Psychiatrie, psychanalyse, santé mentale

Paris Normandie : l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet du Havre, la situation post-Covid est-elle pire qu’avant ?

Septembre 2020, par infosecusanté

Paris Normandie : l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet du Havre, la
situation post-Covid est-elle pire qu’avant ?

Le 30/09/2020

Santé. Les représentants syndicaux Sud Santé tirent encore une fois la
sonnette d’alarme sur les manques de moyens au sein de l’hôpital
psychiatrique Pierre-Janet. Ils s’insurgent. La direction répond.

Virginie Veiss

Publié le 30/09/2020

Des patients de jour de l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet du Havre qui ne mangent ni le soir ni du vendredi au lundi midi : pour les représentants syndicaux Sud Santé, c’en est trop ! Au sein de ce pôle psychiatrie, les problèmes ne sont pas nouveaux et sont même récurrents. Au manque de moyens, de personnels, de médecins, aux problèmes liés à la surcharge des chambres, est venue s’ajouter, avec la crise de la Covid-19, la fermeture du self.

« Incapables de se préparer à manger »
Environ 450 patients sont pris en charge par l’hôpital, dont 230 in situ. Plus de 200 personnes sont donc en soin ambulatoire. Ils vivent à l’extérieur de l’établissement, mais viennent chaque jour prendre leur repas et bénéficier de soins. « Le self a fermé pendant le confinement. Il a rouvert lentement ses portes, mais uniquement le midi. Certains patients se débrouillent, mais d’autres sont incapables de se préparer à manger », explique Mathias Monnier, représentant syndical. « Sous couvert de la crise sanitaire, ces patients sont les grands oubliés. On ne parle pas que
de repas, mais de rupture du lien social. Ce sont des personnes qui ont des pathologies mentales et sont déjà isolées.

En venant au self, ils retissent des relations », complète Frédéric Letouze, son homologue. Déjà plus de 1 000 pétitionnaires contre les licenciements chez Dresser au Havre Les infirmiers à la vaisselle Outre le problème de précarité lié à l’absence de repas, Sud Santé dénonce la surcharge de travail pour les équipes.
« Les repas ne sont plus gérés par le self le soir pour les patients internés. Ce sont les équipes soignantes qui préparent les plateaux. Comme les lave-vaisselle tombent en panne, ce sont les infirmiers et infirmières qui font la vaisselle. Au détriment du temps passé auprès des patients », surenchérit Mathias Monnier, également représentant syndical.

Contactée, la direction de l’hôpital a affirmé qu’« une nouvelle organisation débutera lundi 5 octobre 2020. Avec la crise sanitaire, le repas est un moment sensible et il a fallu adapter l’organisation du self avant de le rouvrir dans de bonnes conditions sanitaires ».

« L’arbre qui cache la forêt »
En 2018, une action menée par des soignants avait abouti à la création de postes. « Une petite bouffée d’air » vite annihilée. « Une grande partie des postes créés de haute lutte à l’été 2018 a déjà disparu des services pour “glisser” sur d’autres missions », explique Yann Adreit, représentant syndical Sud Santé. « La fermeture du self est l’arbre qui cache la forêt. Un médecin a démissionné en août. Ceci n’a pas créé d’électrochoc au sein de la direction », poursuit-il.

À ces propos, l’hôpital répond que « les recrutements ont certes été freinés par la crise sanitaire, mais ils ont repris avec l’arrivée en novembre 2020 de quatre médecins en pédopsychiatrie, une augmentation de temps médical et deux
recrutements en cours de médecins en psychiatrie adultes. Par ailleurs, un chef de service est en cours de nomination au secteur est (secteur adultes). Il mettra en œuvre la nouvelle organisation du projet médical ». Enfin, la direction met en avant qu’« une nouvelle équipe vient d’être créer en psychiatrie, l’EMIC (Équipe mobile
d’intervention de crise). Cette équipe travaille en amont pour éviter certaines hospitalisations. Sa mission est de gérer sur régulation téléphonique des appels de patients adultes non connus ou perdus de vue, et de donner à ces derniers un accès rapide aux consultations et d’éviter ainsi une future prise en charge en urgence. Elle peut aussi intervenir au domicile de ces patients », conclut-elle.

Virginie Veiss
Journaliste, agence locale du Havre