Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Ouest-France - Covid-19. Main basse des pays riches sur les vaccins

Janvier 2021, par Info santé sécu social

L’Amérique de Joe Biden va rejoindre le programme Covax, auquel souscrivent les Européens, destiné à répartir équitablement les vaccins contre le Covid-19. Mais malgré la solidarité affichée, le chacun pour soi prévaut.

Bruno RIPOCHE.
Publié le 28/01/2021

Le contexte

Alors que l’approvisionnement en vaccins connaît des ratés et que la propagation d’inquiétants variants (britannique, sud-africain, brésilien) du Sars-Cov-2 met la pression sur leurs dirigeants, les pays occidentaux sont lancés – sans le dire – dans une razzia sur les vaccins disponibles. Les options restent peu nombreuses, AstraZeneca ayant par exemple réduit de 80 % les livraisons prévues pour l’Union européenne d’ici mars.

Aux États-Unis

Une semaine après son entrée à la Maison-Blanche, et alors que les États se plaignent d’approvisionnements ralentis, Joe Biden a relevé ses objectifs : vacciner non plus un million, mais 1,5 million d’Américains par jour. Pour cela, Washington a annoncé commander 200 millions de doses supplémentaires auprès de Pfizer BioNTech et Moderna, déjà agréés, et peut-être d’Astrazeneca dont la formule devrait obtenir l’approbation fédérale en février.

En Europe

En réponse au défaut du Britannique d’AstraZeneca, la Commission de Bruxelles a proposé lundi un mécanisme de transparence sur les exportations ​qui, s’il est avalisé par les vingt-sept États membres, permettra d’interdire l’exportation vers des pays tiers les vaccins produits dans l’UE, dont ceux de Pfizer (en Belgique et en France) et de Moderna (en Suède, Suisse, Espagne, France), seuls déjà validés par l’agence européenne du médicament.

Grands principes et égoïsme

Au nom de la solidarité, les États-Unis de Biden vont rejoindre le programme international Covax, auquel les Européens avaient souscrit dès l’été, qui vise à une juste répartition des vaccins sur la planète. Mais derrière ces grands principes, les Occidentaux, qui ont massivement financé la recherche privée (plus de 10 milliards pour les États-Unis, au moins 2,7 milliards pour l’UE) attendent un retour sur investissement pour leurs citoyens : après tout, les responsables des démocraties sont responsables devant leurs électeurs (qui s’impatientent) et non devant l’opinion mondiale. À ce jeu, ceux qui paient le prix fort sont les premiers servis : Israël, cité en exemple pour avoir déjà vacciné le tiers de sa population, a doublé tout le monde en déboursant 56 dollars par double injection, 40 % de plus qu’Américains et Européens.

Et ailleurs dans le monde ?

Le président sud-africain a accusé mardi les pays riches d’ accaparer » les vaccins au détriment d’autres pays qui en ont le plus besoin ​. L’Economist Intelligence Unit estimait, le même jour, que les pays riches auront vacciné toute leur population en 2021, mais que les habitants des pays les plus pauvres devraient patienter jusqu’en 2024.

Une pénurie relative et temporaire

La rafle des Occidentaux ne laisse pas les nations autres sans solution : Brésil, Turquie, Indonésie (et Hongrie !) accueillent à bras ouverts les vaccins low cost, et pas toujours totalement validés, de la Russie (Spoutnik V) et de la Chine (Sinopharm et Sinovac), ravies de l’aubaine. La pénurie, qui plus est, devrait se résorber à moyen terme, à mesure que de nouveaux vaccins – soixante-trois sont en phases de test – seront disponibles et qu’une part croissante des 7,8 milliards d’humains aura été vaccinée.