13 milliards d’euros) dans l’année grâce à son vaccin, mais le carnet de commandes s’est rempli davantage que prévu avec le lancement des campagnes de rappel dans les pays riches.

Les prix ont été initialement établis dans le cadre de la pandémie à une valeur inférieure à celle qui aurait été négociée dans une situation de marché.

Comment justifier ces profits outranciers ? Les producteurs de médicaments usent toujours du même argument pour justifier des tarifs décorrélés de leur coût de fabrication : celui des coûts d’hospitalisation évités. Et, alors que la saturation des salles de réanimation et le coût global de la pandémie sont les principaux indicateurs suivis par les gouvernements, le principe n’est pas remis en question.

Dans cette logique, avec un tarif autour de 15-20 euros la piqûre, Pfizer aurait presque fait une fleur aux gouvernements ? Le Financial Times indique qu’à l’été 2020, après la terrible première vague, Pfizer a tenté d’imposer le prix hallucinant de 100 dollars la dose, soit 89 euros.

Interrogé sur ce tarif envisagé, Pfizer répond simplement à Mediapart : « Pour tenir compte de l’urgence sanitaire mondiale, les prix ont été initialement établis dans le cadre de la pandémie à une valeur inférieure à celle qui aurait été négociée dans une situation de marché. » En l’occurrence, la dure loi de l’offre, rare, et de la demande, planétaire.

« S’il n’y avait pas eu la concurrence de Moderna, Pfizer aurait pu imposer des prix encore bien plus élevés, analyse Nathalie Coutinet, enseignante chercheuse à l’université Paris XIII et coautrice de Économie du médicament (La Découverte, 2018). Cela illustre un vrai danger, celui d’une ou deux firmes qui ont dans leurs mains la santé mondiale. C’est déjà plus ou moins le cas, mais si Pfizer avait été seul sur le marché des vaccins à ARN messager, cela aurait été encore pire. »

Créer la rareté pour augmenter les dividendes

D’ailleurs, Pfizer n’est pas la seule entreprise à avoir tiré profit de la crise sanitaire. La fortune des milliardaires a connu, depuis le début de la pandémie, « sa plus forte augmentation jamais enregistrée », d’après le rapport sur les inégalités mondiales 2022 d’Oxfam. L’ONG avait déjà calculé que les vaccins contre le Covid-19 avaient créé au moins neuf nouveaux milliardaires, parmi lesquels le Français Stéphane Bancel, PDG de Moderna, et Uğur Şahin, celui de BioNTech, le Petit Poucet partenaire du géant pharmaceutique Pfizer. « Cela montre que les profits tirés des vaccins sont totalement excessifs, nous sommes dans un cas d’abus d’utilisation des brevets », commente Nathalie Coutinet.

La rareté de l’offre a fait monter les prix, d’où la défense immuable des brevets par les firmes pharmaceutiques puisqu’ils leur offrent un monopole pendant vingt ans. Quand ils tombent ensuite dans le domaine public, l’arrivée de la concurrence des génériques ou biosimilaires, les reproductions de médicaments à bas coût, font automatiquement chuter les prix.

La situation de pénurie organisée au début des campagnes vaccinales dans les pays riches servait un but : engranger le maximum de profits en un minimum de temps.

Préserver un monopole, surtout en période de pandémie, au moment où le monde entier a besoin du même produit, garantit des gains sans pareils. Un des arguments dégainé par l’industrie pour justifier son refus de suspendre temporairement ses droits sur la propriété intellectuelle est que cela ne répondrait pas à l’urgence de la situation. Et ce, compte tenu du temps de formation et de transfert de compétences nécessaire pour développer un produit innovant, l’ARN messager.

Sauf que la biotech Moderna, incapable de produire massivement, l’a fait en un temps record en sous-traitant à l’industriel suisse Lonza la production de son vaccin, via un accord de licence volontaire : la recette reste chasse gardée et l’offre du produit tant convoité, contrôlée.

Médecins sans frontières a ainsi identifié plus d’une centaine de sites dans le monde capables de produire cette nouvelle génération de vaccins. « Au Canada, trois firmes seraient disponibles pour produire des vaccins à ARN messager mais on ne peut pas y avoir recours pour des raisons de propriété intellectuelle, a dénoncé Marc-André Gagnon, professeur de politique publique de l’université Carleton d’Ottawa, à l’occasion des rencontres Prescrire 2022. Le brevet devient un obstacle à l’effort de guerre contre le Covid-19. »

Le colosse Pfizer, lui, pouvait déjà compter sur sa machine de guerre en interne pour produire en grande quantité… Mais toujours pas assez pour livrer le monde entier. Même sans levée des brevets, « si Pfizer avait multiplié les contrats de licence volontaire dans la plupart des pays, nous aurions gagné six mois et les populations les moins riches auraient eu accès aux vaccins plus tôt. La situation de pénurie organisée il y a un an lors du début des campagnes vaccinales dans les pays riches servait un but : fixer des prix forts et engranger le maximum de profits en un minimum de temps », assure la chercheuse Nathalie Coutinet.

