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NPA - La marche autoritaire de Macron et de son gouvernement

Mars 2020, par Info santé sécu social

Le gouvernement a organisé par décrets depuis le 14 mars le confinement généralisé. Tout en essayant de protéger l’économie, « les premiers de cordée » chers à Macron, plutôt que les salarié·es, lesquels ont compris depuis longtemps que rien ne « ruissellerait » jamais pour eux de l’abondance donnée aux premiers !

En refusant de stopper toutes les productions non indispensables, donc inutiles en ce moment de pandémie, il met les travailleurs en danger. Et il se moque bien d’envoyer sans aucune protection, même si déjà certain·es y ont laissé leur vie, tous les salariés et salariées dont le travail permet d’assurer les besoins vitaux de tous. L’application de ces décrets se fait à coups de militarisation de l’espace public et de sanctions surdimensionnées. Alors pourquoi avoir en plus fait adopter à la va-vite une loi créant un état d’urgence sanitaire (EUS) ?

« Leur guerre, nos morts »

Macron ne remet en cause évidemment strictement rien des responsabilités totales de son monde. Ni la barbarie de l’économie capitaliste, ni la casse systématique de tout ce qui nous permet de vivre ensemble, de faire société : nos services publics, les services de santé, de soins, l’éducation nationale, la recherche publique… la prise en compte de qualité des plus fragiles. Pire, lui et ses pairs ont bien l’intention que tout recommence comme avant dès que cette épidémie sera terminée. Tout : leurs profits exorbitants, notre exploitation insupportable. C’est pour cela que le soutien à l’économie, 300 milliards d’euros rien qu’en France, est déjà acté. C’est pour cela qu’il lui faut aussi déclarer l’assignation à résidence pour 66 millions de personnes et pour une durée indéterminée. Le confinement généralisé, et qui va visiblement être long, est le résultat du manque de tout : la perte de 200 000 lits d’hôpital en 5 ans, l’absence de tests pour toute la population, le manque de gel, de masques, le manque de personnels déjà énorme avant la crise. Mais notre isolement, ce confinement rendu inévitable pour mater l’épidémie par « ces connards qui nous gouvernent » (Frédéric Lordon) va aussi être utilisé par ceux-là pour nous préparer à accepter notre surexploitation à venir, puisque bien sûr « il faudra bien relever l’ économie ».

L’assignation à résidence généralisée

Concrètement, les dispositions générées par l’état d’urgence adopté en novembre 2015 pour ce qui concerne l’assignation à résidence ­ ­- et qui pour certaines personnes n’ont pas cessé de s’appliquer depuis, il faut s’en souvenir -, sont généralisées aujourd’hui à toute la population. Une seule règle : plus personne ne bouge de chez soi. Même tous ceux et celles enfermés dans les CRA ou les prisons, et même, comble de l’absurde et de l’inhumanité de ce gouvernement, ceux et celles qui vivent encore et toujours à la rue. Pour tous les autres, l’obligation de remplir une attestation de dérogation autorisée se double de sanctions disproportionnées. Sans laissez-passer convenable, c’est d’abord 135 euros l’amende, si récidive, 1 500 euros, ensuite cela peut aller à 10 000 euros et 4 mois de prison fermes. Le directeur général de la sécurité civile a fait savoir que les 100 000 policiers et militaires déployés sur le territoire avaient déjà bien travaillé : 1 million 800 000 contrôles et 91 824 amendes pour non-respect des restrictions. Il ne parle pas du nombre de GAV, ni des infractions annexes qui ne vont pas manquer de se multiplier : rébellion, soupçons d’intention de prendre la fuite… et qui se termineront elles aussi par des sanctions.

