Luttes et mobilisations

Nouvelle République du centre : " En grève pour mieux vous soigner "

Décembre 2016, par infosecusanté

" En grève pour mieux vous soigner "

07/12/2016 05:40

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Cent cinquante soignants et administratifs des hôpitaux d’Indre-et-Loire ont manifesté mardi. -

S i on est trop fatigué, on ne pourra plus vous soigner. Plus qu’un avertissement, c’est un appel à l’aide que lancent les personnels du CHU de Tours. 150 d’entre eux étaient dans la rue mardi, pour dire les risques de la politique d’austérité menée dans les hôpitaux publics, à laquelle le CHU de Tours n’échappe pas. Depuis la dernière mobilisation qui avait vu descendre dans la rue des dizaines de milliers de soignants, dont plus de 600 à Tours, « il n’y a rien eu localement, il n’y a rien eu avec notre direction », relate Charly Mongault, militant Sud Santé.
Des pansements ont été posés dans les services alors en grève – des postes temporaires ou des fermetures de lits – mais aucune discussion globale n’a été engagée. « La direction éteint les feux partout où elle peut, nous on fait le contraire, car on se rend compte que les problèmes sont les mêmes partout, et pour que ça bouge, il faut agir tous ensemble », estime l’infirmier en psychiatrie.

Des rangs du cortège sortent les mêmes maux qu’un mois plus tôt : des effectifs pensés au plus juste, l’épuisement des personnels rappelés régulièrement sur leurs jours de repos, le manque de matériel, les tâches qui se multiplient et se complexifient, grignotant le temps dédié aux relations humaines… Tout cela découle de « la politique des GHT [Groupement Hospitalier de Territoire] et des 22.000 suppressions de postes, 60.000 ferme- tures de lits programmées », rappelle Claire Delors, représentante CGT.

Flexibilité

Dans les différents pôles hospitaliers, pour pallier la réduction des effectifs la tendance est à la flexibilité. En gynécologie, la mutualisation des services a pour effet qu’ « une infirmière peut être amenée à intervenir en ambulatoire, en orthogénie et en tours de course (réapprovisionnement en matériel et accompagnement de patients) dans une même journée », illustre un membre de ce pôle, avec pour conséquence un fractionnement des tâches et un moindre suivi des soins.
Côté planning, l’une des principales évolutions attendues dans les semaines à venir est la généralisation des semaines « blanches », c’est-à-dire sans horaires prédéterminés afin de coller au plus près des besoins des services. Comme le rappel sur les jours de repos, « ça a des conséquences sur notre vie personnelle, et si on n’arrive plus à prendre soin de nous, on n’arrivera pas à prendre soin des autres », pointe une infirmière, avec de l’amertume dans la voix.
De nouveaux jours de mobilisation se préparent en janvier. « On demande le minimum », plaide une infirmière. Pour préserver l’essentiel.

Mariella Esvant