Les firmes se comportent comme des cartels.
Jaume Vidal, conseiller à Health Action International

En Europe, plus des trois quarts des doses de vaccins injectés sont des produits issus des usines de Pfizer. La firme a écrasé la concurrence. Son produit est rapidement devenu le plus connu et reconnu du grand public, à destination de tout le monde, même des enfants.

Le plan de Pfizer n’a subi aucun accroc, alors que du fait d’effets indésirables détectés, comme de rares thromboses, le vaccin AstraZeneca a été réservé aux plus de 55 ans dès mars 2021, tout comme celui de Johnson & Johnson dans un premier temps. Puis, en novembre 2021, alors qu’on décrivait jusqu’alors le vaccin Moderna comme le « frère jumeau » de celui de Pfizer (mais il est davantage dosé en ARN messager), le premier a été contre-indiqué aux moins de 30 ans, du fait des signaux de risques cardiaques repérés par la pharmacovigilance sur les plus jeunes.

Les deux vaccins à ARN messager sont extrêmement efficaces pour éviter les formes graves de Covid-19. D’ailleurs, ils ont symboliquement été désignés « Pilules d’or 2021 » par la revue médicale indépendante Prescrire du fait de leur « progrès thérapeutique décisif dans un domaine où patients et soignants étaient totalement démunis ».

Les deux producteurs en ont alors profité pour augmenter le prix de leur dose vendue à l’Europe à la mi-2021 dans la perspective de la campagne de rappel. Sur le Vieux Continent, il serait passé de 15,50 euros à 19,50 euros pour Pfizer et de 19 euros à 22,60 euros pour Moderna, d’après le Financial Times. Les pouvoirs publics auraient donc déboursé plus de 50 euros pour chaque habitant⸱e ayant reçu deux doses de Pfizer puis une piqûre de rappel.

« Visiblement, les contrats prévoient une possibilité d’augmenter unilatéralement le tarif des doses. Compte tenu du rapport de force déséquilibré, les pays n’ont même pas la main sur le prix des vaccins qu’ils achètent », déplore Pauline Londeix, cofondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.

La transparence, justement, n’est pas de mise. Alors que les vaccins sont achetés par les États, les accords passés avec les laboratoires ne sont même pas entièrement rendus publics. Des bribes de contrats sont disponibles, mais les passages clés ont été noircis. Interrogé sur la fixation des prix, Pfizer met en avant des « discussions confidentielles ».

« En établissant des tarifs très élevés et dans la même fourchette de prix, les firmes se comportent comme des cartels », dénonce Jaume Vidal, de Health Action International. Néanmoins, Pfizer rappelle qu’« en Europe, le prix du vaccin a été négocié par la Commission européenne pour le compte des 27 États-membres, il n’est donc pas librement fixé par le fabricant ». De quoi se protéger d’accusations de possibles ententes sur les prix.

« Si les États ne sont pas capables de négocier des prix plus bas, d’autant moins pendant une pandémie, face au cynisme des entreprises pharmaceutiques qui réalisent des profits exorbitants malgré l’urgence et les millions de morts, pourquoi les pouvoirs publics ne limitent-ils pas les dividendes versés aux actionnaires ? », interroge alors Jaume Vidal.

« L’augmentation du dividende est le reflet direct de notre solide performance financière », a déclaré Albert Bourla, le PDG de Pfizer, en annonçant le 333e dividende trimestriel consécutif versé par l’entreprise, en décembre 2021.

Le brevet, « rémunération d’une innovation » ou « casse du siècle » ?
« En période de pandémie, le brevet crée la rareté. Tout est axé pour maximiser le profit des actionnaires sans que les bénéfices pour la santé publique, eux, soient maximisés », regrette le chercheur Marc-André Gagnon. Pour justifier son refus de suspendre même temporairement les droits de propriété intellectuelle, le lobby pharmaceutique met en avant l’effet boule de neige que cela engendrerait à moyen terme. Comme l’idée est de récompenser l’effort de recherche et de développement (R&D) des firmes, celles-ci renonceraient sinon à investir dans l’avenir, ce qui se ferait au détriment de l’innovation et des patients.

Les entreprises se font ainsi entendre au plus haut niveau de l’État. Emmanuel Macron l’a reconnu à l’occasion de sa prise de la présidence du conseil de l’UE le 19 janvier : interpellé à ce sujet par l’eurodéputée Manon Aubry (La France insoumise), le chef de l’État a indiqué que « la France a été pour [le brevet libre – ndlr]. C’est facile pour la France d’être pour parce que nous n’avons aujourd’hui pas de brevet, parce qu’il se trouve que les industriels français n’ont pas trouvé de vaccin ». Sanofi, pourtant, est toujours en train de chercher…

Puis Emmanuel Macron a indiqué comprendre le refus de « nos voisins [qui] nous ont aidés à nous vacciner et [qui] ont des industriels qui ont une propriété intellectuelle, (…) la juste rémunération d’une innovation ». En l’occurrence : l’Allemagne, la patrie des patrons de BioNTech, le binôme de Pfizer dans cette quête du vaccin.

