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Paris Normandie : Agnès Buzyn, en visite à Bernay, a tenu des propos qui suscitent de vives réactions

Février 2019, par infosecusanté

Agnès Buzyn, en visite à Bernay, a tenu des propos qui suscitent de vives réactions
Santé. À la suite de la visite de la ministre des Solidarités et de la Santé, lundi, les opposants à la fermeture de la maternité de Bernay restent profondément choqués par certains propos...

Philippe SCHAEFFER

Publié le 21/02/2019

Annabelle Vincent, Sara Feraud, Pascale Boucquiaux et Laurence Audoli
Après la visite d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, à l’hôpital de Bernay, lundi, et à deux semaines de la Journée des droits des femmes, Annabelle Vincent, présidente de Liberté, égalité, proximité, ne décolère pas. « La première des violences que l’État fait aux femmes, n’est-elle pas de fermer leur maternité de proximité ? », fustige-t-elle après la décision de fermeture - désormais officialisée depuis mercredi par Christine Gardel, directrice de l’Agence de santé (ARS) de Normandie - lire nos précédentes éditions.

« ARGUMENTS D’INSECURITE INFONDES »
Annabelle Vincent, qui se bat depuis plusieurs mois au nom de nombreux citoyens du territoire pour éviter l’issue fatale de la fermeture de la maternité de Bernay, a du mal à avaler la pilule inscrite sur l’ordonnance du Dr Agnès Buzyn, hématologue de formation. Pour les défenseurs de la maternité, il s’agit « en réalité d’un médecin légiste qui est venu signer l’acte de décès de notre maternité ».
Concernant les motifs invoqués par la ministre, la présidente de l’association oppose que « les arguments d’insécurité à la maternité de Bernay sont infondés, car aucun médecin, gynécologue-obstétricien, anesthésiste ou pédiatre, titulaire ou remplaçant, n’a manqué une garde ou n’a pas été présent au moment nécessaire. Fragilité médicale a-t-on dit ? Deux gynécologues-obstétriciens sont prêts à s’investir au sein de la maternité, qui sont des médecins remplaçants habituels actuels. Le chef de service a informé la direction que ceux-ci souhaitaient pouvoir être recrutés en tant que praticiens à mi-temps, plutôt que de n’honorer que des astreintes de garde... Pas de réponse ! »

« S’EPUISER A FAIRE SES GARDES »
Par ailleurs, Annabelle Vincent estime que, dans ce dossier, on déshabille Pierre pour habiller Paul. « Pourquoi l’ARS a-t-elle récemment osé convoquer notre chef de service pour lui demander de prendre aussi des gardes au CH de Lisieux, hors de notre Groupement hospitalier de territoire [Évreux, Ndlr], qui se trouve en grande difficulté médicale actuellement et ne disposant plus que d’un seul gynécologue-obstétricien sur cinq, alors qu’elle ose maintenant marteler comme argument principal que notre chef de service, seul titulaire à temps plein, va s’épuiser à faire ses gardes à Bernay ? »

« NOTRE SANTE EST MALTRAITEE »
Pour Pascale Boucquiaux, ex-cadre de pôle à l’hôpital de Bernay, qui a assisté à la table ronde, tout est clair : « Notre santé est maltraitée et le terme solidarité ne semble pas avoir, pour madame Buzyn, la même valeur que pour nous, défenseurs de cette maternité et, pour ma part, professionnelle de terrain durant quarante ans. »
Dans une lettre ouverte qu’elle adresse aujourd’hui à la ministre, l’ancienne professionnelle hospitalière enfonce le clou : « Vous vous êtes rendues dans notre centre hospitalier sans un regard sur ses patients et sur le personnel qui, chaque jour, oeuvre à cette solidarité. Nous ne sommes pas dupes quand vous vous entourez de personnalités médicales ou politiques acquises à votre cause avec un argumentaire à charge. »

« PASSEISTES »
Sara Feraud, infirmière à la maternité critique tout aussi sévèrement la méthode employée concernant la date de fermeture : « La moindre des choses aurait été de prévenir le personnel en premier. L’ARS a préféré publier son faire-part de décès de la maternité dans la presse. Honte à eux ! »
Le mot de la fin revient à Laurence Audoli, archiviste au sein de l’association Liberté, égalité, proximité : « Ma dernière est née ici, un endroit qui est voué à disparaître. Je ne peux pas croire que les nouvelles générations de mamans trouvent les centres périnataux de proximité, ‘‘merveilleux’’ pour reprendre les termes de la ministre de la Santé, qui a qualifié ses opposants de ‘‘passéistes’’ lors de sa visite. »