Luttes et mobilisations

Miroir social - Pas touche à l’APL, oui à la baisse des loyers

Septembre 2017, par Info santé sécu social

Blog du collectif des Mal-logés en Colère

Depuis des semaines, le gouvernement et les bailleurs sociaux s’affrontent sur le sujet de la baisse de l’APL et du niveau des loyers. Dans cette affaire, tout le monde prétend défendre les locataires et les mal-logés. Mais dans ce débat piégé, les premiers concernés sont surtout les dindons de la farce.

Il n’y a évidemment aucune nécessité de baisser les allocations de logement : si le gouvernement veut faire des économies, qu’il aille plutôt regarder du côté des budgets consacrés à l’aide à l’investissement immobilier privé dont les résultats catastrophiques en termes d’arnaques immobilières et de logements inutiles ont récemment été mis en lumière. Mais la question du niveau des loyers dans le logement dit social n’est pas un détail ; elle est au centre des causes du mal-logement d’une partie de la population.

Nous avons donc manifesté aujourd’hui devant le siège de la RIVP, deuxième bailleur social de la Ville de Paris : sur plus de 50 000 logements, la RIVP ne propose que 1 400 logements très sociaux, contre 15 000 PLS, aux loyers les plus chers du logement social et presque 4 000 PLI, bien au-dessus des plafonds de ressources HLM. 

En résumé, les logements correspondant aux revenus de ceux qui ne peuvent pas du tout se loger dans le privé constituent une minorité du parc du bailleur social : si la situation est ancienne, la RIVP continue chaque année de construire plus de PLS que de logements très sociaux !

Dans ces conditions, l’accès des catégories populaires au parc social se restreint sans cesse : une grande partie des logements neufs est inaccessible aux salariés modestes, aux familles monoparentales, aux retraités, aux précaires etc. Dans le même temps, de nombreux locataires du parc social sont bloqués dans des logements trop petits car aucun logement adapté à leur composition familiale et à leurs ressources n’est disponible.

En réalité, les grands bailleurs sociaux et le gouvernement sont d’accord sur la destruction progressive du vrai logement social.

La baisse des loyers dans le logement dit social est donc une vraie question et une vraie solution à la question du mal-logement : les bailleurs sociaux qui prétendent ne pas vouloir en entendre parler au nom de la défense des « plus fragiles » se moquent du monde. Sous couvert de mixité sociale, il y a bien longtemps qu’ils excluent de fait une majorité des demandeurs de logement à bas revenus.

Mais la baisse de l’APL n’y changera rien : elle frappera d’abord les locataires les plus pauvres dans le secteur privé. Dans le même temps, le gouvernement a supprimé plus de 180 millions d’euros de crédit pour construire du logement social, soit l’équivalent de 12 000 logements très sociaux.

En réalité, les grands bailleurs sociaux et le gouvernement sont d’accord sur la destruction progressive du vrai logement social : d’ailleurs, à voir la « diversification » des activités de la RIVP, on se rend vite compte que les bailleurs sociaux deviennent des propriétaires comme les autres.

La capitale manque cruellement de logements sociaux et le manque de foncier et de moyens financiers est toujours invoqué par les élus parisiens pour justifier l’augmentation exponentielle du nombre de demandeurs de HLM dont les droits sont bafoués (220 000 en 2016) : mais la RIVP gère aujourd’hui un parc flambant neuf de 153 000 m2 d’hôtels d’entreprise et autres incubateurs de start-ups. Pour avoir occupé certains d’entre eux et dénoncé une politique qui accorde aux entreprises ce que l’on n’accorde pas aux mal-logés dans le besoin, notre collectif est « puni » par la direction de la RIVP , qui refuse tout dialogue social car nos « méthodes » ne lui plaisent pas.

Malheureusement, la lutte est bien le seul moyen de faire respecter nos droits élémentaires, que ça plaise ou non à Frédérique Calandra, maire du XXème arrondissement et présidente de la RIVP : nous ne nous laisserons voler ni nos APL, ni nos logements sociaux, ni notre droit au logement.