Les retraites

Liberation.fr : Réforme des retraites : les syndicats face à un Dussopt droit dans ses bottes

Septembre 2022, par infosecusanté

Liberation.fr : Réforme des retraites : les syndicats face à un Dussopt droit dans ses bottes

Les centrales syndicales menacent de rompre les discussions avec le ministre du Travail, qui n’a pas dissipé, lors d’une entrevue, lundi, la menace d’un passage en force de la réforme décriée.

publié le 19 septembre 2022

Une réunion pour rien ? Reçus ce lundi au ministère du Travail, les négociateurs syndicaux auraient pu écrire à l’avance leurs remontrances adressées au gouvernement. Car leurs craintes n’ont pas été dissipées lors de leur discussion avec Olivier Dussopt au sujet du dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) publié la semaine dernière. En particulier sur l’hypothèse d’un passage en force de la réforme des retraites, voulue par Emmanuel Macron depuis 2017, via un amendement glissé dans le budget de la sécurité sociale.

Après la mise en garde ce week-end du patron du Modem, François Bayrou, les syndicats faisaient grise mine à la sortie de la réunion. « On a senti qu’Olivier Dussopt rôdait les éléments de langage pour passer une mesure rapidement », a noté le numéro 1 de la FSU, Benoît Teste. Le président de la CFTC, Cyril Chabanier, regrette de son côté que « cette piste, y compris avec passage par le 49-3, n’a pas été écartée ». Selon lui, un tel « passage en force » mettrait « fin aux concertations » et déboucherait « sur un conflit qui irait sûrement dans la rue ».

« S’ils s’entêtent, il y aura des réactions extrêmement fortes », a tonné le secrétaire général adjoint de l’Unsa, Dominique Corona, exigeant que le gouvernement « entende cet avertissement fort, clair et précis ». Plus « précise » encore, Catherine Perret, de la CGT, a prédit une « confrontation sociale », rejointe par Michel Beaugas, de FO, qui « appellera à la manifestation et certainement à la grève ».

La journée de mobilisation interprofessionnelle du 29 septembre sur les salaires devrait marquer une première convergence intersyndicale, au moins sur le refus d’une réforme à marche forcée.

« Il n’y a pas le feu dans le système de retraites »
La méthode n’est pas l’unique point de crispation pour les syndicats, sceptiques quant à l’interprétation du gouvernement sur le rapport du COR, rendu la semaine dernière. Quand bien même le régime a renoué avec les excédents en 2021 (900 millions d’euros) et cette année (3,2 milliards attendus) – une surprise expliquée par le rebond de croissance –, les comptes repasseraient dans le rouge à compter de 2023, pour une bonne dizaine d’années dans le meilleur des scénarios, selon ce rapport.

« Le ministre nous dit que les déficits à venir vont être terrifiants, et que le seul moyen de les affronter, c’est de demander aux salariés de travailler plus longtemps », a regretté le chef de la CFE-CGC, François Hommeril. Une rhétorique de la nécessité qui écarte d’autres options (telle que l’augmentation des cotisations) et qui à de quoi horripiler. Le négociateur attitré de la CFDT, Yvan Ricordeau, a, pour sa part, accusé le ministre du Travail de « noircir la perspective financière pour légitimer une mesure qui interviendrait rapidement ». Pourtant, assure-t-il, « il n’y a pas le feu dans le système de retraite, donc ne mettons pas le feu dans le pays sur cette question ».

Au lendemain de cette rencontre, Olivier Dussopt ne semble toujours pas disposé à transiger, comme il l’a prouvé ce mardi matin au micro de RTL. Ni sur le fond, rappelant qu’il faudrait « plus de travail, à l’échelle de la société [et] à l’échelle d’une vie », ni sur la forme, le ministre du Travail affirmant que « si nous sommes bloqués, si nous sommes dans une impasse, s’il n’y a aucune volonté d’accompagnement, nous disposons d’outils dans la Constitution ». Une allusion à peine masquée au 49.3. Rassurer sur ses intentions, sans rengainer l’épée de Damoclès.