Le président de la République a ensuite estimé que le brevet n’était pas un frein aux capacités de production de vaccins, annihilant tout espoir d’une position commune de l’Europe en faveur de leur levée. De quoi dépiter Sandra Lhote-Fernandes, de l’ONG Oxfam. « Ce refus est injustifiable, dénonce-t-elle. Les laboratoires profitent de leur monopole et font des bénéfices faramineux sur de l’argent public. »

« Juste rémunération d’une innovation » ou « casse du siècle » ? Deux visions s’opposent. S’agissant de Moderna, la réponse est claire : « L’immense majorité de l’effort de recherche attribué à Moderna sur le vaccin Covid-19 a en réalité été assumé par les pouvoirs publics qui auraient au moins pu exiger, en échange, que l’entreprise fasse en sorte d’augmenter les capacités de production, ce qui aurait permis une baisse globale des prix des vaccins », argumente Pauline Londeix, militante de l’accès équitable aux produits de santé.

Pfizer a tiré indirectement avantage du soutien des pouvoirs publics
Albert Bourla, le PDG de Pfizer, lui, s’enorgueillit de s’être dégagé de l’opération baptisée « warp speed », « vitesse de l’éclair », un partenariat public-privé mis en place par l’administration Trump pour accélérer le développement, la fabrication et la distribution de vaccins contre le Covid-19. Il laisse courir le bruit que s’émanciper des pouvoirs publics lui aurait permis d’échapper à la bureaucratie et d’aller encore plus vite que la vitesse de l’éclair.

Or, d’une part, la première piqûre de vaccin Covid-19 homologué en France était bien un produit de Pfizer : Mauricette a reçu sa dose devant les caméras le 27 décembre. Mais les livraisons de son concurrent Moderna sont arrivées le 11 janvier, soit seulement trois semaines après le lancement de la campagne vaccinale sur le Vieux Continent.

D’autre part, Pfizer a beau indiqué avoir « assumé seul les coûts de développement et de production du vaccin, sans bénéficier de subventions publiques ou privées », en réalité, la firme a indirectement tiré avantage du soutien financier des pouvoirs publics. Et plutôt deux fois qu’une. En amont, d’abord : on ne doit pas à Pfizer la découverte de l’ARN messager, l’élément clé de son vaccin, mais à des chercheurs de l’université de Pennsylvanie qui ont inventé la technologie capable de le fabriquer.

C’est ensuite la biotech allemande BioNTech qui a créé le vaccin en se servant de cette trouvaille issue de la recherche publique… Avant de proposer un partenariat avec Pfizer afin de bénéficier de sa force de frappe industrielle. Or BioNTech a reçu jusqu’à 375 millions d’euros de financement du gouvernement allemand pour le développement du vaccin, d’après le Financial Times. La Commission européenne indique aussi à Mediapart avoir versé 100 millions d’euros à l’entreprise allemande pour l’épauler dans ses recherches.

En fait, l’industrie pharmaceutique sous-traite de plus en plus la R&D à des petites entreprises, et donc le risque. « Avec ce capital risque développé par les biotechs depuis les années 1980, deux cycles de rémunération de capital s’enclenchent : celui des start-up et celui de la firme pharmaceutique qui développe le médicament, d’où la tendance inflationniste des prix », analyse Maurice Cassier, sociologue au CNRS et au Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale et société (CERMES3) à Paris.

Par ailleurs, en aval de l’invention, des centaines de millions d’euros d’avances ont été versées par les gouvernements au moment de la signature des contrats de pré-achats. « Pfizer a bénéficié de garanties de marché avec ces accords d’achats anticipés. C’est une autre façon de se décharger du risque, le brevet n’est alors pas justifié », considère le spécialiste des politiques publiques Marc-André Gagnon.

En prenant un minimum de risques pour réaliser un maximum de profits, Pfizer sort grand gagnant de cette crise sanitaire. D’autant qu’après avoir tiré son épingle du jeu avec le vaccin, il conquiert à présent le marché du curatif avec l’arrivée de son médicament à avaler en cas d’infection au Sars-CoV-2 pour éviter les formes graves de la maladie. Encore une fois, Pfizer a misé sur le bon cheval.

Le Paxlovid sera le premier traitement contre le Covid-19 vendu en pharmacie, sous prescription médicale. « Les premiers patients français pourront être traités à partir du vendredi 4 février », précise le ministère de la santé, qui se vante que « la France sera le premier pays de l’Union européenne à mettre à disposition ce médicament ».

Les États se l’arrachent. La France a commandé, seule, 500 000 doses, faisant fi des négociations communautaires inaugurées pendant la pandémie au nom de la solidarité européenne. De quoi faire fonctionner à plein la machine à augmenter les prix.

Il devrait approcher celui défini aux États-Unis, soit autour de 500 euros. Mais ni Pfizer ni le ministère de la santé n’ont accepté de communiquer sur le tarif fixé.

Rozenn Le Saint