Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Pourquoi docteur - Comment le confinement a accentué les écarts sociaux

Octobre 2020, par Info santé sécu social

Par Jean-Guillaume Bayard

Les mesures de confinement et l’adoption de mesures barrières ont été plus bénéfiques, en termes d’évolution de la fréquence des symptômes évocateurs de la maladie, aux classes sociales aisées qu’aux classes populaires.

Les personnes habitant un logement exigu ou surpeuplé sont 2,5 fois plus nombreuses à avoir été positives au Covid-19.

28% des femmes et 29% des hommes interrogés ont jugé que leur situation financière s’est dégradée.

Les 30-50 ans constituent la classe d’âge la plus infectée avec 6,9% de positifs.
Deux grandes enquêtes de santé publique, lancées par l’Inserm début avril, viennent de rendre leurs premiers résultats. L’objectif est “d’étudier les effets des conditions de vie sur l’exposition au virus et, réciproquement, ceux de l’épidémie sur les conditions de vie” pendant la période de confinement, écrit l’Inserm dans un communiqué publié le 9 octobre présentant les résultats. La première enquête SAPRIS a été réalisée auprès de 130 000 volontaires contrez 135 000 pour EpiCoV, la seconde étude.

Petits logements, grandes villes : les plus touchés par le confinement
Les premières données récoltées révèlent que les mesures prises pour lutter contre l’épidémie, notamment le confinement et la distanciation sociale, a contribué à creuser encore un peu plus l’écart social entre les plus aisées et moins aisées. Les données de l’enquête EpiCov ont montré que “les personnes habitant un logement exigu ou surpeuplé (moins de 18 m2 par personne pour celles qui partagent un logement) sont 2,5 fois plus nombreuses à avoir été positives au Covid-19”, révèle le communiqué. De plus, les habitants des communes les plus densément peuplées, avec au moins 1 500 habitants par km2 pour un minimum de 50 000 habitants, sont deux fois plus nombreux à avoir été infecté. Le cumul de ces deux facteurs s’accentue principalement les 25-34 ans sans diplôme, au plus bas de l’échelle des revenus “et parmi les personnes immigrées d’origine non européenne, reflétant des phénomènes de ségrégation socio-spatiale.”

Le chômage partiel a lui aussi contribué à creuser les écarts sociaux. “Les mesures de chômage partiel ou de chômage technique ont concerné davantage les jeunes, et les milieux populaires, dont le rapport à l’emploi était déjà fragile avant la crise sanitaire, note l’Inserm. Ainsi, les ouvriers, les immigrés de première génération, et les personnes les moins aisées financièrement ont été beaucoup plus souvent concernées par ces mesures que les autres catégories sociales. La distribution sociale de ces mesures révèle la réalité des inégalités sociales préexistantes.”

Les 30-50 ans, catégorie d’âge la plus touchée
La situation financière pendant la période de confinement s’est dégradée pour une personne sur quatre. Ce sont 28% des femmes et 29% des hommes interrogés qui ont jugé que leur situation financière s’est dégradée. Là encore, les plus concernés sont les plus précaires. “Les catégories sociales les plus touchées sont les professions les plus vulnérables à la crise : agriculteurs, indépendants et entrepreneurs, ouvriers, personnes sans emploi, mais aussi plus largement, personnes à faible revenu et personnes immigrées de première et seconde génération”, ajoute l’Inserm. Les cadres ont été les moins touchés par le travail continu à l’extérieur puisque 15% ont été concernés, “soit deux fois moins que la moyenne générale.”

Enfin, l’enquête EpiCoV a révélé les régions de France les plus touchés par l’épidémie. Elle estime qu’entre mai et début juin, 4,5% de la population a été en contact avec le virus. En tête, on trouve l’Île-de-France (9,2%) et le Grand Est (6,7%). Tout en bas, c’est la région Bourgogne-Franche-Comté (1,5 %) qui affiche le taux de séroprévalence le plus faible, suivie de la région Centre-Val de Loire et de la Normandie (1,9 %). Enfin, les deux études révèlent que les 30-50 ans constituent la classe d’âge la plus infectée avec 6,9% de positifs. “Ces deux études montrent par ailleurs une décroissance régulière de la positivité après 50 ans, ce qui n’empêche pas que, parmi les personnes souffrant du Covid, la mortalité soit plus élevée chez les plus de 70 ans.”