Évidemment, la peur généralisée favorise l’adhésion à « l’union sacrée » que réclame tous les deux jours le président de la République ou ses ministres. Elle vise, bien entretenue notamment par « le journalisme de préfecture » (Acrimed), à obtenir notre consentement au confinement et incite à la recherche des « déviants »… Ceux et celles qui n’ont rien compris, ou qui le font exprès. Parce que comme l’affirme Jordan Bardella « les banlieues profitent de la situation pour organiser des pillages et des guet-apens contre les forces de l’ordre ». Ou Marine le Pen « la désinvolture de ces territoires est totale par rapport aux lois de la République et à la solidarité nationale ». Ce qui permet à un Éric Ciotti, droit dans ses bottes, de réclamer « le couvre-feu et le déploiement de l’armée dans ces quartiers ». Et demain l’état de siège ? Du coup, les délations sont nombreuses (la police demande même l’arrêt des appels au 17 pour dénoncer des rassemblements de plus de trois personnes en bas des tours !). Se consolide alors la figure bien utile au gouvernement du « bouc émissaire » livré aux racistes ordinaires, le coupable habituel, l’habitant des quartiers populaires. Pourtant c’est souvent lui et « ses sœurs et frères », les tirailleurs d’aujourd’hui, qui accomplissent les tâches sans lesquelles nous serions tous et toutes bien incapables de survivre.

L’EUS, un grand pas de plus vers le droit d’exception généralisé.

Ce gouvernement qui a préféré acheter suffisamment de grenades de type LBD 40 et de gaz lacrymogènes pour les 4 prochaines années et qui est incapable de donner, même plusieurs semaines après le début de l’épidémie en France, des masques de protection aux personnels soignants a cependant les moyens de gérer, quitte à militariser toutes nos vies, le confinement de toute la population. Malgré cela, il a jugé nécessaire de faire adopter 3 lois en urgence le 23 mars 2020. L’une dite loi de finances rectificative, l’autre dite d’urgence ordinaire, l’autre est une loi d’urgence organique. Il est trop tôt pour faire une analyse approfondie de ce trio de lois. Cependant des tendances se dessinent.

Dans les conséquences connues à ce jour : pour deux mois dans un premier temps la fermeture des marchés couverts, la réduction à une heure par jour de sortie et dans un rayon d’un kilomètre, la possibilité de se rendre dans les centres de soins seulement sur convocation ou en cas d’extrême urgence. Quant à l’état d’urgence sanitaire, une vraie création sécuritaire, il donne les pleins pouvoirs à l’exécutif. À toute la chaîne de l’exécutif : du Premier ministre aux préfets. Par décret ministériel ou arrêté préfectoral, la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre, la liberté de se réunir, et cela « jusqu’à nouvel ordre » peuvent être supprimées. Il ne resterait que la liberté d’expression, et encore. Par ailleurs, l’exécutif peut réquisitionner tous les biens et services qui lui semblent utiles au vu de son analyse de la situation, l’indemnisation des réquisitions sera financée par le ministère de la Défense comme en temps de guerre. Même les logements pour les sans-abri ? Ce qui est le plus dangereux c’est que ces dispositions prises aujourd’hui pour deux mois devraient être inscrites dans le Code de santé publique le 1er avril 2021. La volonté gouvernementale, c’est qu’elles deviennent pérennes et pourront être utilisées à n’importe quel moment dès que le pouvoir en aura besoin. Leur peur des contre-pouvoirs, de nos mobilisations qui vont finir par devenir victorieuses les rend inventifs. L’Élysée cherche aujourd’hui à mettre en place « une stratégie numérique des personnes » qui permettrait de suivre les personnes, une sorte de géolocalisation permanente des individus. Macron a décidément décidé de nous faire essayer la dictature !

Pour défendre et /ou reconstruire leurs prérogatives et leurs profits, ils ont aujourd’hui besoin d’avancer vite à coups d’autoritarisme, à coups de violences sociales, policières, militaires. D’où ce nouvel outil de répression. Car Macron et ses sbires n’obtiendront jamais notre consentement, notre résignation devant la casse quasi totale annoncée de tous nos conquis sociaux, congés, repos hebdomadaires, temps de travail, âge des retraites, salaires décents… ou devant l’abandon des plus fragiles d’entre nous.

Nous sommes là et nous continuerons d’être là !

Roseline Vachetta