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Miroir social - Bailleurs sociaux contre Macron : mal-logés et locataires ne sont pas des pions !

Octobre 2017, par Info santé sécu social

Sources : Collectif Mal-logés en Colère

Depuis cet été et l’annonce de la baisse de l’APL par le gouvernement, puis celle d’une baisse des loyers du logement social censée la compenser, le Ministère de la Cohésion des territoires et les bailleurs sociaux s’affrontent de manière inédite.

Toutes les parties prenantes revendiquent la défense des mal-logés et des locataires HLM. Après une campagne présidentielle marquée par une indifférence médiatique et politique globale sur la question du logement, celle-ci semble revenue au cœur des préoccupations.

En apparence, seulement. Ce qui risque de sortir de cette guerre entre décisionnaires sur le logement, c’est une aggravation immédiate de la situation des millions de personnes concernées.

Si la baisse de l’APL est entérinée, elle touchera les locataires les plus modestes du parc privé. Mais elle n’épargnera pas les locataires du logement social : il pourra par exemple s’écouler des mois entre le moment où une partie de l’APL sera retirée aux locataires et celui où les bailleurs sociaux seront réellement contraints d’appliquer la baisse des loyers. L’attaque contre l’APL est donc inacceptable pour tous.

Mais la stratégie des bailleurs sociaux l’est tout autant et elle doit être dénoncée : tous prétendent défendre les mal-logés et les locataires. Mais tous ont aussi décidé de compenser la baisse de leurs ressources en s’en prenant aux mal-logés et aux locataires.
(source Paris Habitat)

C’est notamment le cas dans la capitale où les bailleurs contrôlés par la Ville de Paris menacent ouvertement de ne plus assumer les tâches qui sont les leurs : Paris Habitat annonce 600 logements neufs en moins, et 1 200 réhabilitations déprogrammées. Le premier bailleur social de la Ville justifie ce chantage insupportable par une perte estimée à 30 millions d’euros si la baisse des loyers était entérinée. On rappellera que le siège actuel du bailleur, objet d’un rapport de la Cour des comptes avait coûté la bagatelle de 138 millions d’euros, sans que cela ne suscite le moindre doute sur la perte d’argent pour le logement social proprement dit.

Les menaces de Paris Habitat ont été suivies de celle d’Anne Hidalgo et d’Ian Brossat, formulées dans un courrier adressé à l’ensemble des locataires des trois bailleurs sociaux parisiens : nous voilà avertis, nous pouvons renoncer à avoir des logements en bon état, aux travaux qui incombent à tout propriétaires et même très précisément « au changement des fenêtres ».

Étrangement, ce courrier n’a pas été envoyé aux entreprises qui bénéficient de bureaux et de locaux à des loyers bien inférieurs à ceux du marché dans les innombrables incubateurs construits et financés par la Ville et ses bailleurs : la seule RIVP revendique ainsi 153 000 m2 réservés aux entreprises, notamment aux start-ups. Ce budget-là ne sera pas touché par la ruine annoncée. Bien au contraire, de nouveaux incubateurs sont programmés un peu partout sur le territoire parisien.

Ian Brossat et Anne Hidalgo n’ont pas non plus annoncé d’économies sur les programmes de subventionnement des propriétaires bailleurs privés, par exemple, à travers le dispositif Multiloc. Et les JO sont toujours programmés dans la capitale : si la Ville a suffisamment de finances pour construire des équipements olympiques, elle a en assez aussi pour alimenter le budget des bailleurs sociaux !

Par principe donc, ce sont les Parisiens les plus modestes qui devront payer la facture des affrontements entre le gouvernement , les élus locaux et les bailleurs sociaux. Qu’ils soient locataires du privé et perdants sur l’APL, demandeurs de logement condamnés à subir le blocage arbitraire de la production ou locataires du parc social privés de rénovations de leur logement dégradé.

Avec une rare indécence, Anne Hidalgo et Ian Brossat après les avoir informés qu’ils les priveraient de leur droit fondamental à un logement décent, osent leur demander de se mobiliser à leur côté.

La réponse est toute simple : la mobilisation pour le droit au logement de tous se fera en toute indépendance contre tous ceux qui le remettent en cause.