Environnement et facteurs dégradant la santé

Viva - Le chômage nuit à la santé (Rapport sur le chômage et ses impacts)

Septembre 2018, par Info santé sécu social

Etre au chômage favoriserait certaines pathologies comme les maladies cardio-vasculaires, les troubles du sommeil, les addictions, d’après le dernier rapport de l’association Solidarités nouvelles face au chômage.

Le chômage favorise les maladies cardio-vasculaires, les troubles du sommeil, les addictions et serait responsable de 10 000 à 14 000 décès par an, d’après le dernier rapport de l’association Solidarités nouvelles face au chômage.

La santé des chômeurs, peu prise en compte
On s’en doutait un peu : être au chômage altère le moral et est, en plus, mauvais aussi pour la santé physique. L’étude de Solidarités nouvelles face au chaômage le dénonce : « Les personnes au chômage se ressentent en plus mauvaise santé que les personnes en emploi ». Pour 34 % des personnes interrogées, leur santé s’est « dégradée » pendant la période de recherche d’emploi qu’ils ont connue. Parmi les dégradations ou problèmes de santé rencontrés, le « stress » et la « dépression » sont les plus cités par les répondants (respectivement 14 % et 12 % des réponses spontanément citées), suivis par les « maladies chroniques accentuées » (asthme, hypertension, diabète, cholestérol, eczéma, psoriasis) qui représentent 11 % des réponses citées.

Globalement, c’est plus chez les hommes que chez les femmes que l’expérience du chômage impacte la santé mentale. Le chômage fragilise les individus et il est peu étudié en France donc peu pris en compte. Les constats présentés par l’association sont sans appel et révèlent une sous-estimation collective du problème. Pourtant, la santé des chômeurs est un sujet préoccupant de santé publique.

« Le moment où l’on perd son emploi, c’est-à-dire un licenciement, un plan social ou un dépôt de bilan pour les artisans ou les commerçants, les agriculteurs qui ferment leur exploitation, est un moment authentiquement traumatique et donc, comme les gens qui sont agressés ou blessés, les chômeurs sont exposés au stress post-traumatique. La différence, c’est que pour les autres, on fait quelque chose et que pour les 6 millions de chômeurs, on ne fait rien ! » dénonce le Pr Michel Debout, psychiatre et membre de Solidarités nouvelles, dans l’émission le Magazine de la santé sur France 5.

Surmortalité chez les chômeurs
D’après l’enquête, la surmortalité paraît liée à des maladies cardio-vasculaires (infarctus du myocarde, troubles du rythme, insuffisance cardiaque et accidents vasculaires cérébraux), aux comportements addictifs apparus après la perte d’emploi ou à des morts violentes (suicides et peut-être accidents). En France, plusieurs centaines de suicides par an sont en effet imputables au chômage avec un risque relatif de suicide de 2,2 fois plus fort que pour les actifs occupés. Cette tendance s’observe surtout chez les hommes.

D’autre part, être au chômage favorise une augmentation, par rapport aux actifs, de la consommation de tabac, d’alcool et de cannabis et de la fréquence des comportements addictifs surtout si le chômage dure. Et si, l’addiction existait avant, et était maîtrisée, elle peut rebondir.

Renoncement aux soins
40 % des chômeurs ont déjà renoncé à un soin pour des raisons financières contre 25 % des actifs. Cela s’explique en partie par une moins bonne protection complémentaire, même si les chercheurs d’emploi sont davantage bénéficiaires que les autres groupes de la couverture maladie universelle complémentaire (Cmu-c) et les complémentaires souscrites sont moins favorables pour le remboursement des lunettes, des appareils auditifs et des prothèses dentaires. La diminution ou l’incertitude liées aux revenus des chômeurs « créent des parcours heurtés d’affiliation aux complémentaires, voire des ruptures » précise l’enquête.

Marilyn Perioli,