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NPA - L’extrême droite surfe sur les inquiétudes

Mars 2020, par Info santé sécu social

Le RN comptait sur les municipales. Avec la réélection de ses maires, son principal objectif est certes atteint, mais le RN a été touché par l’abstention de son électorat. L’appel du RN à conforter son implantation locale n’aura pas vaincu les angoisses liées à l’épidémie. Crainte de la maladie, inconnue sur les capacités de soin, adaptation au confinement : les extrêmes droites, RN en tête, alimentent les inquiétudes.

Il suffit qu’un journal suisse fasse un « reportage » sur Saint-Denis (93) pour que la facho­sphère n’en retienne que résistance au confinement et théorie du complot. Évidemment rien n’est dit sur la situation du logement dans cette ville qui complexifie le confinement : manque de logements sociaux et parc privé qui concentre les plus pauvres, la sur-occupation et l’insalubrité... Il n’est pas question pour elle de s’interroger sur la difficulté de s’adapter à une situation inédite, que ce soit dans les villes populaires, dans les « beaux quartiers » ou le rural isolé. Le but est tout autre : alimenter la xénophobie.

État fort et soutien au patronat des TPE-PME

Face à la crise sanitaire, les extrêmes droites ne posent pas la question première du service public de santé mais se focalisent sur une surenchère sécuritaire : couvre-feu et fermeture des frontières. Il faut dire que lorsqu’on joue la carte du discours guerrier, le RN répond présent. Sa première critique porte sur la faiblesse du gouvernement. Avec cet état d’esprit, l’extrême droite est unanime pour dénoncer un « scandale d’État » et réclame qu’« ils » rendent des comptes après la crise. Ici, le RN espère bien sûr se placer comme le parti responsable dont la cheffe aurait déjà tout dit il y a plusieurs semaines... C’est l’occasion de réclamer un État fort, et les députés RN se félicitent d’avoir voté pour l’instauration de l’état d’urgence sanitaire.
Ils sont pourtant assez silencieux sur le contenu d’une loi qui donne globalement les mains libres au patronat pour modifier la durée du temps de travail, la fixation des jours de RTT et des congés, et fragilise un peu plus la représentation du personnel. Mais tout cela cadre assez bien avec la proposition de Marine Le Pen qui demande, en complément des aides du gouvernement, que la Banque de France, grâce au plan de soutien de la Banque centrale européenne, verse 1 000 euros par salariéE sur les comptes des entreprises de moins de 1 000 salariéEs pour qu’elles se dotent de « fonds propres pérennes ». Les extrêmes droites ne posent évidemment pas la question du contrôle démocratique de la production : qui décide des activités essentielles ? Comment s’assure-t-on des conditions de travail ? Mais pour quoi faire... puisque dans l’explication nationale-conservatrice, les dérives du capitalisme se combattent à coup de « morale commune ». Le patronat des TPE-PME devient alors la base de « la résistance de la société française à cette épreuve » (Marion Maréchal). Le RN a choisi sa classe.

Couvrir leur voix

La situation actuelle révèle des facteurs de crise réunis depuis longtemps. Ici encore, les extrêmes droites ne sont pas en reste. Le non-respect des frontières et la mondialisation des échanges sont leur première explication. Comme si la diffusion des épidémies avait attendu le tournant libéral du capitalisme tardif. Il suffirait alors de s’appuyer sur le « carré magique de la survie » (Philippe de Villiers) pour résoudre la crise : frontière-souveraineté-localisme-famille. Le moment est malgré tout favorable pour que, toujours un peu plus, un logiciel d’extrême droite vienne répondre aux préoccupations écologistes et aux interrogations devant la logique de concurrence et de profits dont les populations payent la crise.
Sur quelles bases concrètes se construira la nécessaire solidarité pour affronter cette situation inédite et complexe ? Quelles sont les mesures d’urgence qui répondent vraiment aux besoins des couches populaires et à leurs intérêts de classe ? Quelles explications donner à cette période ? Les idées d’extrême droite en rajoutent à la confusion ambiante. Notre capacité à en prendre la mesure et couvrir leur voix sera déterminante dans l’après-crise. Le RN, principale organisation à l’extrême droite, se positionne pour renforcer l’implantation qu’il a, en partie, raté avec le premier tour des municipales.

Commission nationale antifasciste