NPA : 500 millions de masques dans la grande distribution, pendant que la pénurie continue à l’hôpital

PAR
Isabelle Ufferte

À l’hôpital, l’hygiène et la gestion du risque de la contagion, c’est notre métier… Depuis des années, des protocoles détaillés définissent le type de protection que les soignantEs et les différents intervenantEs doivent porter pour protéger les patientEs, se protéger eux-mêmes et ne pas disséminer bactéries et virus... des mesures qui se renforcent régulièrement.

Mais depuis le début de l’épidémie, au CHU comme partout, les consignes n’ont cessé de se dégrader... pour s’adapter à la pénurie !

Là où hier il fallait porter absolument des masques FFP2, on a expliqué que les masques chirurgicaux faisaient l’affaire… puis on a vu arriver des masques périmés (qui équipent en ce moment certains blocs opératoires !). Plus récemment, les services considérés moins « exposés » ont été « équipés » de « masques » que la direction fait confectionner sur place,

dans des bouts d’alèses ou de champs jetables agrafés.

Cette situation est d’autant plus choquante que depuis une semaine, la grande distribution annonce à grand renfort de publicité s’être procuré 500 millions de masques chirurgicaux !

Les soignantEs 11 fois plus touchéEs par le Covid

Auchan, Leclerc, Carrefour… ont donc su trouver, avec le soutien du gouvernement… ce qui manque tant aux hospitaliers, aux médecins et infirmiers libéraux, aux kinés, aux salariéEs d’Ehpad, de l’aide à domicile…

Le gouvernement, incapable de protéger les personnels de santé, reste silencieux sur le nombre de celles et ceux qui ont été contaminés. Les chiffres communiqués il y a 15 jours par la direction de l’AP-HP (Hôpitaux de Paris) sont eux édifiants : « 4 275 professionnels de l’AP-HP ont été ou sont atteints de Covid-19 », soit 4 % des effectifs tous métiers confondus.

Au niveau national, une enquête de la CGT réalisée fin avril estime qu’au moins 12 000 salariéEs d’hôpitaux, cliniques, Ehpad et autres établissements ont été contaminés sur 545 000 concernés par l’enquête, soit un risque 11 fois supérieur à celui de l’ensemble de la population.