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NPA : Tiers payant : quand la ministre de la santé mange son chapeau.

Juillet 2017, par infosecusanté

Tiers payant : quand la ministre de la santé mange son chapeau.

Agnès Buzyn, la ministre de la santé n’a pas eu d’état d’âme pour faire passer autoritairement le nombre de vaccinations obligatoires de trois à onze. Elle ne montre pas la même détermination quand il s’agit d’imposer le « tiers payant » aux lobbies réactionnaires de médecins libéraux.

Dans une interview au Quotidien du Médecin, le cinq juillet, elle affirmait : « soyons clairs : mon objectif serait d’éviter l’obligation du tiers payant généralisé. J’ai horreur des obligations ». Elle se déclarait dans l’attente d’une « évaluation » avant de prendre une décision.

Moins d’une semaine plus tard, sur France Inter, le ton a changé : reconnaissant qu’il s’agit d’une question essentielle pour l’accès aux soins la ministre affirme qu’il est « impératif d’aller vers un tiers payant généralisé », déclenchant la colère des syndicats de médecins libéraux.

Pour clore la discussion, Castaner, porte voix de « Jupiter-Macron » affirme deux jours plus tard « oui le tiers payant entrera en vigueur le 1er décembre » admettant « une hésitation que la ministre a corrigée elle-même »(!!)

En mangeant son chapeau, la ministre de la santé fait ( comme, le premier ministre avec les mesures fiscales) les frais des ajustements politiques de Macron au lendemain de la campagne électorale.

Le « Tiers Payant », permet de ne pas avancer les frais de la consultation, quand le malade se rend chez le médecin. La Sécurité sociale et les assurances complémentaires règlent directement les honoraires.

Inscrite dans la « loi Touraine », cette mesure devait être généralisée à tous les patients le 1er décembre 2017, dans une version édulcorée par le Conseil Constitutionnel. Ce dernier en a limité l’application à la à la partie remboursée par la Sécurité sociale, le malade devant continuer à faire l’avance de la part remboursée par les assurances complémentaires.

Malgré ces limites, la mesure constituerait une avancée réelle dans un pays où une personne sur quatre renonce à des soins pour des raisons financières. C’est la raison de la popularité du « Tiers Payant ». Mais il se heurte, à l’hostilité des principaux syndicats de médecins libéraux. Au lieu d’exiger la gestion des remboursements par un guichet unique de la Sécurité sociale, garantie d’un règlement simple et rapide des honoraires, ceux-ci ont fait de la lutte contre cette mesure emblématique de la loi Touraine la cible principale d’un combat réactionnaire contre la gratuité des soins.

Le temps de la campagne présidentielle, Macron a cultivé l’ambigüité à l’aide de formules cherchant à ménager les lobbies libéraux. Parlant de tiers payant « généralisable » et non « généralisé », il laissait entendre une application facultative.

Mais à l’heure de la décision, « Jupiter » a du estimer inutile d’ouvrir un nouveau front social, et a confirmé l’application du Tiers Payant, au moment où il veut imposer les ordonnances et une fiscalité au profit des plus riches.

Il faut, bien sûr s’opposer à toute remise en cause de l’application, même partielle du Tiers Payant, tout en exigeant des garanties de paiement simples et fiables pour les médecins.
Il ne faut pas pour autant être dupes de la perspective dans laquelle s’inscrit Macron : rendre acceptable financièrement, la privatisation du système de santé, au profit du secteur libéral et commercial. Nous y opposons les soins gratuits gérés et remboursés à 100% par la Sécurité sociale.

J.C. Delavigne

Le 15 juillet 2017