Les tracts du NPA

NPA - Sur le dos de la crise sanitaire, une régression sans précédent pour le social et le médico-social

Juillet 2020, par Info santé sécu social

Publié dans le bulletin du secteur social du NPA

Après deux mois de confinement ayant exacerbé les inégalités et l’ensemble des problématiques sociales, le déconfinement guidé par des impératifs économiques a relégué les questions de santé publique au second plan. Dans des conditions particulièrement imprudentes, l’activité s’est redéployée dans le social comme dans d’autres secteurs, mettant en danger les professionnel·les et les personnes accompagnées. Véritable coup de poker du gouvernement qui se gargarise a posteriori de ses choix, un ralentissement de la propagation du virus, du nombre de décès et d’hospitalisations est observé. Nous ne pouvons qu’en être soulagé·es, bien que la perspective d’une 2nde vague ultérieure ne soit pas écartée. Nous assistons désormais à une accélération du déconfinement en tous domaines : relancer la production et la consommation à tout prix, dégager à nouveau les profits dont les capitalistes ont été privés dans la période, et surtout, ne pas subir le coût de cette crise qu’ils entendent une fois de plus faire payer à notre camp social. Notre secteur ne sera pas épargné, pas plus qu’il ne l’a été contre l’offensive patronale au cours du confinement.

Des mesures d’exception destructrices de nos droits et des conditions d’accueil

Vol du temps de travail, congés imposés, contrôle et quantification de l’activité en télétravail, tentatives de mise en place du chômage partiel, recours au bénévolat via la « réserve sociale »... L’ordonnance du 25/03/20 prise dans le cadre de la loi d’état d’urgence sanitaire permet même de déroger aux règles de fonctionnement des établissements sociaux et médico-sociaux en matière de niveau de qualification exigée, de taux d’encadrement et de taux d’occupation. En somme, pouvoir accueillir plus, avec moins de personnel moins qualifié, à moyens constants : tout ce dont les patrons du social rêvaient. Cela, en comptant sur l’affaiblissement des capacités de résistance et de riposte des salarié·es isolé·es sur leur structure ou en télétravail, soumis·es à bien des pressions pour répondre à leurs missions dans des conditions parfois choquantes, préoccupé·es par les besoins des personnes accompagnées auxquels il était alors impossible de répondre, inquiet·es face à l’absence de matériel de protection les exposant au virus tout comme le public accueilli et leurs proches.

Des conditions de reprise critiques face à des employeurs décomplexés

Le « retour à la normale » se fait dans la désorganisation la plus totale, les collègues de tous les champs du secteur en témoignent :incertitude généralisée, absence de protocoles sanitaires clairs et de matériel. Certain·es devant même rendre des comptes a posteriori et justifier de leur travail alors même que les moyens mis à disposition ne pouvaient permettre de répondre aux objectifs attendus.
En face, l’offensive des syndicats employeurs s’intensifie : accélération du virage numérique (dont le plus grand travers sera de nous éloigner du public, comme on l’observe déjà en « e-santé »), marchandisation du secteur avec apparition de nouveaux outils pour « interroger les volets de la gestion d’entreprise » et « mesurer la plus-value sociale », poursuite des négociations visant à démanteler la convention collective 66, etc.

Face à des « mesures d’exception » qui risquent de demeurer, seule la mobilisation paiera !

On le sait : l’exceptionnel, quand il permet de réduire les coûts et de restreindre nos libertés, tend à demeurer. Nexem soutient déjà la pérennisation du télétravail et le maintien de la « réserve sociale ». Comme nos collègues hospitalier·es, n’attendons rien de pseudo-négociations avec le gouvernement, dont le « Ségur » révèle déjà sa perfidie. Organisons-nous et mobilisons-nous ! Les luttes actuelles des collègues de l’APAJH94 pour le maintien de leur acquis, de l’APSA (86) pour l’obtention de masques non périmés et contre la politique répressive de leur direction, ou encore de l’EPDSAE (59) pour le versement de leur prime et une revalorisation salariale, sont autant d’exemples qui nous le prouvent encore : notre meilleure arme, c’est la grève !

Eliah R.