L’hôpital

USAP - CGT : Nous sommes tous Aurélie

Février 2023, par Info santé sécu social

Aurélie est infirmière dans le service d’hématologie de l’hôpital Saint-Antoine. Ce service comme tant d’autres travaille à flux tendu avec régulièrement des sous-effectifs et une suroccupation des lits. En décembre, un problème banal s’est transformé en crise dans le service du fait d’un problème de changement de chambre d’un patient.

Un médecin, à la demande pressante d’une famille, souhaite qu’un malade soit transféré car, souffrant de troubles de l’équilibre, il risque de chuter dans la salle de bains équipée d’une douche avec une marche. En effet, du fait de l’absence de travaux, malgré des demandes répétées, seules deux chambres de cette unité disposent de salles de bain aux normes. En réponse à l’injonction de la cadre de soins d’effectuer le transfert, Au6rélie explique que cela va être difficile car les effectifs sont réduits et que l’entrée d’un patient sortant de réanimation est attendue. La situation se tend, car la cadre a indiqué une chambre qui est inadaptée. Dans un deuxième temps, elle désigne une autre chambre mais le patient qui l’occupe ne souhaite pas être déplacé. Malgré cette agitation, Aurélie poursuit ses soins, notamment la mise en place d’une transfusion et elle doit aller chercher à la pharmacie un médicament nécessaire pour un autre patient car il n’y a plus de coursier sur cette plage horaire. Cette situation est la preuve que l’hôpital ne souhaite pas embaucher des agents hospitaliers, profession pour laquelle il n’y a pas de problème de pénurie, ce qui aggrave la charge de travail des infirmières en nombre insuffisant pour des tâches qui pourraient facilement être effectuées par d’autres professionnels. Pendant ce temps, la cadre réquisitionne une aide-soignante dans une autre unité pour effectuer le transfert. En résumé, il s’agit d’une situation malheureusement habituelle au sein de l’hôpital, fonctionnant à flux tendu, manquant de lits, avec des locaux inadaptés faute de mise aux normes. Qu’elle n’a pas été la surprise d’Aurélie de recevoir plusieurs semaines plus tard une convocation pour un entretien disciplinaire au motif de la mise en danger du patient et d’insubordination. Une explication est peut-être qu’Aurélie est une des responsables du syndicat CGT de l’hôpital et a été élue quelques jours après l’incident déléguée au CSE central de l’AP-HP. Cet événement dévoile des techniques de « management » autoritaire sans aucune empathie pour des personnels en difficulté du fait de conditions de travail difficiles, en lien notamment avec les sous-effectifs. Il signe aussi une volonté de bâillonner les représentants syndicaux. Face à cette agression, la réponse a été massive avec plus de mille soutiens sur la pétition lancée dans l’établissement et un rassemblement de 150 personnes au moment de son entretien, exigeant la levée immédiate de la procédure. Nous attendons la réponse, mais la direction de l’hôpital doit savoir que la solidarité avec Aurélie est sans faille, bien au-delà des syndiqués.

Dr Christophe Prudhomme