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NPA - L’heure est à la reprise de nos luttes

Mai 2020, par Info santé sécu social

JOSÉPHINE SIMPLON

À l’heure où nous écrivons ces lignes, le déconfinement est lancé et, sans surprise, l’amateurisme et les mensonges de celles et ceux qui nous gouvernent continuent, avec comme seule préoccupation la « reprise de l’économie » qui, dans les faits, signifie la course aux profits, coûte que coûte.

À écouter les médias et commentateurs en tout genre, la première journée du déconfinement aurait été une vraie réussite, en particulier dans les transports en commun en région parisienne... C’est oublier un peu vite ces images de trains bondés par des « premierEs de corvée » sans possibilité de distanciation physique. Et malgré les cas de nouveaux « clusters » apparus ces derniers jours, Macron et ses portes-flingues ne dérogent pas à leur calendrier pour faire en sorte que touTEs les salariéEs reprennent le travail en dépit des risques qui continuent d’exister.

Marche ou crève ?

Le gouvernement a donc décidé de tout faire pour qu’une majorité des salariéEs retournent au boulot à partir du lundi 11 mai, avec notamment l’ouverture des écoles. Mais malgré le discours du gouvernement, relayé par des médias aux ordres, indiquant que 86 % des écoles seront rouvertes au plus tard le jeudi 14 mai, la réalité est autre. Dans les faits, seulement un enfant sur six va reprendre le chemin de l’école ces prochains jours, et d’ores et déjà, dans de nombreuses écoles, les droits d’alerte, les droits de retrait, sont à l’ordre du jour face à la pénurie des moyens pour assurer des conditions de sécurité pour les personnels et les élèves. Mais pour Blanquer, « il y a plus de risques à rester chez soi que d’aller à l’école »... Si c’était le cas, pourquoi avoir fermé les écoles pendant deux mois ? Sans oublier ces deux nouveaux clusters lors de la préparation de la pré-rentrée…

Bruno Le Maire, qui depuis des semaines appelle à la « reprise » de l’économie, l’a fait une nouvelle fois le lundi 11 mai, taclant au passage la CGT de l’usine Renault de Sandouville qui, après avoir constaté que les conditions pour préserver la santé des salariéEs n’étaient pas réunies, a fait appel à la justice. Cette dernière a décidé de fermer l’usine au vu de la situation. Mais pour le ministre de l’Économie capitaliste, « les raisons mises en avant par la CGT sont extrêmement fragiles », et il condamne une décision « mauvaise pour la nation française ». Cet avis bénéficie malheureusement de la caution des autres organisations syndicales, hors Solidaires, et il est partagé, sans grande surprise par Pénicaud qui, rappelons-le, a suspendu il y a peu un inspecteur du travail qui se battait pour la santé de salariéEs.

Travaille et tais-toi !

Comme à chacune des étapes de cette crise, le pouvoir dévoile son objectif fondamental : faire passer les profits des grandes entreprises avant la santé, les conditions de vie et de travail des classes populaires.

Le gouvernement ne distribue pas de masques gratuits... mais les rend obligatoires dans les transports en commun sous peine d’une amende de 135 euros, allant jusqu’à mobiliser 20 000 policiers pour que cette obligation soit respectée. La répression et les attaques contre nos libertés individuelles n’ont, elles, pas été confinées : la manifestation contre les violences policières à L’Île-Saint-Denis ce lundi a été nassée, après que les manifestations du 1er Mai ont été interdites et réprimées. Et à défaut de tests pour touTEs et de distribution massive et gratuite de masques, comme cela se fait dans d’autres pays, toutes les mesures liberticides sont permises au nom de la lutte contre la pandémie, avec une surveillance accrue de nos faits et gestes. C’est le cas notamment à la RATP qui a décidé d’installer des caméras de surveillance « intelligentes » afin de vérifier qui porte ou pas un masque !

Et derrière la situation sanitaire, la pression de la crise économique sert à attaquer les droits de l’ensemble des salariéEs, du privé comme du public : offensive sur le temps de travail ; licenciements massifs des CDD et intérims ; vol des journées d’ARTT et de congés (dans les entreprises comme dans la fonction publique)… Et on n’en est qu’au début, si on les laisse agir.

Déconfinons nos revendications, construisons la riposte

Pour les capitalistes et le pouvoir qui leur est totalement infoédé, préparer leur « monde d’après », c’est prendre la machine à remonter le temps pour liquider nos droits, pour que le monde du travail paye la crise sanitaire ! À n’en pas douter, ils y sont prêts. Et nous ?

Après deux mois de confinement, où les résistances ont été, de fait, plus discrètes mais où la colère s’est amplifiée contre l’irresponsabilité de Macron et ses amis, le retour de la lutte des classes est plus que jamais d’actualité. Sur les lieux de travail et dans les quartiers, nous pouvons reprendre contact « physiquement » avec nos collègues de travail, avec nos voisins, avec les différents collectifs ou cadres de mobilisation (ceux notamment nés dans le cadre de la mobilisation pour les retraites il y a quelques mois), tenir des réunions à distance ou en respectant les gestes barrières, afin de nous organiser.

Imposer un « bouclier sanitaire » (avec l’embauche de personnels de santé et la réouverture des lits dans les hôpitaux), la distribution de masques gratuits et une politique de dépistage massif, l’arrêt des productions non essentielles, le droit de retrait pour celles et ceux qui se sentent menacés au travail, la garantie d’un maintien du salaire (chômage partiel, garde d’enfant…), l’interdiction des licenciements et des suppressions d’emploi, le gel des loyers, la défense des libertés publiques : autant de terrains de mobilisation, à commencer par nos lieux de travail, pour gagner la protection de notre camp social, pour résister à un système de plus en plus mortifère.