Les mobilisations dans les hôpitaux

Paris Normandie.fr : Un préavis de grève a été déposé dans le service réanimation du CHU de Rouen

Octobre 2020, par infosecusanté

Paris Normandie.fr : Un préavis de grève a été déposé dans le service
réanimation du CHU de Rouen

Un préavis de grève a été déposé en médecine intensive réanimation au CHU de Rouen. La CGT dénonce, pêle-mêle, le manque d’effectifs et la dégradation des conditions de travail face à la deuxième vague de Covid-19.

Patricia BUFFET

Publié le 01/10/2020

« Manque d’effectifs, suppression des congés, suppression des formations, ouverture de lits supplémentaires... » Quand on lui demande pourquoi un préavis de grève a été déposé en « médecine intensive réanimation » (réanimation médicale) à partir de lundi prochain, Évelyne Bourgeois (représentante syndicale CGT) a une liste de motifs qui semble sans fin. « Et il y a des problèmes dans d’autres services, notamment en gériatrie à Saint-Julien, ajoute-t-elle (lire ci-dessous). On a fermé des lits et l’on ne peut plus déplacer les personnes âgées qui passent aux urgences. »
Les embouteillages sont déjà fréquents.

En réanimation médicale, au CHU Charles-Nicolle de Rouen, l’ouverture de deux lits supplémentaires à partir de undi est au cœur du débat. Ce service est « normé », c’est-à-dire qu’il ne peut fonctionner que dans des conditions strictes d’effectifs. Or, dénoncent les personnels, il manque du monde à l’appel. Des recours en série au tribunal administratif de Rouen contre les nouvelles mesures anti-Covid « Si la deuxième vague arrive, on va être submergé » Françoise Hernandez (Sud) est infirmière de nuit en réanimation. « Il y a eu beaucoup d’arrêts de travail (maladie, maternité...) et cela s’ajoute aux problèmes de personnels déjà existants. Là, les patients Covid arrivent, en plus des patients habituels. La charge de travail est grande, et l’on tire sur la corde au niveau des conditions de travail. De plus en plus souvent, les personnels travaillent en douze heures de jour, douze heures de nuit, c’est très long. On se met en danger, et l’on met aussi les patients en danger. Une de mes collègues va travailler sept week-ends d’affilée ! »

La professionnelle de santé estime que sa profession « est assez docile, globalement, mais là, si une deuxième vague arrive, nous serons submergés », avertit-elle.
« Beaucoup d’agents sont écœurés, en raison de la prime Covid de 1 500 € qui a mis le bazar [tous ne l’ont pas touchée, NDLR], confie la Cgtiste Évelyne Bourgeois. Certains parlent de se mettre en arrêt pour ne pas aller en réa. Certains collègues ont peur et veulent se reconvertir. »

Une autre infirmière de jour dans le même service – qui souhaite rester anonyme – raconte que « les personnels soignants, infirmières, aides-soignants, les agents de service hospitaliers, et même les internes, sont sous pression ». Les problèmes se multiplient au quotidien. Par exemple, en raison du Covid-19, le temps de nettoyage des chambres s’est rallongé. « On était déjà en sous-effectif depuis un certain temps. En principe, on doit être une infirmière pour 2,5 lits, mais nos locaux ne sont pas adaptés, alors on a pris la solution d’infirmières avec des missions transversales. Mais il y a beaucoup d’arrêts de travail. Et être infirmière en réanimation est une onction qui ne s’improvise pas. Il faut au moins six semaines de formation. Le problème, c’est qu’avec des formations trop rapides, on effraie les nouveaux infirmiers, et ils partent très vite ! »

L’infirmière espère beaucoup de la réunion avec la direction programmée vendredi. Contactée, cette dernière n’a pas souhaité commenter le préavis. Si la grève devait avoir lieu, le fonctionnement du service n’en serait probablement pas impacté, les personnels étant assignés.

L’épidémie en chiffres

Selon le point bi-hebdomadaire de l’agence régionale de santé, le 29 septembre 2020, le taux d’incidence (nombre de tests positifs pour 100 000 habitants) dépassait largement la valeur de 50, considérée comme le seuil d’alerte. Il est désormais de 78,4. Les grandes agglomérations concentrent la majeure partie des cas et dépassent pour les plus importantes l’incidence de 100. Le taux de positivité des tests effectués atteint 7,42%. Il est dans le seuil de vigilance, fixé entre 5 et 10%.
Le nombre de personnes hospitalisées augmente en continu. Au 29 septembre, 252 personnes étaient hospitalisées en Normandie, dont 40 en réanimation.

À Saint-Julien, la gériatrie ne ferme pas