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RTL - Réforme des APL : une mesure "compliquée à faire passer"

Décembre 2019, par Info santé sécu social

La réforme des APL est repoussée au 1er avril par le gouvernement. Cette mesure devrait faire sortir 600.000 bénéficiaires de ce système d’aide.

Edité par Noé Blouin
Publié le 27/12/2019

Encore raté ! Le gouvernement doit repousser pour la 4ème fois la mise en place des APL en temps réel. La mesure devait entrer en vigueur en janvier 2020. La semaine dernière, des tests ont été effectués et lesrésultats n’étaient pas fiables à 100%. C’est une mesure qui concerne 6 millions et demi de personnes, 1 Français sur 10.

Et vous n’avez pas droit à l’erreur, car le principe de cette "con-tem-po-ré-a-ni-sation", c’est de calculer vos APL en direct. Vous touchez par rapport à votre situation actuelle et non plus par rapport à votre situation d’il y a 2 ans comme c’est le cas pour l’instant.

Ce nouveau mode de calcul devrait faire sortir environ 600.000 familles du dispositif des APL et devrait représenter 1.000 euros de moins par an pour 1,2 millions de ménages. Ce n’est pas rien. Mais, c’est parce que la situation de ces familles est meilleure aujourd’hui qu’elle ne l’était, il y a 2 ans. Et c’est vrai qu’on a moins de chômeurs aujourd’hui qu’en 2017, les salaires sont aussi orientés à la hausse, et tant mieux. Autant d’éléments qui font qu’il y aura plus de monde qui verra ses APL baisser que de Français qui seront gagnants.

Une mesure à double tranchant
C’est aussi une mesure d’économie pour le gouvernement, qui devrait récupérer 100 millions par mois. Mais là attention car c’est aussi une arme à double tranchant au niveau budgétaire. D’abord, ce 4ème report empêche de faire ces économies. En avril, date à laquelle le nouveau système devrait être finalement mis en place, on en sera à 1 milliard et demi d’économies non réalisées.
Et puis, la mesure est avantageuse aujourd’hui avec une conjoncture qui s’améliore mais elle sera très coûteuse si jamais l’économie rechute comme en 2008 car l’enveloppe des APL augmenterait en direct et non plus 2 ans après la crise.

De toute façon, pour l’instant, c’est surtout une machine à perdre pour les équipes Macron. D’ailleurs, à Amiens, en novembre dernier, devant des étudiants qui tiennent à leurs APL, le président avait reconnu que ce dossier était piégé depuis le début de son mandat. Il faisait référence à la baisse générale de 5 euros de l’été 2017, tout juste arrivé à l’Élysée.

Un timing délicat
Cette fois, les APL en temps réel, est une mesure assumée par le gouvernement d’Édouard Philippe. Même si elle est compliquée politiquement à faire passer en ce moment. Pas évident, en effet, d’appliquer cette réforme, où vous avez plus de perdants que de gagnants, alors qu’on est en pleine crise sociale et qu’il y a des élections municipales en ligne de mire.

Car ce n’est pas parce qu’une personne au chômage retrouve un petit boulot et perd ses APL qu’elle est, pour autant, dans une situation financière facile et qu’elle peut se passer de cette aide. La colère des Français qui galèrent pourrait réveiller les "Gilets Jaunes".

Même si le raisonnement sur les APL est juste. Ce sont des "gilets de sauvetage sociaux". La France reste très généreuse dans la redistribution de ses mécanismes sociaux, et si on veut que ces aides aillent aux personnes qui en ont vraiment besoin, il faut qu’elles soient le plus appropriées possible.

Mais il y a des messages qui sont difficiles à entendre. Surtout en ce moment. Alors attention quand même si on commence à jouer avec le calendrier du côté du gouvernement, car il n’y a jamais de bon moment politique pour les mauvaises nouvelles. Le 1er avril, vous aurez aussi le durcissement des conditions d’accès à l’assurance-chômage avec un nouveau calcul de l’indemnisation pour les demandeurs d’emploi. Il ne faudrait pas qu’il y ait un cortège de perdants avec, pourquoi pas, certains qui perdraient sur les deux tableaux.